Comme le dimanche de Thomas, celui des saintes femmes porteuses de myrrhe est consacré aux premiers témoins de la Résurrection. Au groupe des apôtres correspond le groupe des Myrophores, égales aux apôtres. La faiblesse humaine caractérise l’un et l’autre : sans l’Esprit saint, nous ne pouvons ni croire à la Résurrection ni l’annoncer. L’évangile de ce jour ne nous dit pas que les femmes ont cru : il nous dit qu’elles étaient terrifiées par le mystère inexplicable du tombeau vide, et stupéfaites par la parole de l’Ange, et qu’elles se sont enfuies. La vérité humaine de l’Évangile, dans l’histoire de Thomas comme dans celle-ci, contribue à sa crédibilité.
Le texte des Actes des Apôtres (6, 1-7) et celui de Marc 15, 43 à 16, 8, montrent le saint Esprit suscitant dans la communauté naissante de l’Église la foi en la Résurrection comme fondement ainsi que des ministères au service des croyants. La foi en Jésus Christ vrai Dieu et vrai Homme ; en Jésus Christ ressuscité corporellement d’entre les morts ; et dans l’Esprit saint qui est l’agent de l’Incarnation comme de la Résurrection constituent l’identité de l’Église originelle. Non seulement le Seigneur agit en celle-ci, mais des hommes et des femmes consacrent avec enthousiasme leur vie au Christ et coopèrent à son œuvre de salut.
Les saintes Porteuses-de-parfum sont mues par l’amour. Elles n’accomplissent pas seulement un devoir religieux, celui d’oindre un mort. Elles sont poussées par l’amour préférentiel pour Jésus. Elles oublient tout pour lui. Saint Grégoire Palamas dit que, dans ce groupe des saintes femmes, se trouvait la très Sainte Mère de Dieu Marie : avec quel amour n’allait-elle pas au tombeau rendre hommage au corps de son Fils et son Dieu ! La première Église est toute simple : des amis, des frères, des personnes comme vous et moi, qui aiment Jésus et qui font tout pour lui et par amour pour sa personne et pour sa parole. La Résurrection est avant tout, pour eux, leur vécu : découverte, effroi, émerveillement, incompréhension, doute, peur, amour, foi, témoignage. À travers les siècles, l’Église transmet par la Liturgie cette expérience du matin de Pâques.
Célébrantes, les Myrophores nous enseignent que toutes les formes de notre culte – chants, gestes, fleurs, pain, vin, huile – découlent de cette oblation initiale : « au lieu de myrrhe, offrons l’hommage de nos chants ». La Liturgie a sa source dans le service du Temple et de la Synagogue, ainsi que dans la liturgie de la famille juive. Elle est une oblation de soi ; elle a comme substance l’offrande que tu apportes à celui qui était mort et qui est vivant, au Seigneur de la mort et de la vie, à l’ami tendrement aimé, dont on garde, génération après génération, les paroles et l’exemple. Seul l’amour interprète notre expérience liturgique : il est ici le parfum prophétique du Huitième jour.
Les Juifs, en Galilée et en Judée, et dans l’ensemble de la Diaspora, se sont, en trois ans, tournés massivement vers Jésus. L’adhésion ne fut pas seulement populaire : la mémoire de Joseph d’Arimathie et de Nicodème rappelle qu’elle fut également celle de notables, de rabbins et de Pharisiens de haute culture juive. Comme les Myrophores, et les apôtres eux-mêmes, ils sont la fierté du peuple juif. Il y a de quoi être fier, à être le peuple qui produisit la fleur qu’est Marie la Vierge, et dans lequel, entre tous, Celui qui avait parlé à Abraham et à Moïse choisit de se faire homme et d’y assumer toute la nature humaine. Juifs, soyons fiers des Myrophores – Marie-Madeleine, Salomé, Jeanne, Marie et Marthe, Marie de Cléopas, Suzanne et la Mère de Dieu, qui manifestèrent un tel amour pour leur Seigneur.