Icône Notre Dame des Ibères

Les Ibères dont il s’agit ici ne sont pas Espagnols, mais des Géorgiens établis dans le monastère d’Iviron au Mont-Athos.

L’icône de Notre-Dame des Ibères remonte au moins au IXe siècle. Elle fut cachée par une pieuse veuve de la ville de Nicée, durant la persécution iconoclaste qui eut lieu sous le règne de l’empereur Théophile (829-842). L’un des iconoclastes, ayant découvert la sainte icône, la transperça de sa lance. L’icône se mit à saigner (depuis lors, on représente toujours cette icône avec une petite marque noire sur la joue de la Vierge).

La veuve obtint des soldats que l’image sainte ne fût pas détruite avant le lendemain. Durant la nuit, elle mit l’icône à la mer et celle-ci navigua, dressée sur les flots, jusqu’au Mont-Athos. Les moines, ayant aperçu une colonne de feu allant de la mer jusqu’au ciel, descendirent sur la plage et trouvèrent l’icône, dressée sur l’eau. Ils la placèrent immédiatement dans l’église, mais l’icône, chaque matin, se retrouvait à la porte du monastère. La Mère de Dieu révéla au Frère Ibère qui l’avait recueillie qu’elle entendait assurer la garde du monastère et son icône est, depuis, à l’entrée du monastère des Ibères et surnommée « portaitissa », ce qui signifie « portière ».

Une copie de cette icône fut transportée à Moscou le 13 octobre 1648. Cette copie, elle-même miraculeuse (de nombreux miracles se manifestèrent dès son arrivée au monastère Novodiévitchi de Moscou), est l’une des icônes les plus vénérées de Russie. La fête de sa translation est fixée, dans l’Église russe, au 13 octobre. L’icône est proposée à la vénération des fidèles au monastère durant les jours de fête.

Source: Schola Sainte Cécile

Le métropolite du Monténégro Amphiloque : « La décision du Patriarcat œcuménique est non canonique »

Le métropolite du Monténégro Amphiloque : « La décision du Patriarcat œcuménique est non canonique »

Le métropolite du Monténégro Amphiloque : « La décision du Patriarcat œcuménique est non canonique »

974

Dans son interview à la première chaîne de la TV russe, le métropolite Amphiloque a d’abord expliqué que le patriarche de Constantinople « dans cette décision, se réfère, comme le font ces derniers temps d’autres évêques du Patriarcat de Constantinople, au droit d’appel des Églises locales au patriarche de Constantinople. C’est « l’enkliton ».

Lorsque dans une quelconque Église locale surgit un problème avec quelques évêques, ceux-ci auraient soi-disant la possibilité d’appel au Patriarcat de Constantinople, et celui-ci pourrait alors prendre sa décision sur une telle question. Cependant, ont-ils réellement ce droit d’appel ? D’autant plus dans l’esprit où Denisenko l’a appliqué maintenant. Le patriarche œcuménique le fonde sur certains faits historiques, certains canons. Par exemple, les canons 9, 17 et 28 du IVème Concile œcuménique, qui ont été rédigés dans les temps anciens et qui se rapportent à l’état et au rôle du Patriarcat de Constantinople, précisément à cette époque. Sur quelle base lui a été donné ce droit ?

Avant tout, ce droit concerne les diocèses métropolitains se trouvant sous la direction canonique du patriarche de Constantinople. Ce droit ne se rapportait pas à toute l’Église. Deuxièmement, ce droit est fondé sur les canons d’un Concile œcuménique conformément auquel le patriarche œcuménique a reçu ce statut en tant qu’évêque de la ville de Byzance, Constantinople, puisque cette ville était la ville impériale, la résidence de l’empereur et de son conseil. Or, actuellement, la capitale impériale n’existe plus. Constantinople a cessé d’être la capitale impériale depuis 1453. Aussi, ce droit, auquel se réfère le patriarche de Constantinople est remis en question. L’Église orthodoxe ne met pas en doute son statut comme premier d’honneur au sein de l’Église orthodoxe, mais cela ne lui donne pas le droit de s’immiscer de cette façon dans la vie de quelque autre Église locale, dont l’Église orthodoxe russe. Ici, le patriarche se réfère à une certaine décision de 1686, donnant soi-disant par économie au métropolite de Moscou le droit d’ordination du métropolite de Kiev, sous condition que ce métropolite commémore en premier lieu le patriarche de Constantinople. Or, la Rus de Kiev, celles de Vladimir et de Moscou étaient une seule et même Rus à cette époque. Aussi, il est impossible de séparer la Rus de Kiev de celle de Moscou ou de Vladimir. 300 années se sont écoulées, et Constantinople n’a jamais posé la question du pouvoir ecclésiastique en Ukraine, lequel lui appartiendrait. Il l’a fait pour la première fois aujourd’hui. Et il est impossible de l’accepter. Je suis étonné que Constantinople n’a pas été arrêté en cela par la réaction négative de toutes les Églises locales, dont les patriarcats anciens d’Orient, tels que Jérusalem, Alexandrie, Antioche. Le patriarche d’Alexandrie était justement chez nous récemment. Je suis certain qu’il donnera son évaluation de tout cela. Il a séjourné récemment à Odessa et s’est prononcé là-bas, avec le métropolite de l’Église orthodoxe de Pologne, qui a également exprimé son point de vue très clairement. En général, toutes les Églises locales ont réagi, dont la nôtre, qui a adopté en Synode une lettre très documentée à ce sujet. Constantinople n’y a pas répondu. Notre patriarche vient de rencontrer le patriarche œcuménique à Thessalonique et lui a fait part de la position de notre Église. Malheureusement, ils ont répondu comme ils ont répondu. Cela ne résout pas la question ukrainienne, mais ne fait que la compliquer. Quoi qu’il en soit, cette décision, comme je l’ai déjà dit, est catastrophique. Notamment, pour la résolution de cette question importante pour l’Église orthodoxe en Ukraine. Cette décision créée le problème radical de l’immixtion dans la vie d’une autre Église locale, et non seulement de l’Église russe, mais aussi de n’importe laquelle. En même temps, cela remet en question l’unité de l’Orthodoxie. Et cela s’est déjà répercuté sur celle-ci, particulièrement sur la diaspora orthodoxe, sur les assemblées des évêques orthodoxes. Selon ce que je sais, les évêques en Amérique latine refusent de participer aux assemblées panorthodoxes, et c’est la même chose en Europe. Je suis sûr qu’il en sera ainsi également aux États-Unis. Cela a commencé déjà en partie. Or, le rôle du premier des patriarches ne consiste pas à diviser les autres, mais à les réunir. Par ses actions, le patriarche de Constantinople, précisément, divise. Il ne résout pas cette question, mais fait pénétrer plus profondément le problème dans l’Église orthodoxe.

– Ces derniers temps, on a beaucoup parlé de l’immixtion des grandes puissances dans les affaires internes de l’Église orthodoxe. Pouvez-vous dire concrètement de quels États il s’agit, et ce qu’ils s’efforcent de réaliser ?

– Cela est manifeste en Ukraine même. C’est précisément le pouvoir ukrainien qui est le principal « acteur » dans la question de l’octroi de l’autocéphalie à l’Église d’Ukraine. Il ne faut pas perdre de vue que naguère l’État intervenait dans les affaires ecclésiales, ou en d’autres termes, il y avait une coopération, la « symphonie » entre l’État et l’Église dans l’Orthodoxie. Mais c’étaient alors des États chrétiens, des gouvernants chrétiens. Alors, l’État même défendait la foi chrétienne orthodoxe. Les gouvernants, depuis l’empereur byzantin jusqu’au tsar moscovite, jusqu’à nos rois, étaient des chrétiens orthodoxes. La constitution du Monténégro prescrivait même que le successeur du roi Nicolas Ier devait être chrétien orthodoxe. Il en est tout autrement maintenant. Ce sont tous des États séculiers, particulièrement après l’effondrement de l’Union soviétique. Cette dernière a fait naître des contradictions au sein du peuple russe, des peuples slaves sur le territoire de l’ancien Empire russe. La question de la soi-disant Église orthodoxe ukrainienne n’est pas apparue aujourd’hui. Elle a surgi précisément avec la création de l’Ukraine par le pouvoir soviétique dans les années 1920. C’est alors que sont apparus les « auto-consacrés » qui se sont déclarés eux-mêmes métropolites de Kiev. Or, le métropolite de Kiev était alors le métropolite Antoine (Khrapovitzky), candidat au trône patriarcal de Moscou, et enterré à Belgrade. Il décéda en 1936. Avec plus de trente évêques, il avait été contraint de quitter la Russie. Notre Église locale l’a aidé à créer le Synode de l’Église orthodoxe russe hors-frontières qui existe jusqu’à nos jours, à la seule différence qu’il est réuni maintenant au Patriarcat de Moscou. Donc une chose sont les États contemporains, les pouvoir actuels, et tout à fait autre chose, le temps où Constantinople était la capitale de l’Empire romain d’Orient et Moscou, la capitale de l’Empire russe comme héritier de l’Empire byzantin. Mais cette époque, celle de la symbiose de l’Église et de l’État, « l’époque constantinienne », commença avec l’empereur Constantin le Grand et est terminée. Elle s’est terminée – c’est là mon avis, et non seulement le mien – avec l’assassinat de la famille impériale en 1918. En Occident, cette période impériale du christianisme a été promulguée dogmatiquement en la personne de l’évêque de Rome, le pontifex maximus. En Orient, cela a été et est resté une tentation. Cependant, après la chute de Constantinople en 1453, il n’y avait plus d’empereur byzantin assurant comme précédemment à l’évêque de Constantinople le statut dont il disposait depuis les temps de l’empereur Constantin. Ensuite, ce rôle de l’Empire byzantin est passé, par Kiev et Vladimir à Moscou. C’est-à-dire aux tsars russes. Mais le tsar russe et sa famille ont été tués en 1918. Et cela a mis fin à l’époque constantinienne dans l’histoire de l’Église. Elle est terminée. Et maintenant, l’Église doit retourner à sa structure pré-impériale, sans imiter ce qui s’est passé dans les siècles passés, lorsqu’il y avait symbiose de l’État, de l’Église et du peuple. Elle doit revenir à la structure qui existait avant l’empereur Constantin. En ayant une attitude de respect envers ce qui s’est passé après, mais en ne se limitant pas seulement à l’expérience historique. Ce que l’Église a vécu lors de la période impériale doit être laissé au passé. Ainsi, la première Rome a abandonné la [vraie] foi, la seconde Rome est tombée et a disparu en 1453. Après l’assassinat de la famille impériale, la troisième Rome a déjà perdu, dans la vie de l’Église, la place qu’elle occupait durant les siècles précédents. Aussi, la façon de vivre de l’Église et son mode de fonctionnement pendant la période impériale, doit être laissé au passé. De ce point de vue, Constantinople a fait ce qu’elle n’avait pas le droit de faire. Avant tout, cet État, l’Ukraine, est le fruit du sécularisme lénino-stalinien, du sécularisme communiste. Et cette situation pénible pour le peuple d’Ukraine, le peuple chrétien, est également le résultat de la conversion à l’uniatisme des Ukrainiens du XVIème siècle, et de ce qui s’est passé avec ce peuple en 1920. Il faut avoir en vue aussi le sens de l’appellation même « d’Ukraine ». Il est semblable à notre mot serbe « Krajina » [« confins », désignant les zones tampons de l’Empire autrichien créées en Slavonie et autres régions]. On se pose question : « confins » de quoi ? Et par ailleurs, Kiev était dans le passé l’Église-Mère de l’Église russe. Ensuite son centre a été déplacé à Vladimir (période de la Rus de Vladimir), puis à Moscou. Cette continuité de l’Église orthodoxe en Russie commence à Kiev, passe par Vladimir et se termine à Moscou. C’est une succession ininterrompue. Alors quel est le sens de faire appel pour une chose qui s’est produite au XVème, au XVIème siècle ? Sur cette base, on ne peut résoudre la question ukrainienne. En fait, il faut le résoudre sur la base de la structure de cet État, qui est laïc, à l’instar de tous les États laïcs contemporains en Occident. Ce sont des relations fondamentalement différentes des États, des nations, des nations non chrétiennes. Le même problème s’est fait jour maintenant en Macédoine. Là, les autorités civiles, les communistes, ont créé la soi-disant Église orthodoxe de Macédoine. De la même façon qu’ici, au Monténégro, les communistes, héritiers du régime titiste, tentent de créer la soi-disant Église orthodoxe du Monténégro. Les autorités monténégrines, du temps des communistes, ont tué ici 129 prêtres. Le pouvoir communiste a tué le métropolite du Monténégro Joannice. Et c’est ce pouvoir qui, pour la première fois a posé la question de la soi-disant Église orthodoxe du Monténégro. Le pouvoir athée, le pouvoir séculier dans un État séculier, où l’Église est séparée de l’État, s’immisce dans les affaires internes de l’Église. La même chose se produit en Ukraine et dans les autres États qui ont surgi après la révolution bolchevique. L’Église doit s’efforcer d’unir la société et de résoudre comme il est possible la question douloureuse de l’Église orthodoxe en Ukraine. Là-bas en tant qu’Église d’Ukraine, il existe les « uniates » ou « gréco-catholiques », ensuite la soi-disant Église autocéphale orthodoxe ukrainienne, et l’Église auto-proclamée du Patriarcat de Kiev. Constantinople, pour la première fois, sur la base soi-disant de l’ekkliton, le droit d’appel, s’immisce ainsi dans la vie d’une autre Église locale, et ce encore 300 ans après que se soit terminée sa juridiction ecclésiastique sur l’Ukraine. Ainsi, il est question d’un phénomène absolument incompréhensible. Jusqu’à maintenant, j’espère qu’il sera encore possible de ne pas produire ce tomos, et qu’il ne puisse être octroyé sans l’accord de l’Église canonique. Constantinople ne reconnaissait, comme Église canonique en Ukraine que l’Église du Patriarcat de Moscou. Mais maintenant, Constantinople a reconnu des évêques défroqués et excommuniés par l’une des Églises orthodoxes locales. Il est simplement inimaginable que le Patriarche œcuménique ait pu faire cela. Ces immixtions sont dirigées contre la Russie et en fait contre l’Orthodoxie. En ce qui concerne les immixtions, je voudrais dire, qu’elles ne sont pas seulement le fait du pouvoir ukrainien. Il est clair que celles-ci sont dirigées contre la Russie et en fait contre l’Orthodoxie. Elles ont pu diviser tout le monde dans ces contrées. Seule l’Église orthodoxe est restée une. Maintenant, ces forces, ces forces démoniaques de ce monde, s’appliquent à diviser aussi l’Église orthodoxe. Pour ce faire, elles ont réussi à utiliser l’ancienne Église de Constantinople, afin qu’elle applique le droit qui lui appartenait du temps de l’empire. Dans la bataille pour l’Ukraine, c’est-à-dire pour saper le fondement de la Russie, la main de l’Amérique est visible. On parle de l’immixtion de la Russie, mais comment peut-elle s’immiscer, alors qu’elle est née là ? La Rus de Kiev est née là, et s’est développée sans interruption pendant 1030 années. Le fait que les États occidentaux, l’Union européenne et, avant tout l’Amérique, attisent et soutiennent les guerres fratricides, comme ils l’ont fait chez nous au Kosovo, démontre que ce qui se produit en Ukraine est le deuxième acte de la tragédie du Kosovo : ils ont fait d’un groupe de malfaiteurs et de criminels, qui font honte au digne peuple albanais, les dirigeants du Kosovo et ont reconnu le soi-disant Kosovo indépendant, tandis que l’Église orthodoxe de Dieu, notre culture séculaire et le peuple serbe en sont expulsés. Ce qu’ont commencé les communistes a été poursuivi par le bloc de l’OTAN par ses bombardements de la Serbie et du Monténégro. Ce qui a commencé en Russie avec l’arrivée au pouvoir des bolcheviques et l’assassinat de la famille impériale donne maintenant de tels fruits amers. Je regrette que le patriarche de Constantinople n’ait pas compris à quel point ces problèmes sont profonds et sérieux. Il est parti d’une bonne intention : réunifier, mais la voie choisie n’est pas celle de la réunification, mais seulement de l’aggravation des difficultés qui se sont emparées de l’Ukraine, de la même façon que la création dans l’Église orthodoxe d’un schisme profond qui, indubitablement, n’apportera aucun bon fruit, si de telles tentatives sont poursuivies. Et non seulement chez les Russes et les Ukrainiens, mais chez nous aussi. En effet, ce Denisenko est le seul à avoir reconnu notre Miraš Dedeić [chef de la pseudo-Église du Monténégro, ndt] que le Patriarcat de Constantinople a destitué de la prêtrise et anathématisé. Nous avons communiqué à ce sujet avec le patriarche de Constantinople, mais il n’a pas répondu jusqu’à présent. Bien sûr, il ne reconnaît pas Dedeić. Mais par cet acte, en recevant celui [Denisenko] qui soutient tous les schismes dans les autres endroits comme structures canoniques, il renforce contre sa volonté les schismes qui minent l’unité de l’Église orthodoxe. Et ce sur le fondement de l’ethno-phylétisme condamné antérieurement par l’Église. Même le Concile de Crète (il est dommage que le Patriarcat de Moscou n’y ait pas participé, mais malgré cela, ses décisions restent en vigueur) a confirmé les décisions du concile de 1872 condamnant l’ethno-phylétisme comme une hérésie et comme un venin qui détruit l’unité de l’Église. Constantinople a confirmé et signé cette décision du grand concile et c’est maintenant précisément sur la base de l’ethno-phylétisme – ukrainien à caractère séculier – et sur la base des demandes de personnes formées sous l’influence du bolchevisme, et encore des admirateurs de Bandera, des fascistes ukrainiens et anciens nazis – qu’il crée une Église. Cela est-il normal ? Non. Sans parler du fait que Denisenko prétendait, en tant que métropolite d’Ukraine, au poste de patriarche de Moscou et, lorsqu’il ne fut pas élu, s’est déclaré lui-même patriarche. Telle est sa folie. Comment déclarer normal tout cela, sans accord de l’Église-mère ? Or, l’Église-mère de l’Ukraine n’est pas le Patriarcat de Constantinople, mais depuis plus de 300 ans, lPatriarcat de Moscou.

– Récemment Milo Đukanović, le président du Monténégro, a déclaré que l’Église russe est la force d’intervention des intérêts impériaux russes. Que voulait-il dire ?

– Il faut le lui demander. Probablement, il supposait que la métropole du Monténégro qui existe ici 800 ans, maintient sa relation envers l’Église russe et la Russie, maintenant tout comme dans le passé, et particulièrement à l’époque du métropolite Danilo. S’il n’y avait pas eu, comme il l’exprime « la Russie impériale », il n’y aurait pas non plus de Monténégro. Ni en 1878, ni plus tard. Le tsar Nicolas II a sauvé la Serbie et le Monténégro en 1915 et 1916, lorsque le Monténégro était contraint de capituler, et alors que le roi Pierre, avec toute l’armée serbe, se retirait par le Kosovo jusqu’à la côte albanaise. Alors le tsar russe a émis un ultimatum menaçant, suivant lequel, si les alliés n’aidaient pas l’armée serbe à se sauver (l’armée austro-hongroise poursuivait de près les Serbes), la Russie signerait une paix séparée avec l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie. C’est ainsi que les alliés envoyèrent des bateaux pour sauver les Serbes. Si Nicolas II avait signé une paix séparée, il n’aurait pas été tué et sa famille n’aurait pas été anéantie. Le kaiser envoya Lénine et a accompli la révolution à Petrograd en 1916-1917. Le tsar et sa famille ont été tués par les bolcheviques, en fait par les Allemands. C’est lui, sa famille, et la Russie impériale qui ont payé de leur vie le salut de leurs alliés, la Serbie et le Monténégro.

– De quoi s’agit-il ? De quelle « Russie impérialiste » s’agit-il ?

– Le Monténégro, depuis 1700 et jusqu’à maintenant, a été créé par les efforts de la Russie. Tant son éducation que son organisation jusqu’au roi Nicolas en 1918. Le diocèse métropolitain [du Monténégro] ne fait que continuer la tradition. Et aucune Russie impérialiste ne s’en mêle. Des évêques russes viennent chez nous, avec lesquels, récemment, au monastère de Duklevo, avons érigé un monument aux saints martyrs impériaux, sur lequel sont sculptés leurs visages. C’est peut-être le plus beau monument à la famille impériale. Si c’est cela l’impérialisme… Je dis parfois que ce sont « les sanctions du diocèse métropolitain contre la Russie »… M. Đukanović, dans sa lutte avec « l’impérialisme russe », est devenu un jouet dans les mains de l’empire d’Europe occidentale, d’Amérique et du bloc de l’OTAN. Ceux qui ont bombardé le Monténégro, la Serbie et le Kosovo, qui faisait partie du Monténégro lorsque celui-ci était un royaume indépendant. Maintenant, le Kosovo est reconnu par Đukanović, tandis que les Russes ont tenté de sauver l’unité de notre peuple et de notre État. Malheureusement, la Russie n’était pas dirigée alors par son président actuel, mais par son prédécesseur, qui ne comprenait pas cela. Aussi, je ne comprends pas ce que Đukanović sous-entend par « impérialisme ». Si c’est ce dont j’ai parlé, alors oui. Pour revenir à la décision de Constantinople, j’ajouterais que cette décision provoque la catastrophe pour le Patriarcat de Constantinople et l’unité de l’Église orthodoxe. Aussi, nous espérons que très prochainement, comme l’a demandé le Patriarcat de Moscou et les autres Églises locales, qui en ont pleinement le droit, cette question sera résolue au niveau panorthodoxe. La question de l’Ukraine ne peut être réglée par une seule Église locale, car cette question est si large qu’elle demande la participation de toutes les Églises orthodoxes. Cette question est plus importante que toutes celles qui ont été discutées en Crète. Aussi, la position de Constantinople étonne. En effet, elle s’est toujours adressée aux autres Églises locales (par exemple, pendant le schisme dans l’Église bulgare en 1994, Constantinople a invité les représentants de toutes les Églises locales à régler le problème du schisme de façon canonique), tandis que maintenant, des discussions ont commencé, sur la base du précédent ukrainien, au sujet de la question de l’Église orthodoxe de Macédoine, laquelle serait réglée par l’intervention sur son territoire d’une autre Église locale. Le patriarche œcuménique n’en est empêché que par le fait que son exigence quant à la renonciation à l’appellation « Église orthodoxe de Macédoine » (en Ukraine, l’appellation « Église orthodoxe d’Ukraine » ne le gêne pas) n’a pas été remplie. La question est qu’il y avait la Macédoine, remontant à Alexandre de Macédoine et au roi Philippe, et là nous revenons à la question des mythes communistes. Comme au Monténégro, les néo-communistes continuent à les développer. Ils ont exigé que la métropole du Monténégro, c’est-à-dire l’Église orthodoxe serbe, soit enregistrée à nouveau, comme si elle est été née hier. La loi de 1987 prévoit l’enregistrement des seules communautés religieuses nouvelles, et non des Églises et des communautés religieuses traditionnelles. Et maintenant, nos néo-communistes ont commencé à exiger cela et c’est à peine s’ils n’organisent pas de persécutions. Chez nous vivent des moines et des moniales russes, des prêtres de République de Serbie (Bosnie) et de Serbie. On ne leur donne pas le permis de séjour parce qu’ils ne sont pas citoyens du Monténégro. Cette même approche est réalisée en Macédoine. Le soi-disant métropolite du Monténégro, une création des néo-communistes, Dedeić, destitué par le patriarche de Constantinople, a été reconnu seulement par Philarète. Depuis des années, il concélèbre avec lui. Et comment agira maintenant Constantinople, s’il reconnaît Philarète qui est destitué, transgressant ainsi les décisions du Patriarcat de Moscou ? Alors il lui faudra reconnaître aussi ceux qui concélèbrent avec Philarète et celui qui a été lui-même destitué par Constantinople ! Aussi, nos frères de Constantinople on mal raisonné. Je prie le Seigneur pour qu’Il les aide. Et aussi pour que le Patriarcat de Moscou et nos frères en Ukraine, avec humilité et patience, surmontent un schisme malsain, qui n’est rien d’autre que le fruit de tout ce qui s’est passé, particulièrement dans les années 1920. L’Église est la seule force qui réunit les peuples. Or, maintenant, les forces démoniaques de ce monde et les forces destructrices à l’intérieur de l’Église ainsi que les dirigeants de ce monde réalisent de véritables desseins impérialistes. La guerre en Ukraine continue, et maintenant Constantinople confirme [par sa conduite] que cette guerre est dirigée contre l’Église et l’unité du peuple de Dieu et contre la Russie comme le plus grand pays orthodoxe. Ce n’est pas bon et il n’y a rien de bon pour Constantinople non plus. Elle n’avait pas le droit d’accomplir un tel pas. Il y a encore un espoir que les gens reviendront malgré tout à la raison et au véritable ordre canonique. Comme je l’ai déjà dit, de telles actions de Constantinople remettent en question sa primauté. Je le répète, elle fonde ses actions sur le fait qu’elle est capitale impériale, or elle n’existe plus depuis le XVème siècle. Elle n’existe plus ni en Russie, ni à Constantinople. Aussi, même s’il n’y a plus d’empire, russe ou romain d’Orient, l’Église est restée et elle doit fonctionner sur des bases évangéliques saines. C’est ainsi qu’elle fonctionnait jusqu’à l’empereur Constantin.

Source

This post is also available in: English (Anglais)

Source: Orthodoxie.com

Le patriarche de Serbie Irénée : « Ce que fait le patriarche œcuménique est inouï ! »

Le patriarche de Serbie Irénée : « Ce que fait le patriarche œcuménique est inouï ! »

Le patriarche de Serbie Irénée : « Ce que fait le patriarche œcuménique est inouï ! »

1351

Le patriarche de Serbie s’est exprimé sur la chaîne télévisée de l’Église orthodoxe serbe « HRAM » (voir ci-dessous) au sujet des événements en Ukraine : « Actuellement, l’Église se trouve dans une grande épreuve. Une épreuve, une tentation, qui incite le premier hiérarque de notre Église, le patriarche de Constantinople, à prendre une décision qui peut être catastrophique pour l’Église, à faire ce qu’il n’a aucun droit à faire : c’est de reconnaître une Église schismatique, et voire même de lui accorder l’autocéphalie, c’est inouï ! Nous – je pense toutes les Églises – ferons tout,  pour montrer à quel point cette décision est catastrophique, afin que nous n’en arrivions pas à la division dans l’Église même, qui est encore plus catastrophique. Nous espérons que le Seigneur nous préservera de cette épreuve.

Source

This post is also available in: English (Anglais)

Source: Orthodoxie.com

Une moniale orthodoxe parmi les victimes des inondations dans l’Aude

Une moniale orthodoxe parmi les victimes des inondations dans l’Aude
Une moniale orthodoxe parmi les victimes des inondations dans l’Aude

 

1414

Le monastère du Buisson Ardent, situé à Villardonnel, dans l’Aude a été durement frappé par les très fortes pluies qui ont provoqué des inondations dans la région.
La communauté monastique de la Résurrection se trouve dans la juridiction de la  métropole orthodoxe antiochienne d’Europe occidentale et centrale.
Sœur Elisabeth, une moniale de 88 ans a été retrouvée morte sous les cyprès qui bordent le monastère hier lundi en début de matinée.
Ces inondations sans précédent ont causé de très importants dégâts. Au milieu de la nuit, la véranda du rez-de chaussée a explosé, et lorsque les sœurs sont descendues le matin, elles ont constaté que tout était inondé. Elles ont expliqué avoir eu de l’eau jusqu’aux épaules. Des volontaires sont venus du voisinage afin d’aider la communauté à remettre les meubles et les objets à leur place.
La chapelle a été l’une des pièces les plus touchées. Les livres liturgiques ont été détruits par l’eau et la boue, les stalles ont été déplacées, brisées, mais, grâce à Dieu, les fresques qui ornent le cloître sont presque intactes.
Face à cette situation exceptionnelle, la solidarité des voisins et amis s’est immédiatement manifestée. Pour aider le monastère, vous pouvez faire un don par virement bancaire.

Source 

Source: Orthodoxie.com

Vidéo ci-dessous : un reportage de France 3 Occitanie sur le nettoyage au monastère.

Le patriarche Irénée visite le Mont Athos

Le patriarche de Serbie Irénée visite le Mont Athos

Le patriarche de Serbie Irénée visite le Mont Athos

361

Dès son arrivée sur le Mont Athos, le 1er octobre, le patriarche Irénée s’est rendu à Karyès, où il a été reçu solennellement par les membres de la Sainte Épistasie et le gouverneur civil de la Sainte Montagne, Konstantinos Dimtsas. Après la doxologie en l’église du Protaton, une réception officielle a eu lieu dans le bâtiment de la Sainte Épistasie. De Karyès, le patriarche s’est rendu au monastère de Chilandar, où il a été accueilli par l’higoumène, l’archimandrite Méthode, et sa communauté. Le 2 octobre, le patriarche Irénée a célébré la sainte Liturgie en l’église du monastère, dédiée l’Entrée au Temple de la Très sainte Mère de Dieu. Un grand nombre de fidèles, venus vénérer l’icône miraculeuse de la Mère de Dieu dite « Tricheroussa » (« aux trois mains »), ont assisté à la Liturgie patriarcale.

Source 

Source: Orthodoxie.com

Le pape et patriarche d’Alexandrie Théodore II a appelé les Ukrainiens à demeurer dans l’Église canonique

Le pape et patriarche d’Alexandrie Théodore II a appelé les Ukrainiens à demeurer dans l’Église canonique

Le pape et patriarche d’Alexandrie Théodore II a appelé les Ukrainiens à demeurer dans l’Église canonique

724

Lors de sa visite amicale au diocèse d’Odessa de l’Église orthodoxe d’Ukraine, le patriarche d’Alexandrie Théodore II a appelé les Ukrainiens à demeurer les fidèles enfants de l’Église canonique présidée par le métropolite de Kiev Onuphre. Après un office d’intercession pour l’unité de l’Église du Christ, la cessation des schismes et la paix en Ukraine, célébré en la cathédrale de la Transfiguration du Sauveur à Odessa, le 27 septembre 2018, le patriarche a dit : « Je suis venu ici afin de vous dire : demeurez dans la foi orthodoxe, dans l’Église canonique. L’apôtre Pierre, au premier siècle a vu la Tunique du Christ déchirée. Cette Tunique a été ensanglantée tant d’années. Et il faut tenir cette Tunique dans nos cœurs ». Comme l’a fait remarquer le primat de l’Église orthodoxe d’Alexandrie, « il y a en Ukraine une Église canonique qui est présidée par S.B. le métropolite Onuphre, un homme béni de Dieu et un véritable moine. La semaine dernière, j’ai rendu visite à l’Église orthodoxe de Pologne et j’ai signé avec le métropolite Sava un document selon lequel nous nous trouvons aux côtés de l’Église canonique d’Ukraine. Nous sommes avec ceux qui veulent une Orthodoxie en paix, parce que mon amour est toujours avec vous », a souligné le hiérarque. S’adressant à celui-ci, le métropolite d’Odessa et Izmaïl Agathange a exprimé le souhait que, à l’aide de S.B. le patriarche Théodore II, la situation ecclésiale en Ukraine soit portée à la discussion des Primats des Églises locales orthodoxes. « Nous demandons à Votre Béatitude, d’avoir le discernement spirituel, de ne pas délaisser le peuple de Dieu qui s’adresse au Seigneur et à vous, parce que vous avez exercé votre ministère dans ce pays. Vous connaissez le peuple fidèle d’Ukraine, vous connaissez leur foi, leur espoir. Et nous croyons que le début de votre séjour sur la terre d’Odessa peut résoudre cette question, parce que ce le temps n’est pas venu de diviser, mais de préserver notre unité ecclésiale et rechercher ce qui sert à la paix, à l’unité et à l’édification réciproque », a déclaré le métropolite Agathange. À la fin de l’office, le patriarche d’Alexandrie a béni les nombreux fidèles et s’est exclamé « Le Christ est ressuscité », le peuple répondant « En vérité, Il est ressuscité ! » On peut visionner ci-dessous une vidéo de l’office et des allocutions. Le 28 septembre, le patriarche Théodore II a présidé la divine Liturgie en l’église grecque de la Sainte-Trinité à Odessa, où il a célébré de nombreuses années en tant que représentant du patriarcat d’Alexandrie.

Source

Source: Orthodoxie.com

Le métropolite Hilarion a rencontré le patriarche Irénée et les membres du Saint-Synode de l’Église orthodoxe serbe

Le métropolite Hilarion a rencontré le primat et les membres du Saint-Synode de l’Eglsie orthodoxe serbe

Le métropolite Hilarion a rencontré le primat et les membres du Saint-Synode de l’Église orthodoxe serbe

560

Le 25 septembre 2018, avec la bénédiction de Sa Sainteté le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, est arrivé dans la capitale serbe. Le 26 septembre, le métropolite Hilarion a rencontré Sa Sainteté le patriarche Irénée de Serbie et les membres du Saint-Synode de l’Eglise orthodoxe serbe : le métropolite Porphyre de Zagreb et de Ljubljana, l’évêque Irénée de Bačka, l’évêque Jean de Sumadija et l’évêque Milutin de Valjevo. L’entretien, qui s’est déroulé dans un climat de fraternité et de concorde, a porté sur la coopération entre les Eglises orthodoxes russe et serbe, ainsi que sur les rapports inter-orthodoxes. L’évêque Antoine de Moravici, recteur du métochion de l’Eglise orthodoxe serbe à Moscpou, et l’évêque Stéphane de Remesiana, vicaire de l’archevêché de Belgrade, prenaient part à la rencontre.

Source

Source: Orthodoxie.com

Le pape et patriarche d’Alexandrie Théodore II et le métropolite de Kiev Onuphre ont concélébré la liturgie au monastère de la Dormition à Odessa

Le pape et patriarche d’Alexandrie Théodore II et le métropolite de Kiev Onuphre ont concélébré la liturgie au monastère de la Dormition à Odessa

Le pape et patriarche d’Alexandrie Théodore II et le métropolite de Kiev Onuphre ont concélébré la liturgie au monastère de la Dormition à Odessa

423

Le 29 septembre, jour de la fête de saint Koukcha d’Odessa, le pape et patriarche d’Alexandrie Théodore II et le métropolite de Kiev Onuphre ont célébré la divine liturgie au monastère de la Dormition à Odessa. Aux portes du monastère, le primat de l’Église d’Ukraine a accueilli un grand nombre d’archipasteurs de l’Église orthodoxe d’Ukraine, de Russie et de Moldavie, ainsi que des hiérarques des patriarcats d’Alexandrie et de Bulgarie, le clergé du diocèse d’Odessa et une grande foule de fidèles. Dans son allocution, à l’issue de la liturgie, le primat de l’Église orthodoxe d’Alexandrie a déclaré : « Votre Béatitude le métropolite de Kiev et de toute l’Ukraine, Votre Éminence le métropolite d’Odessa et d’Izmaïl, je suis toujours avec vous. C’est pourquoi je suis ici aujourd’hui. Je suis venu pour fêter le 1030ème anniversaire du baptême de la Rous. Je suis venu pour que tous voient que le patriarche d’Alexandrie est en personne avec vous en ces temps complexes. L’Église d’Alexandrie a toujours préservé les dogmes de l’orthodoxie. Saint Cyrille d’Alexandrie fit convoquer le IIIème Concile œcuménique, afin d’affirmer les dogmes de l’Église. Si nous regardons l’histoire, il y a toujours eu de bonnes relations entre les Églises d’Alexandrie et de Russie. Je voudrais vous offrir, Votre Béatitude, l’icône du saint patriarche d’Alexandrie (Loukaris) qui a visité la terre d’Ukraine pour soutenir la sainte orthodoxie contre l’uniatisme et les schismes. Aujourd’hui, le Seigneur est parmi nous. Qu’Il bénisse l’Ukraine par la paix. C’est ce pour quoi prie l’Église canonique d’Ukraine, qui est présidée par Sa Béatitude le métropolite Onuphre. Comme vous le savez, la vie ecclésiale n’est pas toujours paisible : il y a des troubles et des schismes. Mais restez dans l’Église canonique ! » On peut visionner ici des extraits de la liturgie concélébrée par le patriarche d’Alexandrie et le métropolite de Kiev.

Source (dont photographie)

Source: Orthodoxie.com

Note de mgr Irénée de Bačka à propos de l’Ukraine

Mgr Irénée, évêque de Bačka : « Note à propos du discours ecclésiastique et journalistique imprécis relativement à l’Ukraine »

Mgr Irénée, évêque de Bačka : « Note à propos du discours ecclésiastique et journalistique imprécis relativement à l’Ukraine »

2141

Nous publions en exclusivité la traduction française d’une note de Mgr Irénée de Bačka(Patriarcat de Serbie) parue en grec sur le site Romfea, où il donne son analyse de la situation ecclésiastique en Ukraine.

“Il est chaque jour perceptible, d’une part, que souvent les ecclésiastiques, et davantage encore les hiérarques et théologiens cultivés, et, d’autre part et en règle générale les journalistes, tant ceux du « dehors » que ceux du « dedans », parlent et écrivent, en se rapportant au problème ecclésiastique en Ukraine, que le patriarcat œcuménique de Constantinople envisage ou, selon d’autres, n’envisage pas, d’accorder l’autocéphalie à l’Église d’Ukraine. Toutefois, cette manière de s’exprimer est imprécise sur les plans de l’ecclésiologie et des saints canons, et donc forcément fallacieuse, indépendamment des bonnes intentions de la grande majorité de ceux qui s’expriment de la sorte. Je ne prétends point, naturellement, que pareille formulation est due à un déficit théologique de certains hiérarques et théologiens de l’Église, ou à la volonté des non-théologiens de déformer les choses. J’ai l’impression, à ce sujet, que la terminologie imparfaite est plutôt due à l’inattention et à la négligence.

Je m’explique. En Ukraine il y a l’Église orthodoxe d’Ukraine, canonique, qui d’une part, relève en tant qu’Église locale autonome, du patriarcat de Moscou et qui, d’autre part, est reconnue sans exception aucune par toutes les Églises orthodoxes, avec lesquelles elle est en communion eucharistique. Cette Église ne désire ni n’a demandé à quiconque l’autocéphalie – ni du patriarcat de Moscou, auquel elle appartient, patriarcat qui, en pareil cas, aurait lancé l’ensemble du processus via une proposition propre, ni du patriarcat de Constantinople qui, alors, en tant que premier trône de l’Église, aurait, dans un but de coordination, transmis la question à un jugement panorthodoxe et une décision finale, positive ou rejetant la demande pour un temps ou sine die. À part cette Église ukrainienne canonique, on compte aussi trois entités schismatiques coexistant dans le pays, auxquelles s’ajoute la communauté uniate agressive. C’est précisément avec ces « Églises » schismatiques que les pourparlers sur l’autocéphalie sont menés et, parallèlement, avec les autorités d’Ukraine, à l’exclusion de l’Église canonique et, malgré leur désir, des uniates qui interviennent de manière arrogante aux côtés des schismatiques, cela va de soi. Dès lors, il ne s’agit pas d’un plan destiné à octroyer l’autocéphalie à l’Église d’Ukraine, comme sans cesse on l’entend et le lit, mais d’un programme visant à conférer l’autocéphalie aux entités schismatiques d’Ukraine.

Les actions de Constantinople s’expliquent et se justifient par le fait qu’elles ont pour objectif d’éteindre les schismes et de rétablir l’unité ecclésiastique du peuple ukrainien, en vertu de la théorie récemment formulée, selon laquelle l’Église de Constantinople, en tant que trône œcuménique et mère historique des Églises slaves, a le droit de décider, de jure et per se, faisant fi des limites juridictionnelles existantes des Églises autocéphales locales et sans être liée par leur position ou leur opposition. Néanmoins, cette théorie est infondée car, en accord avec la gouvernance de l’Église, il n’y a aucune instance supérieure à la hiérarchie et au plérôme de l’Église autocéphale si ce n’est l’institution synodale, à savoir l’autorité du Synode (concile) de toutes ou de la majorité des Églises autocéphales (concile œcuménique) ou du Synode de la plupart des Églises d’une région plus large (grand concile). Le premier évêque de l’Église d’Orient n’est pas le premier dans l’absolu, comme c’est le cas dans la juridiction de l’ancienne Rome, mais il est le premier dans le Synode. Selon le 34e canon apostolique bien connu, le synode sans le premier est inopérant, mais aussi bien le premier sans le synode est inexistant. Il s’ensuit donc que le patriarche œcuménique n’a pas le droit de discuter, et bien davantage de décider, relativement au statut de l’Église d’Ukraine -et, implicitement, de toute autre Église- per se, par-dessus le synode et de sa propre initiative.

Il y a un autre problème ! De quelle manière serait-il possible de rétablir les évêques et les prêtres réduits à l’état laïc, de leur chef, Denisenko, pseudo-patriarche de Kiev, qui n’est pas seulement réduit à l’état laïc mais est en outre excommunié et frappé d’anathème ? Une Église, quelle qu’elle soit, y compris la première quant au rang et à l’honneur, peut-elle rejeter ou considérer comme nulles et non avenus les actes et décisions d’une autre Église-sœur ? De plus, une Église, quelle qu’elle soit, a-t-elle le droit de reconnaître ou de ne pas reconnaître les actes canoniques d’une autre Église, au cas par cas, en se fondant, en outre, sur des critères non affirmés ? C’est tout le contraire : les ordinations, promotions, transferts, canonisations etc. qui ont lieu dans une Église, d’une part, mais également les réductions à l’état laïc, les suspensions, les exclusions et autres peines, d’autre part, deviennent automatiquement recevables et valables dans toutes les Églises sans aucune exception. Si ce principe de réciprocité et de périchorèse devenait caduque, c’est toute la structure et tout le mode de fonctionnement de l’organisme ecclésiastique qui serait aussitôt aboli. L’application correcte de ce principe précité exclut tout d’abord, d’une part, le dialogue « sur pied d’égalité » avec les schismatiques, et ensuite, d’autre part, débouche sur leur retour, une fois repentis, dans l’unité et l’ordre canonique de l’Église. C’est alors qu’ils peuvent et ont le droit de présenter leurs requêtes, et surtout l’autocéphalie, dans leur Église, d’abord et, par elle, ensuite, dans l’Église tout entière.

Cette méthode a été suivie de manière immuable par le patriarcat œcuménique de Constantinople, tant vis-à-vis des entités schismatiques en Ukraine, que du schisme à Skopje. A l’époque de Sa Sainteté l’actuel patriarche de Constantinople, il fut un temps où les schismatiques de Skopje n’étaient pas reçus au Phanar, pour discuter de leur sujet, sans l’accord préalable du patriarche serbe. Il était, alors, inconcevable qu’ils s’adressent directement au patriarche œcuménique, passant outre à l’Église dont ils s’étaient séparés, et que leurs écrits soient inscrits sur l’ordre du jour du saint et sacré synode de Constantinople : l’Église de Serbie pour sa part n’a été mise au courant de ces événements que par les mass media, comme cela a eu lieu il y a trois jours. L’analogie avec la question de l’Ukraine saute aux yeux. Et l’on peut s’interroger : quel est le contenu du terme Église autocéphale ?

Cependant, ce qui est pire et bien plus triste, c’est que le but annoncé de l’entreprise Ukraine -à savoir l’abolition des schismes et la réunification des chrétiens orthodoxes d’Ukraine est d’avance condamné à l’échec. On ne vient pas à bout des schismes avec des demi-mesures et sur la base du retour formel et artificiel des schismatiques qui jouissent du soutien actif du pouvoir séculier et de centres politiques étrangers indéfinis, qui agissent généralement dans l’ombre. Tout au plus, c’est la baisse relative du nombre des entités schismatiques qui sera atteinte : en lieu et place des trois entités d’aujourd’hui, nous aurons, éventuellement ou probablement, une nouvelle « fédération », fondamentalement très peu unie, reconnu epar quelques Églises, non reconnue par d’autres, tandis que l’Église canonique, majoritaire, demeurera là où elle se trouve actuellement – sous le patronage et l’égide du patriarcat de Moscou. Et ce même sieur Denisenko -antérieurement Philarète, métropolite de Kiev, l’un des deux candidats les mieux placés, alors, pour occuper le trône patriarcal de Moscou ,et aujourd’hui prétendu « patriarche de Kiev » auto-proclamé (mais conservera-t-il ce titre ?)-, il confirme la certitude de ma parole, en affirmant qu’à l’avenir les russophones appartiendront à Moscou, comme c’est le cas jusqu’à présent, quant à ceux qui parlent ukrainien appartiendront à lui-même (à qui d’autre ?). Un détail pourtant a échappé à cet homme vénérable quant à l’âge mais à part cela pitoyable et lamentable : il a oublié de mentionner que tous les habitants de l’Ukraine sont russophones, tandis que certains, et pas un peu, parlent aussi l’ukrainien. Je présume d’ailleurs que l’âge avancé dans le cas de M. Denisenko, et l’approche des élections dans le cas de Monsieur Porochenko, constituent des tremplins non négligeables pour l’empressement et l’impatience des deux ; mais je ne saisis point la raison pour laquelle Constantinople devait se hâter. Quel est le gain de tout cela pour l’Orthodoxie ? Cela vaut-il la peine de mettre en jeu son unité pour un pareil objectif ? J’en doute fort. Le schisme demeurera d’une façon ou d’une autre, à trois ou à un seul. C’est donc en vain que la grande Église du Christ se fatigue. J’ai bon espoir qu’elle a en vue le glaive tremblant du grand schisme, non seulement en Ukraine mais encore dans toute l’oecumène orthodoxe. Que Dieu nous en garde !

Je sais que dans le passé, de nombreux schismes -mais encore des mouvements hérétiques ont été résorbés et que leurs adeptes, ayant fait pénitence et désavoué leurs erreurs, ont été réunis à l’Église. Mais d’après ce que je sais, c’est la première fois que se produit dans l’histoire multiséculaire de l’Église, l’entreprise de rétablissement des schismatiques dans le Corps ecclésial et simultanément leur ascension automatique vers le mode historique supérieur d’existence ecclésiale ainsi que de leur entrée dans la constellation des Églises les plus illustres et éminentes, et cela sans la moindre période intermédiaire de mûrissement, d’ascèse et de recouvrement de l’esprit et de la conscience ecclésiaux, mais simplement et uniquement « par la grâce et les intercessions » du premier trône de l’Église.

Mentionnons de même, que certaines Églises historiques, glorieuses de par leur niveau spirituel, de leur témoignage et de leur apport, qui ne sont jamais tombées dans le gouffre de l’hérésie ou du schisme, qui n’ont pas encore obtenu l’autocéphalie et ne l’obtiendront jamais, et qui malgré cela ne protestent pas, et encore moins se plaignent ou se lamentent. Par conséquent la conclusion oxymore s’impose : une communauté schismatique, tôt ou tard, sera innocentée et rétablie, et plus encore promue Église autocéphale. De cette manière, le schisme cesse d’être un péché et un crime mortel, même pas lavé par le sang du martyre, et est transformé en faute simple et légère, facilement guérissable et, finalement c’est un comble !- sera récompensé. Que nous le voulions ou non, les clôtures sont ignorées pour de nouveaux schismes, et l’Église orthodoxe court le danger de devenir une quelconque vigne sans clôture : dommage irréparable, scandale pour les consciences, et la perte de tout crédit dans le chef de notre Église face aux hétérodoxes, aux autres croyants et aux incroyants.

J’écris cela avec beaucoup de peine et plus encore de douleur, respectueux et aimant, du fond de mon âme, la grande Église du Christ martyre. « Je dis la vérité en Christ, je ne mens point, ma conscience m’en rend témoignage par le Saint-Esprit : J’éprouve une grande tristesse, et j’ai dans le cœur un chagrin continuel » (Rom 9,1 ; cf. 2 Cor 11,31. Gal 1,20. 1 Tim 2,7), en raison des situations, tensions et dissensions à propos de la guérison des plaies dues aux schismes. Les schismes, comme celui dont il est question, au lieu d’être abolis, provoquent, paradoxalement, des schismes spirituels et psychiques supplémentaires au sein même de ceux qui luttent pour l’unité, la stabilité et la marche harmonieuse des saintes Églises de Dieu. Et c’est précisément pour ces dernières valeurs que « le souci pour toutes les Églises » (2 Cor, 11, 28) irrigue aussi mon cœur, moi évêque orthodoxe, de sorte qu’à « moi qui suis le moindre de tous les saints » (Eph. 3,8 ; cf. 1 Cor, 15,9), c’est-à-dire des chrétiens, il n’est pas permis de me taire, afin d’échapper aux causes, méprisables et nombreuses, de manque de foi, de traîtrise, de désertion, etc. Au contraire, mon amour pour l’Église du saint apôtre André et pour toute Église orthodoxe me pousse à m’exprimer au lieu de me taire, et de parler en conscience et sincérité.

Je souhaite de tout cœur et avec passion : que le Fondateur et Époux de l’Église, notre Seigneur Jésus Christ, par la grâce du très saint Esprit, et la complaisance de Dieu le Père, par les intercessions de nos saints Pères théophores Jean Chrysostome, Grégoire le Théologien, Photius le Grand et de tous ceux qui ont orné le siège de la Nouvelle Rome, ainsi que des saints métropolites de Kiev et des patriarches de Moscou, et de tous les saints, aie pitié de nous, nous illumine et nous sauve tous !

† Irénée de Bačka”

Source: Orthodoxie.com

Protestation du Patriarche Irénée au sujet de “l’autocéphalie” ukrainienne

Le patriarche de Serbie Irénée adresse une protestation au patriarche de Constantinople Bartholomée au sujet de « l’autocéphalie » ukrainienne et d’autres entités schismatiques semblables

Le patriarche de Serbie Irénée adresse une protestation au patriarche de Constantinople Bartholomée au sujet de « l’autocéphalie » ukrainienne et d’autres entités schismatiques semblables

735

L’agence grecque Romfea.gr publie en exclusivité des extraits d’une lettre de 15 pages adressée par le patriarche de Serbie Irénée au patriarche œcuménique Bartholomée, au sujet de l’autocéphalie ukrainienne, et des problèmes similaires au Monténégro et en République de Macédoine. Nous publions ci-dessous le résumé de la lettre effectué par Romfea.gr avec les citations du document original :
“La raison de la lettre est l’inquiétude du Saint-Synode de l’Église orthodoxe serbe et de son patriarche suite aux immixtions des hiérarques du Patriarcat œcuménique relatives à l’octroi du Tomos d’autocéphalie à des entités schismatiques ukrainiennes « contre la volonté… de l’Église orthodoxe russe… au nom de la maternité ecclésiastique du passé, qui est un paramètre canonique récemment apparu », ajoutant qu’un « argument semblable est programmé également pour ‘l’Église orthodoxe de Macédoine’ ». « L’hérésie de l’ethnophylétisme constitue l’une des infortunes essentielles de l’Orthodoxie contemporaine », est-il dit entre autres dans la lettre. En outre, le patriarche de Serbie souligne que les États contemporains sécularisés s’efforcent d’utiliser l’Église pour servir leur idéologie et leur autorité et, pour atteindre ce but, recourent à un ethnophylétisme malsain et à une mentalité étatique sécularisée, qui à leur tour « ne réussissent qu’à une chose – menacer le caractère catholique et universel de l’Église de Dieu, et ce faisant, sa mission naturelle envers tous les peuples ». Le patriarche Irénée écrit : « Les États, peuples et ‘peuples’, parmi lesquels est demandée aujourd’hui l’autocéphalie, mènent en réalité des                « schismes politiques » et justifient ouvertement leur activité funeste en invoquant l’intérêt étatique et national (Ukraine, « Macédoine du Nord », Monténégro…). Ces États sont des créations des communistes, ayant aujourd’hui pour la plupart à leur tête des athées, comme c’est le cas du gouvernant non baptisé et athée du Monténégro [Milo Đukanović, ndt] ou le « fidèle très rassemblant » à la tête de l’Ukraine [i.e. Petro Porochenko, ndt], qui se fait voir tant dans l’Église canonique, que chez les schismatiques et les uniates. Ces gouvernants ne demandent pas l’Église autocéphale en tant que – prétendus – membres fidèles de celle-ci, mais dans un but opportuniste ou plutôt inopportun, l’utilisant pour consolider une idéologie séculière, en fait athée, ainsi que leurs intérêts mesquins. Il s’agit, en dernière analyse, d’une maltraitance de l’Église et de la foi ». « Le consentement de l’Église à une telle maltraitance est-elle    permise ? Destinée à transformer et à sauver le monde déchu, lui est-il permis de s’adapter et de plaire à celui-ci ? » sont les questions que pose le primat de l’Église de Serbie, en premier lieu au Patriarcat œcuménique « notre Église-mère, qui est appelée, en sa qualité d’Église primatiale, à servir, de façon désintéressée et sacrificielle, l’unité de l’Église ». Selon l’opinion du patriarche de Serbie Irénée, « dans toutes les conditions, sous les influences et les pressions possibles, il ne saurait être permis [au Patriarcat œcuménique, ndt] de procéder à quelque action hâtive pouvant provoquer un dommage à l’unité panorthodoxe, et particulièrement de prolonger la vie des schismes, que par ailleurs il aspire à guérir et à dépasser». Se référant à l’Ukraine, le patriarche de Serbie caractérise de « fort périlleux voire de catastophique, probablement aussi fatal pour l’unité de la sainte Orthodoxie », l’acte « d’innocenter et de rétablir les schismatiques au rang des évêques, particulièrement l’archi-schismatique, le ‘patriarche’ de Kiev Philarète Denissenko, et de faire revenir des schismatiques dans la communion liturgique et canonique, sans leur repentir et leur retour dans l’unité de l’Église orthodoxe russe dont ils se sont détachés, et tout cela sans le consentement du Patriarcat de Moscou et sans coordination avec lui ». Le patriarche de Serbie souligne que l’immixtion de feu le patriarche [de Constantinople] Grégoire VII dans les affaires de l’Église russe et sa position envers le saint patriarche Tykhon (auquel il avait proposé de démissionner), son soutien au schisme des « rénovés » [formation schismatique moderniste soutenue par les bolcheviques, ndt] dans les années 1920, ne peut en aucun cas servir d’exemple à imiter. Selon l’auteur de la lettre, l’acte de rétablissement des schismatiques ukrainiens « signifierait en même temps une attitude inamicale envers l’Église martyre des pays russes », ce que le patriarche Serbe ne saurait attendre « de la Grande Église du Christ [i.e. le Patriarcat de Constantinople, ndt] martyre ». Examinant la question de la soi-disant subordination du diocèse métropolitain de Kiev à la juridiction de Constantinople, l’affirmation selon laquelle ce diocèse « a appartenu continuellement » à cette dernière, le patriarche Irénée demande « comment on peut alors expliquer le fait que Moscou, aussi longtemps, durant plus de trois siècles, a exercé et exerce maintenant sa juridiction sur Kiev sans protestation aucune, y compris de la Grand Église du Christ », concluant que « les sources historiques disponibles ne confirment pas l’affirmation selon laquelle Moscou n’aurait pas en fait de compétence sur Kiev ». La lettre fait encore référence à l’ancienne tradition et pratique canoniques « de l’ancienneté », « des anciens usages », des « relations admises par tous » qui soutiennent les droits des Russes sur Kiev. Le patriarche Irénée rappelle que le Concile de Crète a entériné l’existence des quatorze Églises orthodoxes autocéphales dans leur limites territoriales canoniques actuelles. « Par la constatation en question du Concile de Crète, il est reconfirmé implicitement que l’Église autonome d’Ukraine se trouve sous la juridiction du patriarcat de Moscou et qu’elle appartient entièrement à celui-ci organiquement ». Soulignant le fait que l’Église de Constantinople est à égalité Église-Mère tant de Kiev, de Moscou, de Tarnovo et d’autres, le patriarche de Serbie observe : « L’honneur et la dignité de la maternité ecclésiastique n’accorde pas ipso facto à l’Église-Mère le droit de mépriser et, d’autant plus, de mettre en doute, les autocéphalies et juridictions historiquement instituées ». Il ressort de ce qui est dit que le Patriarcat œcuménique ne peut décider de plein droit, sans les Églises de Serbie et de Russie, l’avenir de l’archevêché d’Ohrid et du diocèse de Kiev. La lettre souligne que la procédure d’acquisition et de proclamation de nouvelles autocéphalies a été convenue d’un commun accord par les Églises orthodoxes locales [lors d’une réunion préconciliaire à Chambésy, ndt]. Elle prévoit que Constantinople est une simple coordinatrice du problème. Après avoir reçu la proposition d’une Église quelconque relativement à l’octroi de l’autocéphalie à certains diocèses de celle-ci, elle [i.e. Constantinople, ndt] transmet la demande à toutes les Églises locales autocéphales, et la question est réglée en conformité avec leur décision commune. « Le texte officiel définitif y relatif a été publié dans les pages de la publication périodique « Synodika » du Centre du Patriarcat œcuménique à Chambésy ». Le patriarche de Serbie déclare : « C’est là la prise de position acceptée et reçue communément par les Églises orthodoxes et non la position de l’un des hiérarques de Votre très-sainte Église, selon laquelle le Trône œcuménique seul, sans les autres, sans les égaux (sine paribus), accorde ou abroge les autocéphalies, agissant ainsi depuis 1350 années continues ( !) ». Dans un autre passage de la lettre, le patriarche Irénée s’adresse au Patriarche œcuménique comme suit : « Il ne vient nullement à notre esprit, Toute-Sainteté – le souhait et l’intention ne nous en effleurent même pas – de vous froisser ou de vous attrister tant soit peu, mais nous sommes néanmoins contraints de vous rappeler votre promesse, donnée à Chambésy, en présence des Primats des Églises orthodoxes – en présence, par conséquent de notre humble personne également – que vous n’interviendrez pas dans les affaires de l’Église d’Ukraine ». La lettre du patriarche de Serbie attribue une grande importance au danger de violation des droits juridictionnels de sa propre Église au Monténégro, où « une parasynagogue ou secte dépourvue de la grâce divine », s’appelle « Église du Monténégro », tandis que « sa sœur aînée à Skoplje, croit et claironne qu’après l’octroi de l’autocéphalie aux schismatiques ukrainiens, elle aussi recevra la reconnaissance et l’autocéphalie ». Évoquant les dirigeants des schismes au Monténégro et en Ukraine, le patriarche serbe conclut que le cas du Monténégro est à mettre en relation avec celui de l’Ukraine et que le clergé non canonique de l’ex-République Yougoslave de Macédoine et du Monténégro espère bien qu’il sera rétabli à l’instar de Denissenko [le « patriarche » schismatique de Kiev, ndt]. Le patriarche Irénée croit qu’une telle chose, du point de vue du droit canon, serait tragiquement absurde. En conclusion, le Primat de l’Église serbe appelle le patriarche œcuménique à être circonspect, souhaitant en même temps que le Christ accorde la force à l’Église-Mère « afin de ne pas se courber devant les pressions, ainsi que la sagesse qui vient d’en-haut afin de demeurer toujours et à jamais fidèle à elle-même, à sa mission et à son ministère ».”

Source

Source: Orthodoxie.com