Vendredi Saint

Tropaire, t. 2

Le noble Joseph, lorsque de la croix * il eut descendu ton corps immaculé, * l’enveloppa d’un blanc linceul * et l’embauma de précieux parfums, * et pour sa sépulture il le déposa dans un tombeau tout neuf.

Gloire au Père… Maintenant…

Près du sépulcre un Ange du Seigneur * apparut aux Myrophores et leur dit * Aux morts conviennent la myrrhe et les aromates ; * le corps du Christ est affranchi * de toute corruption.

À VÊPRES

Lecture de l’Évangile selon saint Matthieu

(27, 1-62 ; Luc 23, 39-44 ; Jean 19, 31-37)

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   En ce temps-là, dès le matin, tous les grands prêtres et les anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus, pour le faire mourir. Et, après l’avoir lié, ils l’emmenèrent et le livrèrent à Ponce Pilate, le gouverneur.

  Alors Judas, qui l’avait trahi, voyant que Jésus était condamné, fut pris de remords et rapporta les trente pièces d’argent aux grands prêtres et aux anciens en disant : J’ai péché en livrant le sang innocent ! Ils répondirent : Que nous importe ? Cela te regarde ! Alors il jeta les pièces dans le sanctuaire et alla se pendre. Cependant les grands prêtres ramassèrent l’argent et se dirent : Il n’est pas permis de le verser au trésor sacré, puisque c’est le prix du sang ! Après avoir délibéré, ils achetèrent avec cet argent le champ du Potier pour la sépulture des étrangers. C’est pourquoi ce champ s’appelle encore aujourd’hui le Champ du Sang. Alors fut accompli l’oracle du prophète Jérémie : « Ils ont pris les trente pièces d’argent, le prix du Précieux qu’ont apprécié les fils d’Israël, et ils les ont données pour le champ du potier, ainsi que me l’a prescrit le Seigneur. »

   Jésus comparut devant le gouverneur, qui l’interrogea en disant : Tu es le roi des Juifs ? Jésus répondit : C’est toi qui le dis ! Mais il ne répondait rien aux accusations des grands prêtres et des anciens. Alors Pilate lui dit : N’entends-tu pas tout ce qu’ils attestent contre toi ? Mais il ne lui répondit sur aucun grief, si bien que le gouverneur était fort étonné.

   À chaque fête de Pâque le gouverneur avait coutume de relâcher un prisonnier, celui que la foule réclamait. On avait alors une prisonnier fameux, nommé Barabbas. Pilate dit au peuple rassemblé : Lequel voulez-vous que je vous relâche, Barabbas ou Jésus qu’on appelle Christ ? Car il savait bien qu’on l’avait livré par jalousie. Or, tandis qu’il siégeait à son tribunal, sa femme lui fit dire : Ne te mêle point de l’affaire de ce juste, car aujourd’hui j’ai été très affectée dans un songe à cause de lui.

   Cependant les grands prêtres et les anciens persuadèrent le peuple de réclamer Barabbas et de perdre Jésus. Reprenant la parole, le gouverneur leur dit : Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche ? Ils répondirent: Barabbas ! Pilate leur dit : Que ferai-je donc de Jésus qu’on appelle Christ ? Ils répondirent tous : Qu’il soit crucifié ! Le gouverneur leur dit : Quel mal a-t-il donc fait ? Mais ils crièrent encore plus fort : Qu’il soit crucifié ! Pilate, voyant qu’il ne gagnait rien, mais que le tumulte allait croissant, prit de l’eau et se lava les mains devant le peuple en disant : Je ne suis pas responsable du sang de ce juste ; cela vous regarde ! Et tout le peuple répondit : Que son sang soit sur nous et sur nos enfants ! Alors il leur relâcha Barabbas ; quant à Jésus, après l’avoir fait flageller, il le livra pour être crucifié.

   Alors les soldats du gouverneur emmenèrent Jésus dans le prétoire et ils ameutèrent sur lui toute la cohorte. L’ayant dévêtu, ils lui mirent une chlamyde écarlate. Ils tressèrent une couronne d’épines, qu’ils posèrent sur sa tête, et lui mirent un roseau dans la main droite ; puis, fléchissant le genou devant lui, ils se moquèrent de lui en disant : Salut, roi des Juifs! Et, crachant sur lui, ils prenaient le roseau et en frappaient sa tête. Après s’être ainsi moqués de lui, ils lui ôtèrent la chlamyde, lui remirent ses vêtements et l’emmenèrent pour le crucifier.

   Comme ils sortaient, ils rencontrèrent un homme de Cyrène, nommé Simon : ils le requirent pour porter la croix.

   Puis, étant arrivés au lieu appelé Golgotha, c’est-à-dire le lieu du Crâne, ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de fiel ; il en goûta et n’en voulut point boire. Quand ils l’eurent crucifié, ils se partagèrent ses vêtements en les tirant au sort, afin que s’accomplît l’oracle du Prophète : « Ils se sont partagé mes vêtements; ma tunique, ils l’ont tirée au sort. » Et, s’étant assis, ils le gardaient. Au-dessus de sa tête, ils mirent un écriteau indiquant le motif de sa condamnation : Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs. Alors furent crucifiés avec lui deux larrons, l’un à sa droite et l’autre à sa gauche.

   L’un des malfaiteurs suspendus à la croix l’insultait en disant : Puisque tu es le Christ, sauve-toi toi-même et nous aussi ! Mais l’autre, le reprenant, lui dit : Tu n’as même pas crainte de Dieu, toi qui subis la même peine ! Pour nous, c’est justice, car nous recevons le salaire de nos crimes ; mais lui, il n’a rien fait de mal. Et il dit à Jésus : Souviens-toi de moi, Seigneur, quand tu entreras dans ton royaume !

Jésus lui répondit : En vérité je te le dis, aujourd’hui même tu seras avec moi dans le Paradis !

   Les passants l’injuriaient en hochant la tête et disant : Toi qui détruis le Temple et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même ; si tu es Fils de Dieu, descends de la croix ! Pareillement les grands prêtres avec les scribes et les anciens se moquaient en disant : Il en a sauvé d’autres et il ne peut se sauver lui-même ! S’il est roi d’Israël, qu’il descende maintenant de la croix et nous croirons en lui ! Il a compté sur Dieu : que Dieu le délivre à présent, s’il l’aime ; car il a dit : Je suis le Fils de Dieu !

   Depuis la sixième heure jusqu’à la neuvième, il y eut des ténèbres sur toute la terre. Vers la neuvième heure, Jésus cria d’une voix forte : Eli, Eli, lama sabacthani ? C’est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? Quelques-uns de ceux qui étaient là dirent en l’entendant : Il appelle Elie ! Et aussitôt l’un d’eux courut prendre une éponge qu’il imbiba de vinaigre et, l’ayant mise au bout d’un roseau, il lui donnait à boire. Mais les autres lui dirent : Attends, que nous voyions si Elie va venir le sauver ! Or Jésus poussa de nouveau un grand cri et rendit l’esprit.

   Et voici que le voile du Temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas, la terre trembla, les rochers se fendirent, les sépulcres s’ouvrirent et plusieurs justes trépassés ressuscitèrent en leur corps ; étant sortis de tombe après la résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la ville sainte et apparurent à plusieurs. Le centurion et ceux qui étaient avec lui pour garder Jésus, devant ce tremblement de terre et tout ce qui se passait, furent saisis d’une grande frayeur et dirent : Vraiment, celui-ci était le Fils de Dieu !

   C’était le jour de la Préparation : pour éviter que les corps ne restent sur la croix durant le sabbat, car ce sabbat était un jour de grande solennité, les Juifs demandèrent à Pilate qu’on leur brisât les jambes et qu’on enlevât les corps. Les soldats vinrent donc et brisèrent les jambes au premier, puis au second de ceux qui avaient été crucifiés avec lui. Arrivés à Jésus et le voyant déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais l’un des soldats lui perça le côté avec sa lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau. Celui qui a vu en témoigne – et son témoignage est digne de foi, et il sait qu’il dit vrai – afin que vous aussi vous croyiez. Car cela est arrivé pour que l’Écriture fût accomplie : « Aucun de ses os ne sera brisé. » Ailleurs, l’Écriture dit encore : « Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé. »

   Il y avait là aussi plusieurs femmes qui regardaient de loin ; elles avaient suivi Jésus depuis la Galilée pour le servir. Parmi elles étaient Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils de Zébédée.

   Le soir venu, il arriva un homme riche d’Arimathie, nommé Joseph, qui était aussi un disciple de Jésus. Il alla trouver Pilate et lui demanda le corps de Jésus. Et Pilate ordonna qu’on le lui remît.

   Joseph prit le corps, l’enveloppa d’un linceul blanc et le déposa dans le tombeau tout neuf qu’il s’était fait tailler dans le roc ; puis il roula une grande pierre à l’entrée du sépulcre et s’en alla.

   Or Marie Madeleine et l’autre Marie étaient là, assises en face du sépulcre.

Florilège liturgique

En ce jour, les enfants d’Israël * clouèrent sur le bois de la croix * celui qui par le bois divisa la mer autrefois, * le Seigneur qui leur fit traverser le désert. * En ce jour, d’une lance ils transpercent le côté * de celui qui pour eux frappa l’ Égypte de plaies ; * celui qui fit pleuvoir la manne, ils l’abreuvent de fiel. Lorsque tu marchais librement vers ta Passion, * à tes disciples, Seigneur, tu disais : * Vous qui n’avez pu veiller une heure avec moi, * comment parlez-vous de mourir pour moi ? * Voyez, Judas le traître ne dort pas, * mais se hâte de me livrer aux impies ! * Levez-vous, et priez pour que nul ne me renie * en me voyant suspendu à la croix. * Longanime Seigneur, gloire à toi.

Celui qui se revêt de la lumière comme d’un manteau * devant ses juges est présenté sans vêtements ; * et des mains qu’il a créées * et il reçoit sur ses joues les soufflets ; * un peuple injuste cloue à la croix * le Dieu de gloire, son Seigneur ; * et le voile du Temple se déchire en deux ; * le soleil se couvre de ténèbres pour ne point voir * l’humiliation du Créateur * devant qui tremble l’univers. Prosternons-nous devant lui.

Pour les bienfaits dont tu les avais comblés, * les enfants d’Israël te condamnent à la croix, * ils t’abreuvent de vinaigre et de fiel, * mais toi, Seigneur, tu pardonnes leur péché, * car ils n’ont pas compris ton abaissement.

En plus de la trahison, * les enfants d’Israël ajoutèrent les moqueries,* les hochements de tête et la dérision, * mais toi, Seigneur, Tu pardonnes leur péché, * car ils ne savent ce qu’ils font.

Ni la terre, en tremblant, * ni les rochers, en se fendant, * ne purent convaincre les Hébreux, * ni le voile du Temple déchiré en deux * ni les morts ressuscités, * car ils n’ont pas compris ton abaissement.

Ô mon peuple, que t’ai-je fait ? dit le Seigneur, * en quoi t’ai-je contristé ? * À tes aveugles j’ai rendu la clarté, * j’ai purifié tes lépreux, * j’ai fait lever le paralytique de son grabat ; * ô mon peuple, que t’ai-je fait * et que me donnes-tu en retour ? * Pour la manne, le fiel * et le vinaigre pour l’eau du rocher, * pour mon amour, tu me cloues à la croix ; jamais plus tu ne seras mon élu, * j’appellerai les nations pour me glorifier * avec le Père et  l’Esprit, * et je leur donnerai la vie éternelle.

En ce jour, le voile du Temple se déchire en deux * pour confondre les impies, * et le soleil cache ses rayons * en voyant le Seigneur sur la croix.

Le chœur des Apôtres crie aux docteurs de la Loi : * Scribes et Pharisiens, * voyez le Temple que vous avez détruit ; * voyez l’Agneau de Dieu que vous avez crucifié, * vous l’avez mis au tombeau, * mais dans sa puissance il est ressuscité ! * C’est lui qui dans la mer Rouge vous a sauvés, * c’est lui qui vous a nourris dans Je désert, * c’est lui qui donne au monde la vie, la lumière et la paix.

Tu nous as rachetés de la malédiction de la Loi * par ton Sang très précieux; * cloué sur la croix et par la lance transpercé, * tu es devenu pour les hommes la source d’immortalité: * ô notre Sauveur, gloire à toi.