Ce 2 février 2022, le gouvernement serbe a déclaré que trois églises orthodoxes serbes avaient été attaquées et pillées au Kosovo depuis le début de l’année 2022. Des reliques ont aussi été profanées au cours de ces attaques, qui ont eu lieu à Zubin-Potoca.
Au début du mois d’août 2021, nous serons à Tivat (Monténégro) avec une quarantaine d’enfants des enclaves du Kosovo-Métochie pour notre neuvième classe de mer depuis le lancement de l’opération en 2012.
12 mars, 2021 LES VOLONTAIRES DU 17E CONVOI DE NOËL PROLONGENT LEUR ACTION
Plus de deux mois après être rentrés en France, les volontaires du dernier convoi de Noël sont venus en aide à une vieille femme qui les avait particulièrement touchés. Dans notre compte-rendu, nous vous racontions cette rencontre éprouvante avec une femme vivant dans une misère terrible quelque part dans les montagnes de la région de Novo Brdo :
Le Père Stevo, curé de Novo Brdo qui nous guide aujourd’hui, nous regroupe autour de lui : « Ici, c’est particulièrement difficile, ce sont des gens très pauvres, ils n’ont presque rien. Nous avons pu leur installer des fenêtres au début de l’hiver : depuis des années, seuls des grands plastiques et des vieilles couvertures les séparaient du froid de dehors ». Au moment où il ouvre la porte, une odeur très forte nous agresse, malgré le vent froid. Dans la seule pièce, minuscule, de la maison, une vieille femme allongée sur un lit fait de palettes. Alitée depuis des années, elle vit avec son fils qui s’occupe d’elle comme il peut.
Nos volontaires, dont certains ont pourtant une certaine expérience, n’avaient jamais vu ça, et ils étaient repartis le cœur lourd de ne pouvoir faire plus pour cette femme.
Alors que nous reprenons à l’envers le chemin qui nous a menés ici et qui sépare cette pauvre femme du reste du monde, l’ambiance dans les fourgons est morose. Un volontaire finit par murmurer : « Elle aurait pu être ma grand-mère… Comment peut-on la laisser là comme ça ? »
Quelques jours après le retour en France, l’idée a finalement fait son chemin, entre coups de téléphone et échanges de mail, et les sept volontaires de ce convoi se sont cotisés pour offrir à cette femme un nettoyage complet de la pauvre pièce dans laquelle elle vit ainsi qu’un lit neuf.
La somme, récoltée par l’un d’eux, a été envoyée à notre bureau humanitaire, qui, en lien avec le Père Stevo, curé de la paroisse de Novo Brdo, a géré l’opération avec efficacité, et quelques jours après, les volontaires ont eu la joie de recevoir une photo témoignant de son succès !
Une belle action qui témoigne de l’engagement de nos volontaires auprès des populations les plus abandonnées du Kosovo-Métochie !
Le 3 janvier vers midi, un message s’affiche sur le groupe WhatsApp appelé « SK – convoi 2020 » : « Bien arrivé, merci pour tout, à l’année prochaine ! » C’est le dernier volontaire français qui vient d’arriver chez lui, après 3 jours de voyage depuis le Kosovo, marquant ainsi la fin de ce 17e convoi de Noël.
Dimanche matin 27 décembre, Annecy, 9h. Le 17e convoi de Solidarité Kosovo s’élance, pile à l’heure prévue. En soi, c’est déjà une victoire pour les volontaires qui entament le voyage qui les mènera, dans deux jours, au Kosovo-Métochie. Une victoire sur cette année désastreuse, une victoire sur l’incertitude qui, depuis plusieurs semaine, pesait sur eux.
En effet, s’il était évident pour tout le monde que ce 17e convoi aurait bien lieu de toute façon, nul n’aurait pu affirmer jusqu’à la veille de son départ qu’il aurait bien lieu à l’époque habituelle et d’une façon relativement semblable aux années précédentes.
LE MATÉRIEL POUR LE CONVOI DE NOËL DÉCHARGÉ AU KOSOVO
Le 15 décembre, les bénévoles de notre bureau humanitaire de Gracanica ont déchargé les 15 palettes de matériel que nous avions envoyées de Grenoble une semaine plus tôt.
Après six jours de voyage à travers l’Europe, notre nouvel ami Darko est bien arrivé à notre entrepôt de Gracanica. Le passage des douanes s’est déroulé sans encombre, notamment grâce au sérieux du travail de nos bénévoles en France, ce qui a grandement facilité les choses. Les 15 palettes de matériel que nous livrerons dans les enclaves dans quelques semaines ont été déchargées devant notre entrepôt sous l’oeil attentif du Père Serdjan, responsable de notre bureau humanitaire.
Sur une photo que nous avons reçue (ci-dessous), on l’aperçoit assister tout sourire à cette opération de déchargement.
Avec lui, nous nous réjouissons de l’avancée de ce 17e convoi de Noël de Solidarité Kosovo. Voir les deux premières étapes se dérouler sans accrocs malgré les difficultés propres à cette année si particulière nous donne confiance pour la suite. En France, nos volontaires sont déjà en train de préparer leurs affaires, et les détails pratiques de ce convoi qui sera forcément exceptionnel sont en train d’être affinés par l’ensemble de l’équipe.
Vous pouvez toujours nous aider à faire de convoi un nouveau succès ! Cette année encore, nous offrirons des poêles à bois à des familles dans le besoin, ainsi que des petits troupeaux. Poêles comme bétail sont achetés sur place, au Kosovo, au dernier moment. Vous pouvez donc nous aider en nous faisant un don en cliquant sur le bouton ci-dessous. Ce don pourra être déduit de votre impôt au titre de l’année 2020 s’il est fait avant le 31 décembre à 23h59. Merci pour votre générosité !
Mercredi 9 décembre, 15 palettes de matériel ont quitté notre entrepôt de Grenoble, marquant comme chaque année le lancement concret de ce convoi de Noël. Avec, cette année, une petite pointe supplémentaire d’émotion… Ce matin du 9 décembre était particulièrement froid. Une couche de neige tombée dans la nuit couvrait le sol devant l’entrepôt où attendaient les 15 palettes de jouets, de vêtements et de chaussures attentivement préparées ces dernières semaines par nos volontaires. Ceux-ci attendaient devant la porte, se frottant les mains ou se tapant les épaules pour se réchauffer, qu’arrive le camion dans lequel ces palettes rejoindront notre entrepôt de Gracanica au Kosovo.
Puis le camion est arrivé et s’est garé juste devant la porte. Habituellement, nous échangeons quelques salutations rapides avec le chauffeur avant de nous mettre au travail le plus rapidement possible. Cette fois-ci, ça s’est passé un peu différemment : à peine descendu de sa cabine, le chauffeur s’est présenté à nous, dans un anglais hésitant : « Je suis Darko. Je suis Serbe, je suis né au Kosovo, ma femme aussi… »
Pendant quelques minutes, oubliant le froid et rassemblant nos quelques souvenirs d’anglais, nous avons discuté comme nous le pouvions du Kosovo, de notre association, de ce convoi de Noël. Nous lui avons expliqué le soutien de nos plus de 12000 donateurs, nos plus de 45 convois humanitaire depuis 16 ans, notre travail pour faire connaitre la situation des enclaves aux Français, etc.
Quand nous avons fini, Darko nous a regardés, ses yeux ne laissant aucun doute sur le fait que, sous son masque, se cachait un grand sourire. « Je suis très heureux de travailler pour vous, de pouvoir vous aider à apporter votre soutien à mes frères du Kosovo. Et maintenant, au travail ! »
Une heure plus tard, le camion était chargé et l’entrepôt vidé. Nous n’avions plus froid du tout, réchauffés par l’effort et l’enthousiasme. Nous avons signé tous les papiers habituels avec Darko, qui est monté dans sa cabine en nous remerciant encore mille fois pour notre travail et notre soutien. Alors qu’il s’engageait sur la route qui devait le mener jusqu’à Gracanica en passant par l’Italie, la Slovénie, la Croatie et la Serbie centrale, il a fait résonner un long coup de klaxon, accompagné d’un grand geste par la fenêtre ouverte.
Il devrait arriver à Gracanica demain dans l’après-midi, en tout cas si les douanes ne lui font pas de difficultés, comme cela arrive de temps en temps. Dans tous les cas, le matériel sera forcément à Gracanica quand notre équipe de volontaires y arrivera, juste après Noël et un long trajet en minibus, pour aller répartir le contenu de ces 15 palettes un peu partout dans les enclaves serbes.
Srecan put, Darko ! Bonne route !
Si la première partie du matériel est bien en route vers notre entrepôt de Gracanica au Kosovo, vous pouvez toujours nous aider à financer ce convoi. En effet, il y a du matériel dont les habitants des enclaves serbes ont besoin que nous achetons sur place. Nous distribuerons notamment du bétail et des poêles à bois, comme nous l’avons fait à plusieurs reprises ces dernières années. Vous pouvez donc nous aider en nous faisant un don, qui pourra être déduit de votre impôt au titre de l’année 2020, en cliquant sur le bouton ci-dessous. Merci pour votre générosité !
“Les jours se suivent et ne se ressemblent pas”, dit le proverbe. C’est vrai aussi pour les convois de Noël de Solidarité Kosovo ! Chaque année, en partant, nos volontaires, même les plus expérimentés, ne peuvent pas savoir comment se déroulera leur semaine. Cette année encore en a été une belle illustration, avec un convoi particulièrement riche en rencontres.
C’est au pied de l’église de Leposavic, au Nord de Mitrovica, dans la partie encore majoritairement serbe, que nous retrouvons le Père Serdjan, responsable du bureau humanitaire de Solidarité Kosovo à Gracanica, accompagné de Milovan et Slavko, que la plupart d’entre nous connaissent déjà. Les sourires sont resplendissants, la joie de se retrouver évidente, les embrassades chaleureuses. On redécouvre le grand rire généreux de Serdjan, les blagues incessantes de Milovan et le sourire plus discret de Slavko. On se demande et on se donne des nouvelles, puis on remonte dans les fourgonnettes, direction Gracanica où nous passons la nuit.
Dès le lendemain matin, nous entrons de plain-pied dans l’esprit de ce convoi. En effet, nous partons directement en Métochie, la moitié Ouest du Kosovo, dont le nom signifie “terre des églises”. Habituellement, nous y allons en fin de séjour, avec en point d’orgue une nuit passée dans le magnifique monastère de Visoki Decani, joyau de l’orthodoxie serbe et de la chrétienté.
Le sourire d’un jeune garçon de l’enclave de Banja.
Cette année, c’est par là que nous commençons : les enclaves de Banja, Suvo Grlo et Crkolez, que nous visitons presque chaque année en raison de leur isolement dans une région où les attaques et menaces sont fréquentes, sont les premières que nous visitons. Nous y retrouvons avec bonheur ces quelques dizaines d’enfants que nous voyons grandir depuis plusieurs années. Tel jeune garçon qui se cachait il y a quelques années dans les jupes de sa mère est aujourd’hui un jeune homme au visage fier et déterminé, qui nous offre un verre de la rakija qu’il a distillée avec son père pour la première fois cette année ; telle jeune fille vue pour la première fois à la fin de l’adolescence vient aujourd’hui aux distributions chercher des vêtements pour son premier enfant qu’elle porte serré contre elle pour le protéger du froid mordant.
À Decani, nous retrouvons le Père Petar, père hôtelier, qui nous accueille comme toujours comme des hôtes de marque.
Nos volontaires dans l’église du monastère de Decani, avec le Père Petar.
Le lendemain, nous retrouvons les deux enclaves de Orahovac et Velika Hoca, que nous connaissons bien également. Dans cette dernière, nous sommes invités à déjeuner chez le Pope Milenko, qui nous accueille avec son fils, pope lui aussi. Pendant le repas, nous parlons notamment de son ami Peter Handke, grand écrivain élu Prix Nobel de littérature en 2019, grand ami du Kosovo-Métochie et de Velika Hoca en particulier… et qui a depuis son élection été lui aussi interdit de séjour par les autorités du Kosovo.
Ici aussi, nous retrouvons ces enfants tellement attachants, que repartent les bras chargés de cadeaux et les yeux écarquillés.
Un enfant de l’enclave d’Orahovac qui rentre chez lui les bras chargés de cadeaux apportés par nos volontaires passe devant l’une des nombreuses maisons en ruine qu’on peut voir dans ce petit quartier serbe.
Dans l’après-midi, nous nous rendons — autre nouveauté — dans la région de Prizren, à l’extrême Sud de la Métochie. Depuis des années, Solidarité Kosovo y aide des enclaves et des familles, mais le convoi de Noël n’y passait pas. Cette année, nous y sommes allés : c’est l’occasion de découvrir de nouveaux visages, de serrer de nouvelles mains, de faire naître de nouveaux sourires.
À Prizren même, nous touchons un peu mieux du doigt ce que fut la violence des pogroms antiserbes de mars 2004. En deux jours, les extrémistes albanais ont rasé l’intégralité du quartier serbe de la ville, détruit par le feu toutes les églises de la ville, dont la cathédrale Saint-Georges, siège de l’évêché du Kosovo-Métochie, et chassé tous les Serbes. Aujourd’hui, ils sont une vingtaine à être revenus vivre à Prizren, dans quelques maisons reconstruites dans le quartier serbe et dans une ruelle du centre-ville. L’évêché a été déplacé à Gracanica, bien que la cathédrale soit en cours de reconstruction, sous la protection de la Kfor. Reconstruit également après avoir été intégralement détruit, le séminaire, qui accueille environ 40 élèves, là aussi sous protection permanente.
Nous visitons la cathédrale, magnifique bien que les travaux ne soient pas finis, ainsi que l’église de la Vierge de Levisa, entourée de barbelés et dont l’intérieur est encore presque intégralement noirci par la fumée des pneus enflammés par les extrémistes albanais. Quand la fumée laisse apparaître les fresques pluricentenaires, on constate qu’elles ont été attaquées à coups de pics ou de marteaux…
Le soir, nous dormons au Monastère des Saints-Archanges, à 10 km environ de Prizren, après une soirée mémorable durant laquelle Serdjan, Milovan et Pajo — ami de longue date de l’association, récupéré la veille à Banja — nous ont régalés de chants populaires serbes magnifiques, auxquels nous avons répondu par des chants tirés de nos souvenirs de scoutisme.
Les ruines de l’églises du Monastère des Saints-Archanges, près de Prizren, vues depuis l’hôtellerie. Le monastère a été détruit et reconstruit plusieurs fois, la dernière fois pendant les pogroms antiserbes de 2004.
Le lendemain, nous allons à Novake, non loin de Prizren : ce village martyr en 1999, puis à nouveau en 2004, a vu quelques familles réinvestir ces ruines qui avaient été leurs maisons. Ils y vivent à une vingtaine de personnes, sur ces terres que la violence de leurs voisins les avait obligés à quitter, travaillant la terre pour survivre (cf. magazine Automne 2019). C’est ce que nous a raconté un des hommes du village, la voix ferme malgré la souffrance et l’angoisse qui ont dû jadis la faire trembler, et peut-être encore aujourd’hui, parfois : “Nous avons décidé de revenir ici, d’où nous n’aurions jamais dû partir : nous avons toujours été ici chez nous et nous serons ici chez nous jusqu’au bout. Et tant pis si ce bout doit être la mort : nous ne partirons plus.”
À Novake, quelques familles vivent au milieu des ruines de leur village, attaqué sauvagement en 1999 et en 2004.
Pour cette première visite à cet héroïque village, nous ne pouvons pas refuser d’entrer dans une maison et de nous asseoir autour de la collation généreusement préparée sur la table. Nous ne pouvons pas refuser de trinquer plusieurs fois à l’amitié neuve, à la vie qui continue malgré tout, à l’avenir que nous construisons ensemble en dépit des tempêtes passées et de celles qui s’annoncent. Alors nous prenons le temps, nous mangeons ce nécessaire dont ils n’hésitent pas à se priver pour nous faire honneur, nous buvons le sang de leur terre. Nous serrons ces mains qui seules peuvent assurer la subsistance de ces corps vieillis par une vie âpre mais portés par des âmes pétries d’espérance et de volonté farouche. Nous embrassons ces hommes dont les yeux — qui ont vu tant de choses terribles, leurs maisons détruites, leurs familles jetées sur les routes, parfois pire encore — se mouillent à l’évocation de l’amitié entre nos deux peuples.
Et alors que nous partons, se déroule cette jolie scène qui fera de cette visite un moment inoubliable : une de nos volontaires s’agenouille, pour lui dire au revoir, devant la petite fille d’un de nos hôtes, petite brune au sourire pétillant. Immédiatement, celle-ci ouvre grand les bras et se jette dans ceux de notre volontaire. Elle restera blottie un long moment dans les bras de cette inconnue venue d’un pays lointain et ne parlant pas sa langue, abandonnée comme savent l’être les enfants ; autour d’elles, on se regarde en souriant, plus émus qu’on ne veut bien le montrer…
Le calin de Novake, sans doute l’image que nous retiendrons le plus longtemps de ce convoi.
Au moment de monter dans les fourgons, résonne à nouveau cette phrase que les premiers volontaires de Solidarité Kosovo, il y a 15 ans maintenant, entendaient déjà : “Revenez nous voir. Même les mains vides, revenez : ce dont nous avons le plus besoin, c’est de votre amitié. Revenez.” Alors l’émotion prend le dessus, et nous nous embrassons tous à nouveau, avec aux lèvres et au cœur une seule promesse : nous reviendrons, amis de Novake !
Autre nouveauté encore : à Strpce — prononcez “Cht(eu)rrrpcé”, il n’est pas forcément inutile de le préciser… —, nous sommes accueillis dans une petite pièce qui jouxte une jolie église, et qui est déjà presque pleine d’une vingtaine d’enfants qui nous regardent avec curiosité. Nous les écoutons chanter pour nous plusieurs chansons populaires de la région. Les voix s’affirment peu à peu, les regards s’emplissent de fierté. Les nôtres s’humidifient encore une fois d’entendre ces enfants chanter tour à tour la gloire de leurs ancêtres morts au Champ des Merles, la beauté de leurs monastères ou l’espérance qu’un jour ils pourront vivre ici en paix. Nous apprenons que ces enfants chantent ensemble un peu partout au Kosovo-Métochie, et qu’ils ont, pour pouvoir nous recevoir, chamboulé le programme d’un récital qu’ils iront donner le soir même. Nous leur laissons plusieurs cartons de vêtements et de cadeaux qui seront distribués le lendemain, ainsi que plusieurs guitares, flûtes et percussions qui leur permettront d’accompagner leurs chants. Un volontaire accorde les guitares et leur montre trois accords. Puis nous les voyons s’envoler, nuée de rossignols joyeux, vers le bus qui les mène à leur récital du soir, pendant que nous partageons un verre avec le pope de la paroisse, qui nous fait part de sa fierté devant les progrès accomplis en quelques mois par cette jeune chorale.
Puis nous rentrons à Gracanica. Dans la nuit qui est tombée depuis longtemps — ici, le soleil se couche avant 17 heures —, nous retrouvons l’entrepôt de l’association, où nous travaillons encore un moment pour réorganiser les chargements des fourgonnettes pour les distributions du lendemain.
Au réveil, une autre surprise nous attend : pendant la nuit, les températures sont tombées largement en dessous de zéro. Avec la neige qui tombe par intermittence depuis le premier jour de distributions, ça annonce une journée compliquée. En effet, nous allons aujourd’hui parcourir la région de Novo Brdo : une succession de plusieurs enclaves réparties dans les montagnes à l’Est de Gracanica. Chaque année, cette partie du convoi est celle qui est le plus amenée à changer : les routes dans la région sont en mauvais état, de nombreuses enclaves ne sont joignables que par des chemins de terre défoncés. Avec la neige qui a gelé pendant la nuit, il ne fait aucun doute que certains de ces chemins seront impraticables, en tout cas avec nos fourgonnettes.
Alors que nous partons, Serdjan décroche son téléphone et passe de nombreux coups de fil dans le but d’avoir une idée un peu plus précise de là où on peut aller ou non, et de prévenir les uns et les autres de venir nous attendre à des endroits où nous pouvons nous rendre sans danger. Cette organisation de dernière minute nous permettra de bien remplir la journée malgré l’imprévu. Quand nous ne pouvons nous rendre jusqu’aux maisons, nous déposons des cartons en bas des chemins y menant. Parfois, une vieille voiture dévale le chemin et nous pouvons alors charger le coffre. Ici ou là, deux volontaires montent dans ces vieilles voitures pour aller au moins saluer les familles qui se retrouvent pratiquement isolées jusqu’à ce que la neige fonde : notre présence est aussi importante que ce que nous apportons, ce convoi 2019 nous l’a particulièrement bien montré.
Dans un des nombreux hameaux isolés de l’enclave de Novo Brdo, deux volontaires passent un long moment à montrer à un petit garçon le fonctionnement d’une boite à musique qu’il vient de recevoir.
Finalement, c’est au terme d’une journée harassante que nous retrouvons notre auberge pour fêter ensemble le passage à la nouvelle année. Une nouvelle soirée à nouveau ponctuée de chants serbes et français (et même bretons !), mais aussi de danse, nos hôtes tenant à nous apprendre les rudiments du Kolo, une tentative qui se finira en éclats de rire, en embrassades et en verres levés à la santé de tous les nouveaux amis rencontrés pendant ces quelques jours.
Le lendemain, nous repartons vers Belgrade, laissant derrière nous ce Kosovo-Métochie que nous aimons tant et des amis très chers. Quelques jours plus tard, nous échangeons nos impressions. Elles sont unanimes, résumées dans ces deux extraits des messages échangés à ce moment-là : “Les sourires, les visages, les voix, les paysages et les regards des petits et grands que nous avons croisés resteront longtemps dans ma mémoire”, affirmait une des nouvelles de cette année, pendant qu’un autre, plus expérimenté, déclarait de son côté : “Je reviens de ce convoi encore plus retourné que les années précédentes. J’ai vraiment réalisé l’importance de ce que nous faisons pour ces gens”.
C’est effectivement ce qui a fait la beauté de ce convoi en particulier : cette chance que nous avons eue de pouvoir prendre plus de temps à chaque rencontre nous a permis de vraiment réaliser à quel point notre présence est importante pour ces gens qui ont souvent l’impression que le monde entier les oublie.
Grâce à vous, nous avons pu cette année leur montrer que de nombreux Français les gardent dans leurs pensées et leurs prières. Merci encore pour votre générosité et votre soutien, merci de faire de nous vos ambassadeurs, année après année, auprès des Serbes du Kosovo-Métochie !