Archimandrite ANTOINE, Abbé et Syncelle du Diocèse de l’Église Orthodoxe Serbe 1943 – 2018
Basilique Saint Gény de Lectoure O2 12 2018
Bien Chers Frères en Christ,
Quelle joie de nous retrouver unis, clergé et fidèles, pour cette circonstance afin de rendre grâce à Dieu d’arriver à cet âge après une longue vie missionnaire en faveur des plus défavorisés dans une société qui a perdu grand nombre de ses repères fondamentaux.
Depuis le 31 octobre 1962 où j’ai reçu le saint habit religieux je n’ai jamais quitté la soutane car elle est comme la barrière visible de ma consécration au Seigneur faite lors de mes premiers vœux, le 8 décembre 1963, en Italie.
Toute ma jeunesse dans une famille modeste et pratiquante ne peut être que le ciment de la persévérance. Lorsque nous regardons ces années où les familles allaient à la messe tous ensemble, à pied et parfois à plusieurs kilomètres, où le respect régnait, où la télévision et l’internet n’avaient pas tout envahi avec ses ravages, parce que mal utilisés, où l’autorité n’avait pas abdiquée, on vivait heureux, sans se poser de questions, et on suivait la sagesse des anciens.
De nos jours nous sommes dans un tourbillon, un ouragan permanent où tout est remis en question, où l’autorité a démissionné, même les valeurs fondamentales essentielles de la Famille, de l’Éducation, de la Religion.
La « pensée unique » occidentale a cru pouvoir combler l’homme par le matérialisme et l’individualisme… Et pourtant, malgré tous les progrès, réels ou factices, qu’elle connaît, notre société ne se porte pas aussi bien que certains voudraient nous le faire croire. Avec les progrès matériels et le matérialisme qui va avec, nous en sommes arrivés à surconsommer et à gaspiller quand d’autres régions du monde vivent dans un dénuement souvent effroyable.
L’homme n’est pourtant pas satisfait, s’habitue au bien acquis et en convoite d’autres, indéfiniment. Cette éternelle insatisfaction liée au matérialisme pourrait se résoudre si, en mettant Dieu à la première place, l’homme comprenait que tout bien, toute chose, doit le faire tendre vers Dieu et non vers un simple désir personnel.
Il ne s’agit pas de comparer un monde « ancien » avec un monde « nouveau » ni de s’en tenir à un discours affirmant de manière parfois simpliste que « c’était mieux avant ». Chaque époque de l’histoire des hommes a connu son lot de tourments. Mais l’avenir de l’humanité n’a jamais autant été menacé qu’aujourd’hui : des menaces tangibles comme les guerres et le terrorisme islamique expansionniste, mais aussi parce que le monde qui se coupe de Dieu est un monde qui vit dans le non-sens parfois le plus absurde, dans les paradoxes les plus terribles. Alors que nous avons connu des progrès scientifiques immenses, notamment dans le domaine médical, il n’y a pourtant jamais eu autant de personnes malades, avec surconsommation de somnifères et antidépresseurs…
Et alors que l’on nous vante les nouveaux moyens de communication, censés nous rapprocher et faire de nous des êtres connectés, tant de personnes souffrent de solitude, d’isolement, de dépression. On discute sur les réseaux sociaux avec des inconnus alors que l’on n’est même plus capable de dire bonjour à un voisin ou que l’on se fâche durablement avec un proche pour des futilités. Le monde sans Dieu est riche de tels non-sens.
Ce monde sans Dieu prétend affranchir l’homme des « vieilles règles » pour lui offrir la liberté. Mais la véritable liberté ne consiste pas à faire ce que l’on veut, n’importe quand, n’importe comment. Comment peut-on en effet espérer former une société réellement fraternelle si chacun peut fixer ses propres règles, les modifier au gré du vent et les imposer aux autres ? L’idéologie libertaire a généré une civilisation qui n’en est plus vraiment une puisque que chacun est invité à mettre en avant son ego, ses intérêts personnels, à devenir un être sans foi ni loi prêt à tout ou presque pour satisfaire ses désirs. Chacun devenant détenteur de sa propre vérité, la confusion entre le vrai et le faux, entre le bien et le mal, est inévitable puisque tout devient relatif.
L’une des principales cibles de la pensée destructrice est la famille, puisque celle-ci constitue le noyau de toute forme de société. L’idéologie libertaire a encouragé l’infidélité conjugale, le divorce et l’hyper sexualisation , avec les conséquences calamiteuses que l’on connaît : familles brisées, enfants victimes des séparations et de sordides conflits conjugaux ou encore de l’abandon éducatif des parents davantage préoccupés par leur vie personnelle et par eux-mêmes. Sous prétexte d’égalité, on veut rendre similaires des situations de vie qui ne peuvent l’être par nature, notamment en terme de procréation et donc de filiation. Et parce que la déconstruction de la famille est un processus fortement engagé dans les sociétés occidentales, des pays comme la France envisagent de permettre à des femmes seules ou à des couples de femmes d’avoir recours à la procréation assistée.
L’humanité traverse aujourd’hui l’âge spirituel le plus obscur que jamais et les ténèbres vont en grandissant… Beaucoup perdront la foi, les églises se videront. Nous sommes tous pécheurs. Satan est le trône de l’orgueil ; et la plus grande arme qui soit contre le trône de l’orgueil s’appelle l’humilité. Et le meilleur exemple d’humilité à suivre est celui de la Vierge Marie. Nous sommes liés à la Mère de Dieu comme par un cordon spirituel. Quant à notre force, nous devons la puiser dans l’Eucharistie. Et parce que nous croyons en Dieu, nous devons rester dans l’espérance, surtout ne pas désespérer.
En effet, « la foi sans les œuvres est morte » et nous sommes donc appelés à témoigner et à faire le bien. Par le sacrement du Baptême, nous ne sommes pas seulement appelés à être des croyants mais les disciples de Jésus. Témoigner donc, mais également faire le bien, non pas au nom d’un quelconque humanisme mais au nom du Christ qui nous le demande. Nous sommes tous appelés à la sainteté et à refléter Jésus-Christ dans le monde d’aujourd’hui et ce n’est pas en adoptant l’esprit du monde que nous y parviendrons mais en suivant Celui qui est LE Chemin, LA Vérité et LA Vie. Prendre pleinement conscience du trésor de la foi que nous devons transmettre avec fidélité et courage, aujourd’hui comme hier, malgré les obstacles auxquels nous devons faire face.
Grâce à vos dons les Pères ont pu commander à nos Moniales de Ste Elisabeth de Minsk trois icônes peintes dans la prière et l’ascèse :`
Notre Dame Porte du Ciel qui fait tant de miracles et qui protègera vos Familles,
Saint Prosper d’Aquitaine, un grand saint de notre région, dont nous possédons le crâne et qui vécut sur nos terre de 390 à 463, théologien qui participa au Concile de Chalcédoine pour soutenir la Foi orthodoxe contre les hérésies, il nous aidera à rester dans la voie droite de la vérité qui sauve , et enfin un néo-martyr Joseph Munoz, le pèlerin à travers le monde de l’Icône miraculeuse Notre Dame Porte du Ciel qu’il fit vénérer sur tous les continents par des multitudes de fidèles. Devenu moine Amboise au Mont-Athos il a été martyrisé et massacré , en plein centre d’Athènes le 18/31 octobre1997, fête du saint Evangéliste Luc, , né en 1948 au Chili, il repose au Monastère russe hors-frontières de Jordanville (USA). Grâce à l’icône qu’il a fait vénérer dans le monde entier, du Canada et du Brésil à l’Europe et à l’Australie, il avait rappelé aux pauvres humains fascinés par un hédonisme abject le prix de la pureté, de la chasteté et du sacrifice. Lors de la canonisation de St Jean Maximovitch le 19 juin 1994 à San Francisco, où je me trouvais, j’ai pu vénérer cette Icône miraculeuse de Notre Dame porte du Ciel et rencontré le Moine Joseph qui l’avait apportée et avec qui j’ai fait la procession dans les rues de cette grande ville avec des milliers de fidèles.
Merci donc à tous les fidèles qui nous ont permis de recevoir ces trois saintes Icônes devant lesquelles nous prierons chaque jour à toutes vos intentions. Votre générosité nous permet enfin d’achever les travaux de Béthanie qui fonctionnera dès l’an prochain pour se reposer et se ressourcer à tous ceux qui le souhaiterons dans l’esprit de la Maison de Lazare, Marthe et Marie, maintenant un monastère de moniales proche de Jérusalem où vivait mon Père spirituel, de sainte mémoire , l’archimandrite Theodosios, et où nous célébrions la Divine Liturgie lors de nos Pèlerinages avec le Clergé et les Fidèles.
Merci à TOUS et que la Trinité vous bénisse, que Marie, la Théotokos, vous couvre de son Saint Voile, que Saint Prosper d’Aquitaine, appelé l’Extirpateur des hérésies, par Saint Photios, et que le Néo-Martyr Joseph, nous viennent en aide. Amen !