Évêque Orthodoxe Serbe d’Europe Occidentale au Monastère Saint Gény de Lectoure
Nous sommes très honorés et heureux d’accueillir pour sa première visite apostolique dans la Basilique Saint Gény de Lectoure Son Éminence Monseigneur JUSTIN, nommé Evêque d’Europe Occidentale par Sa Sainteté le Patriarche Porphyre de Serbie.
Le Clergé de notre Fraternité Saint Benoît, Doyenné Saint Jean Cassien, rayonne dans le Sud-Ouest de la France, avec les églises Saint Saturnin de Toulouse, Saints Martial et Eutrope de Bordeaux, Archange Michel et Sainte Foi de Nérac, Saint Aventin de Tarbes, Prophète Élie et Saint Denis de Dénat d’Albi, avec 4 Prêtres et 1 diacre pour ces églises paroissiales, et 2 Prêtres-Moines pour Lectoure.
Pendant près de 25 ans Son Excellence Mgr LUKA fut notre Évêque, de sainte mémoire, et consacra nos églises et ordonna tous nos clercs. Mémoire éternelle ! Il collabora avec notre Président, né au ciel, Guy STUPPA de Toulouse, Épitrope de nos Paroisses.
Le Patriarche DIODORE de Jérusalem nous accueillit à plusieurs reprises avec des groupes de nos fidèles, en pèlerinage en Terre Sainte, avec nos Prêtres, et 50, 100 et même un de 150 participants, célébrant les offices dans les églises. Le Patriarche actuel THEOPHILE était proche de notre Communauté alors qu’il était dans un petit monastère près de Nazareth, me recevant en communion spirituelle.
Monseigneur,
Chers confrères,
Bien-aimés frères et sœurs en Christ !
Mais celui qui aura tenu bon jusqu’au bout, celui-là sera sauvé (Mt 10, 22; 24, 13)
Seigneur admirable. Tu as tout enduré, tout jusqu’au bout, aussi es-Tu non seulement bienheureux, mais la source même de la béatitude pour tout homme qui se veut du bien, dans les siècles des siècles !
Les apôtres ont aussi tout enduré jusqu’au bout, aussi sont-ils entrés dans la béatitude éternelle. Les martyrs du Christ ont aussi enduré tous les tourments jusqu’au bout, aussi sont-ils devenus les fils cohéritiers du Royaume du Christ.
Les saints ont aussi enduré le confinement volontaire et les supplices jusqu’au bout, aussi sont-ils glorifiés au ciel comme sur la terre.
Tout fondateur d’une société nouvelle recrute des disciples par la promesse de fruits bons et d’abondants délices, mais néglige d’énumérer les misères et les peines qui mènent vers ces fruits et ces délices. Seul le Seigneur Jésus a dit toute la vérité à Ses disciples, son côté doux comme son côté amer. Il n’a pas promis de fruits sans labeur, ni la gloire sans souffrances, ni le repos ultime sans chemin épineux, ni la victoire sans combat, ni la douceur sans amertume, ni le Royaume sans larmes et privations.
Quand II eut énuméré tous les tourments que Ses disciples allaient connaître, finalement II ne les laissa pas sans consolation. Il donna un sens à leurs souffrances et ne les abandonna pas dans la ténèbre. Il dit : « Mais celui qui aura tenu bon jusqu’au bout, celui-là sera sauvé. » Et quant à savoir quelles sont ces richesses qui attendent ceux qui auront tenu bon jusqu’au bout, Il les a Lui-même suffisamment révélées et de nombreux saints en ont témoigné et en témoignent aujourd’hui encore, soit en se manifestant aux fidèles depuis l’autre monde dans la gloire, soit, tout en étant encore dans leurs corps, en s’élevant par l’esprit jusqu’à contempler la gloire et la béatitude qui attendent les fidèles, les élus et ceux qui auront tenu bon jusqu’au bout.
Seigneur, Tu es notre force. Aide-nous à tenir bon jusqu’au bout avec la ferme assurance que Tu es à nos côtés.
Rien, en effet, n’est voilé qui ne sera révélé, rien de caché qui ne sera connu (Mt 10, 26)
Il est un œil, mes frères, qui ne dort jamais. C’est l’œil de Dieu. II est, mes frères, plus d’yeux au ciel que d’étoiles sur la voûte céleste. Ce sont les yeux des anges. Nul voile, nulle enceinte, ni obscurité ne peuvent cacher à ces yeux un quelconque secret sur la terre. Devant Dieu qui voit tout et devant Ses anges saints, tout est révélé au grand jour. Celui qui croit que les œuvres humaines peuvent être cachées, celui-là devient un criminel. C’est ce que pensaient précisément les dignitaires juifs qui avaient préparé leur crime contre le Christ Seigneur dans le secret, qui L’avaient pourchassé dans le secret, qui L’avaient jugé dans le secret, dans l’obscurité de la nuit, qui s’étaient procuré de faux témoins contre de l’argent, comme ce fut le cas de Judas, et qui L’avaient condamné dans le secret. Qu’en est-il aujourd’hui de leurs secrets ? Tout est de notoriété publique. Il est plus facile pour l’homme de se cacher de l’air que de la vue de Dieu. Tous les secrets du genre humain, bons ou mauvais, sont révélés devant Dieu ; et innombrables sont ces secrets que Dieu révèle selon Son dessein au monde entier même. Ceux qui peuvent comprendre cette vérité que Dieu voit tout et sait tout se gardent bien des pensées mauvaises même dans le secret de leur cœur, et combien plus des œuvres mauvaises. Chaque fois que le cœur te pousse à commettre le mal, ô homme, souviens-toi de ces paroles, qui ne sont pas de l’homme mais de Dieu : « Rien, en effet, n’est voilé qui ne sera révélé, rien n’est caché qui ne sera connu. » Quant à toi qui accomplis le bien dans le secret, ne faiblis pas : chaque bien que tu accomplis est inscrit dans les Cieux et sera révélé en temps voulu.
Seigneur, Toi qui vois tout, aide-nous et sauve-nous.
Dorénavant vous verrez le Fils de l’homme siégeant à droite de la Puissance et venant sur les nuées du ciel (Mt26, 64)
Celui qui ne veut pas voir Dieu comme bon Samaritain sur la terre Le verra comme Redoutable Juge au ciel. Les dignitaires juifs étaient tellement aveuglés que non seulement ils n’avaient pas pu voir dans le Christ Seigneur ni Dieu, ni le Messie, ni le Prophète, mais ils n’avaient pas pu voir non plus en Lui l’homme bon et ordinaire. Et ils Lui avaient même assigné un rang inférieur aux hommes bons et ordinaires. Un rang inférieur aux brigands mêmes. Ils avaient libéré Barabbas et condamné le Christ ! Ils L’avaient bafoué, tourné en ridicule comme une chose inutile et sans valeur. Or, au moment même où les Juifs jouaient malicieusement avec le Christ comme avec une chose inutile et sans valeur, le Seigneur silencieux ouvrit soudain. Sa bouche et dit : « Dorénavant vous verrez le Fils de l’homme siégeant à droite de la Puissance et venant sur les nuées du ciel! » Quelle distance entre ce que le Christ est en vérité et ce que les Juifs pensaient qu’Il était !
Le Fils de l’homme qui siège à droite de la Puissance, c’est le Fils de Dieu, notre Seigneur Jésus-Christ, comme L’avait vu, peu de temps après, l’archidiacre Étienne et bien d’autres, beaucoup d’autres encore. Le Fils de l’homme qui vient sur les nuées d’anges et maintes puissances et armées célestes, c’est de nouveau le même Fils de Dieu notre Seigneur Jésus-Christ, comme L’avait vu et décrit saint Jean le Théologien et l’Évangéliste dans son Apocalypse.
Ô mes frères, ne vous laissez pas séduire par les fables trompeuses de ces hommes qui disent : « Lorsque nous verrons le Christ dans le ciel comme Dieu, alors nous croirons en Lui ! » Il sera trop tard pour cette foi et vaine sera cette vision. Nous devons voir avec notre foi le Christ comme Dieu dans l’homme humilié et couvert de crachats, torturé et ensanglanté, bafoué dans la cour de Caïphe ; dans le condamné silencieux, que les Juifs avaient traité comme une chose inutile et sans valeur et tourné en ridicule. C’est cette foi qui est honorée dans les Cieux. C’est cette foi qui, jusqu’à aujourd’hui, a soigné et planté au ciel une myriade d’âmes des plus lumineuses, une myriade de caractères des plus puissants, une myriade de héros des plus courageux et d’esprits des plus brillants.
Seigneur humilié, hisse-nous jusqu’à cette foi. À Toi la gloire et la louange dans les siècles. Amen.
Cher père abbé Antoine, révérend pères, chers frères et sœurs,
Nous nous sommes réunis aujourd’hui autour d’un même calice et dans la même foi
orthodoxe pour rendre grâce à Dieu pour son amour inépuisable envers nous et pour devenir un même corps en participant au même pain eucharistique. Ce que nous venons d’accomplir ici présente une réalité nouvelle dans laquelle nous sommes immergés à chaque fois que nous célébrons la Divine Liturgie. Dans cette vie nouvelle que présente la vie dans l’Église toutes les séparations terrestres sont dépassées : celle de la langue, de la nation, de l’âge etc. Comme en témoigne l’apôtre des nations, le saint apôtre Paul, « il n’y a plus ni Juif, ni Grec ; il n’y a plus ni esclave, ni homme libre ; il n’y a plus l’homme et la femme ; car tous, vous n’êtes qu’un en
Jésus Christ » (Galates 3, 28). Et vraiment, la parole de l’apôtre est actuelle jusqu’à nos jours et sa vérité se manifeste dans votre communauté. Malgré le fait que vous proveniez de différentes nations, de différentes cultures, que vous parliez différentes langues, vous vous réunissez régulièrement dans ce lieu pour devenir un seul corps, le peuple de Dieu, partageant la même foi en Christ ressuscité.
En ce jour, nous fêtons deux moments essentiels de l’économie du salut : la fête de
l’Annonciation et la Croix, ce troisième dimanche du Grand Carême. Ces deux événements, qui semblent si différents, sont en réalité profondément liés par leur signification et leur essence : ils représentent le début et l’accomplissement du salut pour l’humanité.
L’Annonciation, cet acte de grâce où l’archange Gabriel annonce à la Vierge Marie la
venue du Sauveur, est le commencement de l’œuvre salvatrice de Dieu parmi les hommes. C’est un témoignage de l’amour inconditionnel de Dieu envers nous, son peuple, et de l’obéissance totale de Marie à sa volonté divine. Ainsi, la descente de Dieu parmi les hommes commence avec l’annonce de l’archange et l’acceptation humble de Marie.
Pourtant, le plein accomplissement de ce salut est réalisé sur la Croix. C’est là que notre Seigneur, par son sacrifice, offre la rédemption à toute l’humanité. Comme le dit un tropaire de notre Église orthodoxe : “Au milieu de l’Éden, un arbre avait produit la mort. Au milieu de la terre, un arbre a fait éclore la vie. En goûtant du premier, nous avons connu la corruption ; du second, nous avons obtenu la jouissance de l’immortalité, puisque sur la croix, Seigneur, tu sauves le genre humain”.
Le fait que les deux événements, l’Annonciation et la Croix, soient célébrés aujourd’hui en même jour, revêt une signification particulière. Ils sont étroitement liés par leur sens : le début et l’accomplissement du salut. Dans les deux cas, l’amour inconditionnel de Dieu envers l’humanité est manifesté, et tous deux sont des témoignages des merveilles de Dieu et de sa grâce infinie. Sachant que la Croix est le chemin vers la Vie et, fortifiés par la grâce divine, continuons notre cheminement à travers ce Carême, accompagnant notre Seigneur Jésus Christ vers sa glorieuse Résurrection, qui est le gage de notre propre résurrection dans le Royaume de
Dieu, où nous glorifierons et chanterons le nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit pour les siècles des siècles. Amen.