Il y a quelques années nous avions organisé des pèlerinages au MONTENEGRO et le Métropolite AMPHILOQUE, qui était venu nous visiter en France, nous accueillit, les bras ouverts, avec plus de cinquante pèlerins, dans les très beaux monastères de moines puis de moniales. La situation, avec des facteurs régionaux néfastes, est devenue très difficile comme le montre le reportage filmé ces jours derniers, sur place. PRIONS pour les vrais orthodoxes qui risquent d’être massacrés par ces fanatiques qui veulent s’emparer de tous les biens de la Sainte Eglise Orthodoxe du Montenegro
Mgr Amphiloque Radovic, ancien enseignant invité à l’Institut Saint-Serge, est décédé à l’âge de 82 ans le 30 octobre 2020. Il a été inhumé le 1er novembre dernier. Enfant spirituel de saint Justin Popovic, il est reconnu comme un grand théologien orthodoxe, notamment par sa thèse de doctorat consacrée à la théologie palamite.
Risto Radovic est né le 7 janvier 1938 au centre du Monténégro dans le village de Baré, près de la commune de Kolasin, non loin du monastère de Morača. Durant ses études au séminaire Saint-Sabbas de Belgrade en 1958, il fait la connaissance du père (futur saint) Justin Popovic qui va le guider spirituellement et le pousser à connaître les Pères de l’Eglise. Il achève sa formation à la Faculté de théologie de Belgrade en 1962. Puis, après un cursus de littérature classique, il poursuit des études de troisième cycle à Berne et à Rome. Puis il se rend à Athènes et y prononce ses vœux monastiques en 1967, choisissant son nom en référence à saint Amphiloque d’Iconium (IVe s.) mais aussi au charismatique père (futur saint) Amphiloque (Makris) de Patmos. Un an plus tard il est ordonné diacre à Argostoli (Céphalonie) par le métropolite Procope dont il soulignait qu’il avait eu un rôle important dans sa vie. Pendant quelques années il sert comme prédicateur dans la métropole de Mésogée en Attique. Il soutient brillamment sa thèse de doctorat à l’université d’Athènes en juin 1973 (parue en traduction française : Le mystère de la sainte Trinité selon saint Grégoire Palamas, éd. du Cerf, 2012). Son œuvre de théologien sera poursuivie toute sa vie durant par de nombreux livres et articles. Après une année « bénie et joyeuse » passée au Mont Athos à prier et à rencontrer les moines et les ascètes, notamment le père (futur saint) Païssios, il accepte de se rendre à Paris pour y enseigner la théologie ascétique à l’Institut Saint-Serge de 1974 à 1976. Puis il est élu à la Faculté de théologie de Belgrade comme maître de conférence à la chaire de pédagogie chrétienne et méthodologie, où il donne aussi un enseignement de l’Ancien Testament, avec un cours d’introduction à la théologie. Il a enseigné également de longues années à la Faculté Saint-Basile-d’Ostrog de l’université de Sarajevo. En 1985 il est élu métropolite du Banat par le saint-synode de l’Eglise de Serbie. Le 30 décembre 1990, un an avant l’explosion de la Yougoslavie, il est élu métropolite du Monténégro et du Littoral, dans son pays d’origine, ruiné spirituellement par des décennies de campagnes d’athéisme idéologique. Siégeant au monastère de Cetinje (en tant qu’archevêque de Cetinje et exarque de Pec), il travaille durant de longues années à baptiser, enseigner, paître son troupeau, mais aussi à reconstruire, remettre en état et redonner vie à de nombreuses églises et monastères. Il déclarait récemment qu’il avait trouvé 10 prêtres à son arrivée et qu’il en avait plus de 300. Il a fondé une maison d’éditions et une station de radio chrétienne. En 1993 il invitait au Monténégro le patriarche œcuménique Bartholomée (son ancien condisciple durant ses études à Rome) et le patriarche de Moscou Alexis II. De l’été 2007 à janvier 2010, il est nommé vicaire du trône patriarcal de Serbie, à la suite de la maladie du patriarche Paul dont il était proche. Il a reçu le doctorat honoris causa de l’Académie théologique de Moscou en 2006, puis celui de l’Institut de théologie de l’Université d’État biélorusse en 2008 et également celui de l’Institut Saint-Serge en 2012. Infecté récemment par l’épidémie du coronavirus, il a été transporté à l’hôpital de Podgorica où il s’est endormi en Christ le 30 octobre 2020, à la suite de complications médicales. Le 1er novembre, il a été enterré selon ses vœux dans l’église de la résurrection du Seigneur à Podgorica en présence d’une foule immense de fidèles. Que sa mémoire soit éternelle !
Témoignage du Père Nicolas Cernokrak :
Je voudrais témoigner de ma rencontre avec le père Amphiloque, ayant, comme beaucoup d’étudiants en théologie dans les années 1970, lu avidement ses articles. Nous le connaissions comme disciple du père Justin Popovic.
Le père Amphiloque est venu à Paris en 1974 après ses études doctorales à la Faculté de théologie d’Athènes sur saint Grégoire Palamas et un séjour d’un an à l’Athos. Prenant la suite de père Athanase Jevtic à l’Institut Saint-Serge, il est devenu professeur de théologie ascétique durant plus d’une année académique. Nous l’avons connu comme un homme rayonnant, conscient de sa vocation monastique, un homme de culture ouvert au dialogue, un théologien d’expérience, un pasteur et père spirituel.
À Paris, pour les étudiants de l’Institut, le Père Amphiloque est devenu un témoin vivant de l’orthodoxie, ouvert au monde occidental et français, véritable inspirateur de réveil spirituel et théologique. Avec beaucoup de facilité, il a établi un contact avec les professeurs de l’Institut, le père Alexis Kniazeff, recteur, le père Nicolas Koulomzine, professeur de Nouveau Testament, le père Boris Bobrinskoy professeur de Théologie dogmatique, le Père André Fyrillas, professeur de Patrologie, Cyrille Eltchaninoff, professeur de philosophie russe et les autres. Il s’intéressa à la pensée de la théologie et de la philosophie russe, aux éditions des œuvres d’Alexandre Soljenitsyne et à d’autres dissidents russe par YMCA-press dirigé par Nikita Struve. Par ses traductions en serbe, il a participé à leur diffusion. Son séjour à Paris jusqu’en 1976 a laissé le vif souvenir d’un homme de paix, d’unité et d’ouverture à la diversité, tout en restant un homme de conviction. Au cours des offices liturgiques pour les étudiants à l’Eglise Saint-Serge, de ses homélies et ses entretiens spirituels, le père Amphiloque suscitait un véritable éveil spirituel. Il partageait avec nous sa recherche théologique marquée par une portée existentielle. Il était nourri des écrits des Pères de l’Eglise, des théologiens modernes, comme Georges Florovsky, Cyprien Kern, Nicolas Afanassieff et Vladimir Lossky, Alexandre Schmemann, Jean Meyendorff et des auteurs d’autres traditions chrétiennes, comme Jean Daniélou, Henri de Lubac, Yves Congar…
Mgr Amphiloque a reçu le doctorat honoris causa de l’Institut Saint-Serge en 2012, son nom reste pour toujours inscrit dans la mémoire de notre École.
Mémoire Eternelle !
Père Guilhèm, à l’époque diacre, qui célèbre ,dans un monastère du Montenegro, la Divine Liturgie pontificale de Mgr Amphiloque