Saint et Grand Jeudi

À ta mystique et sainte Cène, ô Fils de Dieu, donne-moi de participer.

A l’immortelle et sainte table que le Maître a préparé dans la chambre haute, venez fidèles, prenons part en élevant nos cœurs, car le Verbe est présent là-haut; nous l’avons appris du Verbe lui-même, dont nous chantons la gloire.

Il versa de l’eau dans un bassin et Il se mit à laver les pieds des disciples.

En ce jour, l’inaccessible Seigneur fait œuvre de serviteur: Il se ceint d’un linge, Celui qui de nuages enveloppe le ciel; Il verse l’eau dans un bassin, Celui qui divisa la mer Rouge autrefois; se mettant à genoux, Il commence à laver les pieds des Disciples divins, les essuie du linge dont Il est ceint et, ce faisant, Il s’adresse à ses Disciples, leur disant: Vous êtes purs, pas tous cependant, désignant ainsi celui qui devait Le trahir.

Dimanche des Rameaux à Albi

Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !

En accomplissant la prophétie sur le doux Roi, le Roi de la paix et de l’humilité, Jésus, le Seigneur de l’univers, monte sur un ânon, tandis que les hommes Le glorifie comme Roi et thaumaturge de ce monde ; « Hosanna ! Béni soit… le Roi d’Israël ! ». Ce faisant, le Seigneur veut nous montrer que Son Royaume « n’est pas de ce monde », que Son œuvre n’a rien de politique (cf. Jn XI, 48), que Son royaume est : la vérité, l’immortalité, la vie éternelle. Mais personne ne le comprenait, pas même Ses disciples, jusqu’à ce que Jésus ressuscitât des morts. Le peuple a seulement ressenti dans la résurrection de Lazare la grandeur du miracle : « la foule vint au devant de Lui, parce qu’elle avait appris qu’Il avait fait ce miracle ». Les témoins oculaires attestent : « Tous ceux qui étaient avec Jésus, quand Il appela Lazare du sépulcre et le ressuscita des morts, Lui rendaient témoignage ». Et Lazare ? Comme un monument vivant de l’immortalité et de la Résurrection, il est là, parmi eux. Un témoignage plus convaincant et plus total ne peut exister. La nature humaine, la logique sceptique dépose-t-elle les armes ? Oui, elle les dépose. Mais la méchanceté humaine, la malice humaine, la jalousie humaine ne le peuvent. En voici une preuve : « Les pharisiens se dirent donc les uns aux autres : vous voyez que vous ne gagnez rien ; voici, le monde est allé après Lui ». ” Le monde “, tout le monde, pas seulement le peuple ou les hommes. Mais cependant, ils maintiennent leur décision : tuer Jésus. C’est encore une preuve du degré de la force du mal ennemi de Dieu dans l’homme. Vraiment, l’âme humaine est dans le délire et la folie à cause du péché. Il s’agit d’une maladie incurable, aucun remède humain ne peut aider ; il n’y a que ce remède : le Dieu-homme et Son œuvre dépassant l’entendement humain, qui sauve les hommes du péché, de la mort et du diable. C’est pourquoi le Verbe de Dieu s’est incarné, car Il pouvait seul sauver l’homme. Lui-seul, et personne d’autre parmi les anges ou les hommes.                            Saint Justin de Tchélié

Tropaire, t. 1

Pour affermir avant ta Passion * la croyance en la commune résurrection, * d’entre les morts tu as ressuscité Lazare, ô Christ notre Dieu; * comme les enfants de ce temps, nous portons les symboles de victoire * et te chantons comme au vainqueur de la mort: * Hosanna au plus haut des cieux, * béni soit celui qui vient au nom du Seigneur.

Fête de Sainte Marie l’Égyptienne

Cinquième Dimanche de carême à Nérac

Icône de Sainte Marie l’Égyptienne

Notre Sainte Mère Marie était native d’Egypte. Dès l’âge de douze ans elle quitta ses parents pour se rendre à Alexandrie, où elle vécut pendant dix-sept ans dans la débauche et le plus grand dérèglement. Subsistant au moyen d’aumônes et du tissage du lin, elle livrait néanmoins son corps à tout homme, sans y être poussée par la misère, comme tant d’autres pauvres femmes, mais comme si elle était brûlée par le feu d’un désir que rien ne pouvait assouvir. Un jour, voyant une foule de Lybiens et d’Égyptiens se diriger vers le port, elle les suivit et s’embarqua avec eux pour Jérusalem, offrant son corps pour payer le prix de la traversée. Quand ils parvinrent à la Ville sainte, elle suivit la foule qui se pressait vers la basilique de la Résurrection, le jour de l’Exaltation de la Croix. Mais, lorsqu’elle parvint sur le seuil de l’église, une force invisible l’empêcha d’y entrer, malgré ses efforts réitérés, alors que les autres pèlerins franchissaient aisément la porte.

Icône de Saint Zosime donnant la communion à Sainte Marie l’Égyptienne

Restée seule dans un coin du narthex, elle commença à réaliser que c’était l’impureté de sa vie qui l’empêchait d’approcher le Saint Bois. Elle répandit des larmes abondantes et se frappa la poitrine, et voyant une icône de la Mère de Dieu (1), elle lui adressa cette prière : « Vierge Souveraine qui as enfanté Dieu dans la chair, je sais que je ne devrais pas regarder ton icône, Toi qui es pure d’âme et de corps, car, débauchée comme je suis, je dois t’inspirer le dégoût. Mais puisque le Dieu né de Toi est devenu homme pour appeler les pécheurs au repentir, viens à mon aide ; permets-moi l’entrée de l’église pour me prosterner devant Sa Croix. Et dès que j’aurai vu la Croix, je Te promets de renoncer au monde et aux plaisirs, et de suivre le chemin de salut que tu me montreras. »

Elle se sentit soudain délivrée de cette puissance qui la retenait et put entrer dans l’église où elle vénéra avec ferveur la Sainte Croix ; puis, revenue vers l’icône de la Mère de Dieu, elle se déclara prête désormais à suivre le chemin qu’Elle lui indiquerait. Une voix lui répondit d’en haut : « Si tu passes le Jourdain, tu y trouveras le repos. »

église du Monastère St Gérasime du Jourdain

En sortant de l’église elle acheta trois pains avec l’aumône reçue d’un pèlerin, se fit indiquer la route qui menait au Jourdain et elle arriva le soir à l’église de Saint-Jean-Baptiste. Après s’être lavée dans les eaux du fleuve, elle communia aux Saints Mystères, mangea la moitié de l’un des pains et s’endormit sur le rivage. Le lendemain matin, elle passa le fleuve et vécut dès lors dans le désert, pendant quarante-sept ans, sans-y rencontrer personne, ni homme ni animal.

Pendant les dix-sept premières années de son séjour, ses vêtements étant bientôt tombés en lambeaux, brûlant de chaleur le jour et grelottant de froid la nuit, elle se nourrissait d’herbes et de racines sauvages. Mais plus que les épreuves physiques, elle devait affronter les violents assauts des passions et le souvenir de ses péchés, et c’est en se jetant à terre qu’elle suppliait la Mère de Dieu de lui venir en aide. Protégée par Dieu, qui ne désire rien de plus que le pécheur revienne à Lui et vive, elle déracina de son cœur toutes les passions par cette ascèse extraordinaire et put convertir le feu du désir  charnel en une flamme d’amour divin, qui lui faisait endurer avec joie, tel un être incorporel, l’implacable désert.

Après tant d’années, un saint vieillard, nommé Zosime (cf. 4 avril), qui, selon la tradition instaurée par Saint Euthyme, s’était engagé dans le désert au-delà du Jourdain pour y passer le Grand Carême, aperçut un jour un être humain, le corps noirci par le soleil et les cheveux blancs comme de la laine tombant jusqu’aux épaules. Il courut derrière cette apparition qui s’enfuyait à son approche, en la suppliant de lui accorder sa bénédiction et quelque parole de salut. Quand il parvint à portée de voix, Marie, appelant par son nom celui qu’elle n’avait jamais vu, lui révéla qu’elle était une femme et elle lui demanda de lui jeter son manteau afin de couvrir sa nudité.

Sur les instances du Moine, ravi d’avoir enfin rencontré un être théophore qui avait atteint la perfection de la vie monastique, la Sainte lui raconta avec larmes sa vie et sa conversion. Puis, ayant achevé son récit, elle le pria de se rendre l’année suivante, le Grand Jeudi, avec la Sainte Communion sur les bords du Jourdain. 

L’Archimandrite CHRYSOSTOME Higoumène de St Gérasime du Jourdain (à droite) offre une grande icône de Ste Marie l’Égyptienne vénérée au Monastère St Gény de Lectoure

Le jour venu, Zosime vit Marie apparaître sur l’autre rive du fleuve. Elle fit un signe de Croix et traversa le Jourdain en marchant sur les eaux. Ayant communié avec larmes, elle dit : « Maintenant, ô Maître, Tu peux laisser aller en paix Ta servante, selon Ta parole, car mes yeux ont vu Ton salut. » (cf. Luc 2, 29). Puis elle congédia Zosime, lui donnant rendez-vous l’année suivante à l’endroit de leur première rencontre.

Lorsque l’année fut écoulée, Zosime trouva à l’endroit convenu le corps de la Sainte étendu à terre, les bras croisés et le visage tourné vers l’orient. Son émotion et ses larmes ne lui permirent pas de découvrir tout de suite une inscription tracée sur le sol des mains de la Sainte, qui disait : « Abba Zosime, enterre à cet endroit le corps de l’humble Marie, rends à la poussière ce qui est à la poussière, après avoir prié pour moi. Je suis décédée le ler du mois d’avril, la nuit même de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ, après avoir participé à l’Eucharistie. »

Consolé de son chagrin en apprenant le nom de la Sainte, Zosime fut étonné de constater qu’elle avait franchi en quelques heures une distance de plus de vingt jours de marche. Après avoir vainement essayé de creuser le sol avec un morceau de bois, il vit tout à coup un lion s’approcher du corps de Marie et lui lécher les pieds. Sur l’ordre du vieillard, la bête creusa de ses griffes une fosse où Zosime déposa avec dévotion le corps de la Sainte.

De retour au monastère, il raconta les merveilles que Dieu accomplit en faveur de ceux qui se détournent du péché pour revenir vers Lui de tout leur cœur. De pécheresse invétérée qu’elle était, Sainte Marie est devenue pour quantité d’âmes accablées sous le poids du péché, une source d’espérance et un modèle de conversion. C’est pourquoi les Saints Pères ont placé la célébration de sa mémoire à la fin du Carême, comme un encouragement adressé à tous ceux qui ont négligé leur salut, proclamant que jusqu’à la dernière heure le repentir peut les ramener vers Dieu.

1 Cette icône est actuellement vénérée au Mont Athos, dans la grotte de S. Athanase, perchée sur un rocher à pic au-dessus de la mer, à quelque distance de la Grande-Lavra.

Fête de la Sainte Croix

Dimanche de la Croix

31 mars 2019

Mes Bien Chers Frères,

« Sur la Croix où Il mourut, son amour fit de lui notre rançon » ; et pour le devenir que de souffrances Il a endurées !

Il a pris sur soi tous les effets de nos fautes ; et il lui a coûté son agonie au jardin de Gethsémani, son impuissance aux mains de ses bourreaux, quoi encore ? l’abandon douloureux où son Père l’a laissé sur la croix.

Il s’est chargé d’acquitter la dette de nos péchés, et parce que le péché vaut la mort, Il a épuisé l’amertume du plus douloureux et du plus ignominieux des trépas. Homme de douleur, Il a connu la douleur comme personne, et marchant au chemin de son calvaire, Il a pu dire : Ô vous tous qui me rencontrez, arrêtez-vous, voyez et convenez qu’il n’est pas de détresse comparable à la mienne. Dieu sait cependant si l’on avait déjà souffert avant lui, et si l’on devait souffrir encore après lui ! Mais il était Dieu, et nulle douleur ne devait triompher de sa force de résistance. Aussi quand elle l’absorbe, se fit-elle torturante comme elle n’avait jamais fait encore. Du jardin à la croix elle le pressa d’un aiguillon toujours plus acéré, plus pénétrant. Sur la croix elle l’enlaça corps et âme d’effrayantes étreintes. C’est à ce prix qu’Il nous a miséricordieusement rachetés, ici-bas de la mort du péché, pour plus tard de la mort éternelle.

Si du moins, ô mon Sauveur, ceux que tu as voulu sauver consentaient tous, à bénéficier de ta Rédemption ! Mais non, ce qui ajoute encore à tes douleurs, quand tu portez votre croix, et, lorsque vous y êtes attaché, ce qui vous met aux lèvres une soif plus ardente, c’est justement de prévoir l’inutilité pour un si grand nombre de votre sacrifice. Comment alors ne t’es-tu pas lassé plus vite sur ta route aride ? Et fatigué déjà d’en avoir fourni, après l’étape de l’anéantissement, celle de la méconnaissance, comment as-tu abordé si résolument celle du Calvaire, de beaucoup la plus douloureuse ? Tout autre s’y fut rebuté. Toi, tu as marché quand même, tant tu nous as aimé ! Tant tu as eu à cœur de payer, jusqu’à la dernière obole de ton sang, la rançon de nos dernières fautes !Mais puisque l’amour appelle l’amour, puisque le bienfait commande la reconnaissance, que rendrai-je donc ici au Seigneur ? Et qu’ajouterai-je au double retour que je lui offrais à l’instant, d’abord la fidélité, puis du progrès de ma vie spirituelle ?

Il a voulu que je tienne de plus près à sa personne, et je lui ai promis de ne jamais déserter le bataillon d’élite où je me suis engagé au baptême. Il se donne à moi en nourriture, et j’ai résolu de lui livrer mon âme, pour que le baiser de la communion la marque de plus en plus à la ressemblance de ses vertus. Maintenant que je le vois chargé de sa croix, et voulant en porter les grâces jusqu’à des âmes qui trop souvent les dédaignaient, je l’aiderai à ce labeur de Rédemption et, avec la fidélité, avec le progrès, je lui offrirai encore le zèle de ma vie spirituelle, la dépense que j’en ferai à son profit sur le double terrain de l’apostolat et du bon exemple. Deux moyens que j’ai de lui donner des âmes, deux moyens que j’y emploierai ; et qu’Il daigne agréer une fois de plus cette offrande que je lui fais de tout mon savoir-faire et de toutes mes énergies. En cette triste période où l’on essaie d’affaiblir et même d’anéantir l’Église du Christ par des scandales amplifiés, où les fragiles demandent à être débaptisés, comme si cela était possible, où l’on emploie par tous les moyens, même le mensonge du serpent, d’anéantir les serviteurs de Dieu, il nous faut réagir et être plus fervents.

Le Calvaire où nous venons de nous arrêter avec Jésus est-il sa dernière halte sur son chemin de Croix ? Est-ce là , toujours persécuté jusqu’alors, qu’il arrivera pour ne plus l’être jamais ?

Il semble bien que oui, puisque le coup que la mort lui donne le rende impassible. Après son dernier soupir c’est fini. Il échappe pour jamais aux prises de la douleur, et celle-ci ne triomphe un instant de lui jusqu’à la mort que pour perdre aussitôt tous ses droits sur lui. Désormais elle aura d’autres amants. Les plus grandes âmes s’éprendront d’elle jusqu’à la passion la plus étrange. Ou souffrir ou mourir, ce sera leur devise, le cri qu’elles se renverront obstinément d’âge en âge. Il leur faudra à tout prix cette ressemblance avec l’homme de douleur. Mais lui n’aura plus, ne pourra plus rien avoir de commun avec elle… Et cependant dans l’Eglise la Passion dure encore, dure toujours pour Jésus, comme ce fut le cas dans les pays de l’est de l’Europe sous les décennies communistes.

Alors, comme le flot des blasphémateurs qui le jour du Vendredi Saint montait de Jérusalem au Calvaire, elle se heurtera elle aussi à une croix, et toujours à la croix de Jésus ; mais alors aussi Jésus n’y sera plus attaché. Appuyé sur elle comme sur un titre indiscutable à rendre les dernières justices, il balaiera de son regard les méchants en enfer, de sa main il ouvrira le ciel aux justes ; et, repliant ainsi le grand livre de l’histoire humaine, il fermera aussi le long stade de son chemin de croix, ce chemin de croix à Jérusalem que j’ai dirigé et animé une dizaine de fois avec des dizaines de fidèles de nos six paroisses.

Jusqu’à cette échéance il reste ouvert, ce grand livre, et ceux-là sont heureux que leur vocation chrétienne ou monastique voue à en connaître plus que d’autres les avanies et les souffrances des menteurs et calomniateurs.

 

Nous sommes de ceux-là, ô Seigneur, nous que tu admets chaque jour à ta meilleure intimité ; et ce n’est pas parce que, aujourd’hui surtout, cette avance est austère que nous en méconnaîtrons le prix. Ici donc encore, ici plus que jamais, nous te dirons merci, nous te chanterons l’hymne de l’action de grâce qu’appellent tes bienfaits. Ici, après vous avoir promis déjà la fidélité, puis le progrès, puis le zèle de notre vie spirituelle, nous serons tous heureux de pouvoir t’offrir nos sacrifices et pénitences. Qu’elle dure notre vie ce qu’il te plaira de la faire durer, nous savons bien que pour nous comme pour toi, il y aura une Résurrection ; et, en attendant, divin banni ! Banni de la Crèche, banni de l’Eucharistie, banni de la Croix et banni de l’Histoire, plus que jamais banni des sociétés, nous nous estimerons heureux d’être bannis comme toi, pour toi et avec toi . Amen

+ Père ANTOINE Basilique Saint Gény de Lectoure

Fête de la Nativité de Notre Seigneur Jésus Christ, 2018

NATIVITÉ DE L’EMMANUEL  2018

« Les bergers se disaient les uns aux autres : Allons à Bethléem, et voyons la  chose qui est arrivée et que le Seigneur nous a fait connaître »

     Mes Bien Chers Frères et Sœur en Christ,

Ô nuit merveilleuse que cette nuit de Bethléem ! Nuit qui n’est obscure que pour ceux qui dorment ! Nuit ténébreuse pour l’esprit rationaliste qui veut tout comprendre ! Nuit épaisse pour ceux qui s’engluent dans les plaisirs de la vie !

Nuit lumineuse en revanche pour ceux qui ont le sens du mystère ! Nuit radieuse pour ceux qui ont la nostalgie d’une grandeur qui les dépasse et que Dieu seul peut leur offrir. Nuit éblouissante de clarté pour ceux qui, le cœur empli d’espérance, se savent aimés de Dieu, aimés infiniment ! Ô douce nuit ! Ô sainte Nuit !

Les bergers, ne sachant pas quel nom donner à la nouvelle qu’ils viennent d’apprendre par l’entremise des anges, parlent de « la chose qui vient d’arriver ». C’est bien là un langage de gens simples, de gens modestes, de gens qui n’ont pas fait d’études, un langage de bergers. La simplicité si naturelle de son récit attesterait à elle seule la fidélité du narrateur qui a reçu les confidences de la très sainte Vierge Marie.Saint Luc n’avait pas à démontrer que Dieu existe : c’était une vérité admise par tous, mais il avait à nous prouver que Dieu nous aime, que nous n’avons plus à le chercher parce qu’Il est venu jusqu’à nous ; Il est descendu du ciel. Les bergers qui viennent cette nuit lui rendre hommage ne sauront peut-être jamais que l’Enfant de Bethléem déclarera avec fierté : « Je suis le bon berger ». Ô Jésus, tu es né à Bethléem, mot qui signifie « maison du pain ». Tu es le pain vivant descendu du Ciel. Je veux m’unir à Toi en te recevant avec ferveur dans la sainte communion.

« Nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus l’adorer »

   La tradition a conservé le nom de trois rois mages : Melchior, Gaspard et Balthazar . Le premier représentait la race de Sem, le second celle de Cham et la troisième celle de Japhet. En tant que descendants des fils de Noé, ils rassemblaient à eux trois le genre humain tout entier que Jésus est venu sauver. Leur expédition de l’Orient jusqu’à Bethléem révèle leur générosité. Ils découvrent une étoile mystérieuse. Le Saint Esprit, les éclairant intérieurement, leur fait comprendre qu’elle est l’annonce de la naissance du Messie et qu’elle doit leur servir de guide pour leur permettre d’aller jusqu’à lui et de l’adorer. Immédiatement, sans attendre d’autres explications, ils quittent leur maison, leur famille, leur patrie. Ils ne savent pas combien de temps va durer leur voyage, ni les obstacles qu’ils auront à surmonter. Dieu a parlé : cela suffit pour qu’ils obéissent. Imitons leur promptitude lorsque le Saint Esprit nous montre tel sacrifice à faire, tel acte de charité à accomplir, telle attache déréglée à rompre ; ne soupesons pas nos efforts, soyons généreux. Habituons-nous à saisir la grâce quand elle passe.

Suivre l’étoile était encore relativement facile pour les mages, mais continuer de chercher le Roi des Juifs alors qu’elle avait disparu, c’est là marquer d’un grand esprit de foi. Au cœur de l’épreuve, ils ne se scandalisent pas, ils ne se révoltent pas, ils ne remettent pas en doute leur foi ; ils s’inclinent en silence devant les desseins mystérieux de la Providence. Ses voies ne sont pas nos voies, se disent-ils. Aussi, redoublent-ils de générosité et de ferveur pour garder le cap qu’ils s’étaient fixé en partant. Lorsqu’à certains moments de notre vie, Dieu se cache quand nous le prions, imitons les mages. Nous aussi, manifestons la fermeté de notre foi en conservant nos convictions et en restant fidèles à nos résolutions.

En suivant les indications des docteurs de la loi, les mages ont la grâce insigne de contempler Jésus. Après l’épreuve la récompense. La foi manifestée au départ de leur expédition, et plus encore au moment de la disparition de l’étoile, trouve son couronnement, son achèvement, sa récompense à la crèche. En entrant dans l’humble étable de Bethléem, ils voient de leurs yeux l’Enfant Jésus emmailloté, entouré de sa Mère et de saint Joseph. Dépassant son enveloppe mortelle, leur foi découvre Dieu dans cet enfant, si bien qu’ils se prosternent la face contre terre et l’adorent. Ô Dieu qui, en ce jour, a révélé ton Fils unique aux nations païennes en les guidant par une étoile, fais qu’après t’avoir connu déjà par la foi, nous soyons conduits jusqu’à la contemplation face à face de ta sublime grandeur.

Nous sommes à l’aube d’une nouvelle année. Que nous réserve-t-elle ? A vue humaine, nous avons bien des raisons d’être inquiets sur le sort de notre pauvre pays et de notre pauvre monde. C’est là la conséquence de notre infidélité à Dieu. Mais Dieu est toujours près de nous pour nous attirer à lui, et nous permettre, à la suite des saints, d’avancer à pas d’amour vers le Ciel.

Les saints accomplissent parfaitement le dessein de Dieu. Afin d’y arriver, ils vivent dans le présent : à nous de les imiter. Pour Dieu, il n’y a ni passé ni futur. Par conséquent l’union à lui suppose de vivre pleinement l’instant présent. En effet, le passé ne nous appartient plus ; l’avenir ne nous appartient pas encore ; il n’y a que le moment présent qui soit entre nos mains. Cet instant, il s’agit de le saisir et de le marquer du sceau de la grâce pour rendre nos actions méritoires de la vie éternelle.

Malheureusement, trop souvent, les jeunes gens ont tendance à rêver en se projetant dans le futur, et les personnes âgées à revenir avec nostalgie sur leur passé. Ainsi, l’adolescent veut paraître adulte, et la personne âgée paraître jeune.

Bref, l’homme vit rarement dans le temps présent. C’est bien dommage ! Car beaucoup de tentations viennent par l’imagination. Le démon peut très facilement grossir à merci des évènements passés et futurs pour nous faire ressentir des désirs, de l’aversion, de la crainte, ou d’autres sentiments négatifs. L’unique remède consiste à bien vivre l’instant présent. Chaque chose en son temps : la réussite de notre vie dépend non pas de nos rêves, de notre imagination, de nos illusions, mais des vertus que nous nous efforçons d’acquérir là où le bon Dieu nous a placés.

Dans la mesure où, à l’exemple des saints bergers et rois mages, de tous les saints nous soumettons notre sensibilité à notre volonté pour vivre selon les lumières de la foi, nous nous stabilisons et nous nous fortifions.

Au milieu de ce monde déboussolé, instable et jouisseur, nous vous supplions, ô saints du Ciel, de nous accompagner tout au long de cette année, et de nous aider à rechercher avant tout le royaume de Dieu et sa justice, afin que nous puissions chanter avec vous éternellement les miséricordes du Seigneur.

Ô mon Dieu, nous te remercions du nouvel An que Tu ouvres devant nous.

Enfant divin, accorde-nous de naître à une vie nouvelle.

Amen.

CHRIST EST NÉ… EN VÉRITÉ IL EST NÉ !

75 ans de l’Archimandrite Antoine, syncelle du Diocèse Orthodoxe Serbe de France et d’Europe occidentale, abbé du Monastère Saint Gény de Lectoure

           Archimandrite ANTOINE, Abbé et Syncelle du Diocèse de l’Église Orthodoxe Serbe 1943 – 2018

         Basilique Saint Gény de Lectoure O2 12 2018

Bien Chers Frères en Christ,

Quelle joie de nous retrouver unis, clergé et fidèles, pour cette circonstance afin de rendre grâce à Dieu d’arriver à cet âge après une longue vie missionnaire en faveur des plus défavorisés dans une société qui a perdu grand nombre de ses repères fondamentaux.

Depuis le 31 octobre 1962 où j’ai reçu le saint habit religieux je n’ai jamais quitté la soutane car elle est comme la barrière visible de ma consécration au Seigneur faite lors de mes premiers vœux, le 8 décembre 1963, en Italie.

Toute ma jeunesse dans une famille modeste et pratiquante ne peut être que le ciment de la persévérance. Lorsque nous regardons ces années où les familles allaient à la messe tous ensemble, à pied et parfois à plusieurs kilomètres, où le respect régnait, où la télévision et l’internet n’avaient pas tout envahi avec ses ravages, parce que mal utilisés, où l’autorité n’avait pas abdiquée, on vivait heureux, sans se poser de questions, et on suivait la sagesse des anciens.

De nos jours nous sommes dans un tourbillon, un ouragan permanent où tout est remis en question, où l’autorité a démissionné, même les valeurs fondamentales essentielles de la Famille, de l’Éducation, de la Religion.

La « pensée unique » occidentale  a cru pouvoir combler l’homme par le matérialisme et l’individualisme… Et pourtant, malgré tous les progrès, réels ou factices, qu’elle connaît, notre société ne se porte pas aussi bien que certains voudraient nous le faire croire. Avec les progrès matériels et le matérialisme qui va avec, nous en sommes arrivés à surconsommer et à gaspiller quand d’autres régions du monde vivent dans un dénuement souvent effroyable.

L’homme n’est pourtant pas satisfait, s’habitue au bien acquis et en convoite d’autres, indéfiniment. Cette éternelle insatisfaction liée au matérialisme pourrait se résoudre si, en mettant Dieu à la première place, l’homme comprenait que tout bien, toute chose, doit le faire tendre vers Dieu et non vers un simple désir personnel.

Il ne s’agit pas de comparer un monde « ancien » avec un monde « nouveau » ni de s’en tenir à un discours affirmant de manière parfois simpliste que « c’était mieux avant ». Chaque époque de l’histoire des hommes a connu son lot de tourments. Mais l’avenir de l’humanité n’a jamais autant été menacé qu’aujourd’hui : des menaces tangibles comme les guerres et le terrorisme islamique expansionniste, mais aussi parce que le monde qui se coupe de Dieu est un monde qui vit dans le non-sens parfois le plus absurde, dans les paradoxes les plus terribles. Alors que nous avons connu des progrès scientifiques immenses, notamment dans le domaine médical, il n’y a pourtant jamais eu autant de personnes malades, avec surconsommation de somnifères et antidépresseurs…

Et alors que l’on nous vante les nouveaux moyens de communication, censés nous rapprocher et faire de nous des êtres connectés, tant de personnes souffrent de solitude, d’isolement, de dépression. On discute sur les réseaux sociaux avec des inconnus alors que l’on n’est même plus capable de dire bonjour à un voisin ou que l’on se fâche durablement avec un proche pour des futilités. Le monde sans Dieu est riche de tels non-sens.

Ce monde sans Dieu prétend affranchir l’homme des « vieilles règles » pour lui offrir la liberté. Mais la véritable liberté ne consiste pas à faire ce que l’on veut, n’importe quand, n’importe comment. Comment peut-on en effet espérer former une société réellement fraternelle si chacun peut fixer ses propres règles, les modifier au gré du vent et les imposer aux autres ? L’idéologie libertaire a généré une civilisation qui n’en est plus vraiment une  puisque que chacun est invité à mettre en avant son ego, ses intérêts personnels, à devenir un être sans foi ni loi prêt à tout ou presque pour satisfaire ses désirs. Chacun devenant détenteur de sa propre vérité, la confusion entre le vrai et le faux, entre le bien et le mal, est inévitable puisque tout devient relatif.

L’une des principales cibles de la pensée destructrice est la famille, puisque celle-ci constitue le noyau de toute forme de société. L’idéologie libertaire a encouragé l’infidélité conjugale, le divorce et l’hyper sexualisation      , avec les conséquences calamiteuses que l’on connaît : familles brisées, enfants victimes des séparations et de sordides conflits conjugaux ou encore de l’abandon éducatif des parents davantage préoccupés par leur vie personnelle et par eux-mêmes. Sous prétexte d’égalité, on veut rendre similaires des situations de vie qui ne peuvent l’être par nature, notamment en terme de procréation et donc de filiation. Et parce que la déconstruction de la famille est un processus fortement engagé dans les sociétés occidentales, des pays comme la France envisagent de permettre à des femmes seules ou à des couples de femmes d’avoir recours à la procréation assistée.

L’humanité traverse aujourd’hui l’âge spirituel le plus obscur que jamais et les ténèbres vont en grandissant… Beaucoup perdront la foi, les églises se videront. Nous sommes tous pécheurs. Satan est le trône de l’orgueil ; et la plus grande arme qui soit contre le trône de l’orgueil s’appelle l’humilité. Et le meilleur exemple d’humilité à suivre est celui de la Vierge Marie. Nous sommes liés à la Mère de Dieu comme par un cordon spirituel. Quant à notre force, nous devons la puiser dans l’Eucharistie. Et parce que nous croyons en Dieu, nous devons rester dans l’espérance, surtout ne pas désespérer.

En effet, « la foi sans les œuvres est morte » et nous sommes donc appelés à témoigner et à faire le bien. Par le sacrement du Baptême, nous ne sommes pas seulement appelés à être des croyants mais les disciples de Jésus. Témoigner donc, mais également faire le bien, non pas au nom d’un quelconque humanisme mais au nom du Christ qui nous le demande. Nous sommes tous appelés à la sainteté et à refléter Jésus-Christ dans le monde d’aujourd’hui et ce n’est pas en adoptant l’esprit du monde que nous y parviendrons mais en suivant Celui qui est LE Chemin, LA Vérité et LA Vie. Prendre pleinement conscience du trésor de la foi que nous devons transmettre avec fidélité et courage, aujourd’hui  comme hier, malgré les obstacles auxquels nous devons faire face.

Grâce à vos dons les Pères ont pu commander à nos Moniales de Ste Elisabeth de Minsk trois icônes peintes dans la prière et l’ascèse :`

Notre Dame Porte du Ciel qui fait tant de miracles et qui protègera vos Familles,

Saint Prosper d’Aquitaine, un grand saint de notre région, dont nous possédons le crâne et qui vécut sur nos terre de 390 à 463, théologien qui participa au Concile de Chalcédoine pour soutenir la Foi orthodoxe contre les hérésies, il nous aidera à rester dans la voie droite de la vérité qui sauve , et enfin un néo-martyr Joseph Munoz, le pèlerin à travers le monde de l’Icône miraculeuse Notre Dame Porte du Ciel qu’il fit vénérer sur tous les continents par des multitudes de fidèles. Devenu moine Amboise au Mont-Athos il a été martyrisé et massacré , en plein centre d’Athènes le 18/31 octobre1997, fête du saint Evangéliste Luc, , né en 1948 au Chili, il repose au Monastère russe hors-frontières de Jordanville (USA). Grâce à l’icône qu’il a fait vénérer dans le monde entier, du Canada et du Brésil à l’Europe et à l’Australie, il avait rappelé aux pauvres humains fascinés par un hédonisme abject le prix de la pureté, de la chasteté et du sacrifice. Lors de la canonisation de St Jean Maximovitch le 19 juin 1994 à San Francisco, où je me trouvais, j’ai pu vénérer cette Icône miraculeuse de Notre Dame porte du Ciel et rencontré le Moine Joseph qui l’avait apportée et avec qui j’ai fait la procession dans les rues de cette grande ville avec des milliers de fidèles.

Merci donc à tous les fidèles qui nous ont permis de recevoir ces trois saintes Icônes devant lesquelles nous prierons chaque jour à toutes vos intentions. Votre générosité nous permet enfin d’achever les travaux de Béthanie qui fonctionnera dès l’an prochain pour se reposer et se ressourcer à tous ceux qui le souhaiterons dans l’esprit de la Maison de Lazare, Marthe et Marie, maintenant un monastère de moniales proche de Jérusalem où vivait mon Père spirituel, de sainte mémoire , l’archimandrite Theodosios, et où nous célébrions la Divine Liturgie lors de nos Pèlerinages avec le Clergé et les Fidèles.

Merci à TOUS et que la Trinité vous bénisse, que Marie, la Théotokos, vous couvre de son Saint Voile, que Saint Prosper d’Aquitaine, appelé l’Extirpateur des hérésies, par Saint Photios, et que le Néo-Martyr Joseph, nous viennent en aide.   Amen !

 

Fête de la paroisse St Michel & Ste Foy à Nérac

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Nos devoirs envers Saint Michel

 comme Chrétien et comme Français

Mes Frères, La dévotion aux Saints Anges est une de celles qui se recommandent le plus à tous les chrétiens, en raison de la mission qu’ils remplissent auprès de nous. Parmi eux, il en est un qui se désigne très spécialement à notre culte ; c’est le Prince de la milice céleste, Saint Michel. Comme Chrétien, comme Français nous avons à lui faire une part de notre piété.

 

I – Comme Chrétien

Nous devons l’honorer en tant que chrétien. Vous savez le rôle qu’il a joué à l’origine des temps. A la tête des cohortes angéliques, il a vengé les droits de Dieu outragés par la révolte de Lucifer et de ses partisans.

 

Depuis lors, la lutte commencée au ciel s’est continuée sur la terre. C’est là que les démons se réfugient pour y dévorer leur honte et assouvir contre Dieu, contre Jésus-Christ, contre l’Eglise, leur implacable haine. Dans leur effroyable infortune, ils ne goûtent plus d’autre volupté que celle de faire des révoltés, de pervertir toute intelligence, tout cœur, toute volonté, de s’assurer des complices pour la destruction de cette « Femme » immortelle dont parle Saint Jean dans son Apocalypse, et qui se nomme l’Epouse du Christ.

Et la lutte n’a pas cessé au long des âges, elle se poursuit toujours plus acharnée, plus savante. Tandis qu’à la suite des persécutions des premiers siècles elle s’était localisée sur quelques points du globe, de nos jours, c’est de toutes parts qu’elle se déchaîne, ici ouverte, là hypocrite et sournoise, partout avec fureur telle que nous pouvons nous demander si ce n’est pas l’heure dont parle la liturgie : Venit tempus quale non fuit, ou celle dénoncée par la Sainte Ecriture : Hoec est hora… et protestas tenebrarum (Luc, XXII, 53).

Afin de la soutenir dans cette terrible guerre, Dieu a confié son Eglise à la protection de Saint Michel. Dès le VIIème siècle, Saint Grégoire le Grand disait : « Chaque fois que, dans l’Eglise, un acte de vaillance s’accomplit, c’est, d’après la tradition, à Saint Michel qu’on l’attribue. »

 

Il n’y a donc pas à s’étonner de la place d’honneur qui lui est faite dans la liturgie. Deux fêtes lui sont consacrées : celle de son Apparition au Mont-Gargan en Italie, le 8 mai 610, et celle que nous célébrons aujourd’hui.

II – Comme Français

Nous, fils de France, nous avons en outre une raison nationale d’honorer et de prier Saint Michel : c’est qu’il est le défenseur attitré de notre patrie.

Chaque nation a son ange tutélaire. Or, depuis longtemps, nos pères ont choisi Saint Michel comme patron de la France. En 709, entre les côtes de Bretagne et de Normandie, il apparaissait sur un rocher aride, qui surgit, tel un géant, au milieu des flots. Il demandait qu’une chapelle lui fût bâtie. Des prodiges s’y accomplirent. A la fin de ce même VIIIème siècle, Charlemagne y vint en pèlerinage ; peu après il fit proclamer l’Archange « Patronus et Princeps imperii Galliarum. Patron et Prince de l’empire des Gaules », et il voulut que son image fût peinte sur ses étendards. A partir de ce moment, Saint Michel devint et se montra le soldat de la France, contre les incursions des Anglais en particulier.

L’intervention la plus signalée du Prince des Anges a été la vocation de notre Jeanne d’Arc et la préparation de l’humble bergère à sa sublime mission. C’est lui qui, pendant deux ans, l’initia aux malheurs du royaume et la pressa, « de par Dieu », de se porter à sa délivrance, puisque tels étaient les desseins du Très-Haut. C’est lui qui se fit son éducateur et l’encouragea à surmonter les oppositions qui lui venaient de sa famille et du sire de Baudricourt : c’est lui qui lui répétait : « Va, fille de Dieu, va ! » jusqu’à ce qu’elle se fût mise en route. Qui ne voit que dans les circonstances présentes, le recours à Saint-Michel s’impose à tous les chrétiens français ? Si notre territoire n’est plus envahi comme au XVème siècle et comme il l’était encore il y a quelque cinquante ans par les armées étrangères, il reste toujours fortement menacé par l’athéisme.

Mais c’est surtout à l’intérieur, comme au temps de Jeanne d’Arc, que des factions se disputent le pays et mettent en péril son existence même. Satan met la division dans tous les rangs de la société, affaiblit par tous les moyens le sens religieux, le sens moral et jusqu’au patriotisme lui-même.

La dévotion à Saint Michel est donc, pour les chrétiens de France, plus opportune que jamais, puisque notre patrie est plus particulièrement le point stratégique des assauts de l’enfer.

Aussi bien, tournons-nous vers le Prince de la milice céleste ; redisons-lui avec toute notre confiance la prière quotidienne : « Defende nos in praelio, contra nequitiam et insidias diaboli esto praesidium ». Qu’il daigne refouler le démon des discordes, des divisions, des haines, le démon de l’impiété et de l’immortalité ; qu’il daigne nous aider à regagner les hauteurs dans la paix, pour la grandeur de la France et pour le triomphe de la Sainte Eglise

 

Il nous sera permis alors de répéter, avec espérance, la parole de l’Apocalypse : « Michel et ses anges combattaient contre le Dragon ; le Dragon et ses anges combattaient aussi à leur côté ; mais ceux-ci ne pouvaient prévaloir (XII, 7).

 

Continuons de l’invoquer pour notre pays et redisons-lui souvent cette prière :

« Saint Michel archange, défendez-nous dans le combat ; soyez notre secours contre la malice et les embûches du démon ; que Dieu exerce sur lui son empire, nous le demandons en suppliant. Et vous, Prince de la milice céleste, repoussez en enfer, par la vertu divine, Satan et les autres esprits mauvais qui sont répandus dans le monde pour perdre les âmes. »

Amen.

 

Fête de la Dormition de la Mère de Dieu

Tropaire

Dans ton enfantement tu as gardé la virginité,  * dans ta Dormition tu n’as pas quitté le monde, ô Mère de Dieu: * tu as rejoint la Source de la vie, *  toi qui conçus le Dieu vivant * et qui de la mort délivres nos âmes par tes prières. 

Nous te magnifions, ô tout-immaculée Mère du Christ notre Dieu, et nous célébrons ta glorieuse Dormition.

Fête de la Transfiguration

Le dimanche 19/6 août 2018, nous célébrions la fête de la Transfiguration en présence du père Marc GENIN recteur de la paroisse Saint Jean de San Fransisco d’Asnières (92).

Raisins préparés pour la bénédiction

 

Tropaire

Tu t’es transfiguré sur la montagne, ô Christ notre Dieu, * laissant tes Disciples * contempler Ta gloire autant qu’ils le pouvaient: * fais briller aussi sur les pécheurs que nous sommes  * ton éternelle clarté * par les prières de la Mère de Dieu,  * Source de lumière, gloire à Toi !

Credo

Réveillez-vous de la torpeur dont vous êtes accablés, * ne restez pas toujours couchés sur le sol; * pensées qui inclinez mon âme vers le bas, * élevez-vous vers le sommet de la divine ascension; * avec Pierre et les deux fils de Zébédée * empressons-nous de gravir le mont Thabor * afin de contempler nous aussi la gloire de notre Dieu * et d’écouter la vois céleste qu’ils ont eux-mêmes entendue, * si bien qu’ils proclamèrent à la face du monde * celui qui est en vérité le reflet * de la splendeur et de la gloire du Père.

Bénis, Seigneur, ce fruit nouveau de la vigne, que grâce au climat favorable, aux gouttes de pluie et au beau temps tu as bien voulu faire venir à pleine maturité; afin qu’il nous procure la joie, lorsque nous goûterons au produit de la vigne, et que nous puissions te l’offrir en don, pour la rémission de nos péchés, à travers le précieux Sang de ton Fils Jésus Christ, avec lequel tu es béni, ainsi que ton très-saint, bon et vivifiant Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.

Après les agapes fraternelles et la divine Liturgie, clergé & fidèles ont visité les nouveaux bâtiments et le parc.

Nous te magnifions, ô Christ source de vie, et nous vénérons de ta chair immaculée la sainte Transfiguration.

Fête de Notre Dame Reine de France à Tarbes (2018)

HOMÉLIE DU Rme PÈRE ANTOINE    

Église St Aventin, TARBES – 15 AOÛT 2018

Chers Frères et Sœurs en Christ,

Regnum Galliae, regnum Mariae – Royaume de France, royaume de Marie –

La solennité de Marie, Reine de France, en revenant chaque année en cette église de Tarbes, consoler notre foi, éveille l’idée de la plupart des gloires. Reine du ciel, Marie l’est devenue pour l’éternité par l’éclat de ses grandeurs et par l’incomparable auréole qui couronne son front virginal. Reine de la terre, il ne nous est pas moins doux de la saluer sous ce titre béni qu’elle doit à notre affection et mieux encore à ses bontés : tous nous sommes heureux de lui vouer une obéissance et une tendresse filiales. Mais, pour son cœur, il y a dans le monde une famille privilégiée, une terre de choix, c’est la doulce France.

Lorsqu’on veut étudier les origines du culte de la sainte Vierge en France, il faut se reporter aux origines mêmes de l’Église. Du fait, les premiers autels élevés sur notre sol en l’honneur du vrai Dieu furent accompagnés aussitôt des autels de Marie. Le nom de France ne se disait pas encore, et déjà les premiers évêques de Lyon et de Paris, l’un disciple de St Jean, l’autre de St Paul, en apportant à nos aieux la nouvelle d’un Sauveur, leur parlait aussi de sa Mère. À n’en pas douter, ces hommes apostoliques demandèrent à Marie une bénédiction par le pays confié à leur zèle : et ce fut là comme la prise de possession de sa royauté.

 

Dès lors, et avec le cours des âges, la France devient en vérité le domaine de Marie. Partout, au seuil des maisons et à l’entrée des chemins, son image se montre parée de fleurs. Sa chapelle, cachée au fond des vallées ou sous les sombres arceaux de la forêt, garde l’empreinte des genoux qui depuis longtemps se sont courbés devant Elle. Aussi bien, à côté de l’humble sanctuaire du hameau, quels monuments admirables le génie de la France n’a-t-il pas élevés à la gloire de sa Souveraine ! Sur les bords de l’Eure, Notre Dame de Chartres, proclamée l’une des plus belles demeures de la Reine des Cieux ; Notre Dame de Paris, sur les bords de la Seine, d’une magnificence éclatante ; Notre Dame de Fourvière, au confluent de la Saône et du Rhône ; et, sur la ceinture bleue des mers qui nous entourent, comme autant de phares lumineux bâtis par la piété des fidèles, Notre Dame de la Garde, Notre Dame de Boulogne. Tous ces monuments séculaires portent sous leurs voûtes radieuses le Nom de Marie et avec son nom le symbole de sa royauté sur la France.

Depuis quinze siècles, la France n’a cessé d’ajouter de nouveaux fleurons au diadème de Marie. Nos vieux imagiers, nos sculpteurs, nos peintres sur bois et sur verre, se sont plus à la représenter le sceptre en main, tout en lui demandant leurs inspirations les plus pures. Aucun pays n’a produit autant de défenseurs dévoués à sa gloire, les Césaire d’Arles, Fulbert,  Rémy de Reims dont les noms sont inscrits à jamais dans nos annales. St Anselme et St Bernard ont trouvé des accents d’une inexprimable douceur pour la chanter. Elle a été célébrée par les Pères de l’Eglise indivise avec une éloquence sublime. Pour la glorifier, des Moines et Ermites créent des familles de vierges et de moines. Aujourd’hui même sa mémoire n’est pas moins bénie ; de toute part et sur les lèvres les plus autorisées s’élève un concert admirable pour louer Celle qui est dessus de toute louange.

Toutefois la France a donné à Marie autre chose qu’un domaine, des monuments et des hymnes : elle lui a donné son cœur, le cœur de son peuple et le cœur de ses rois, depuis le jour où ceux-ci se disputèrent la gloire, parmi tous les princes chrétiens, d’être les fils aînés de l’Eglise. On sait la tendre piété des uns envers Marie, d’autres qui récitent chaque matin l’office de la Madone ou portent suspendue à leur cou une de ses images, d’autres consacrent leur royaume par un voeu, annuellement, dont le 15 août rappelle le souvenir par Liturgie solennelle et procession, et qui nous réunit ce jour en cette terre de Bigorre, par nos prières et nos chants.

Pour savoir jusqu’où va le culte de la France envers la Très Sainte Vierge, entrez dans nos églises : vous y verrez agenouillés devant nos multiples icônes de Marie, le génie qui vient de lui vouer sa plume, et l’homme de labeur, heureux de rendre hommage à la Souveraine de son champ ; l’humble fille  que l’on trouve au chevet de toutes les douleurs, et la mère inquiète qui lui parle de sa famille… Pas une vertu, une gloire, une douleur, un dévouement qui ne chante sa royauté. Reine bienfaisante en tout temps et en toute saison, son Icône miraculeuse est de celles dont on a toujours peine à s’éloigner : Notre Dame Porte du Ciel, Notre Dame  Il est digne, Notre Dame aux Trois Mains, Notre Dame du Perpétuel Secours, Notre Dame du Bon Conseil… des centaines d’Icônes de la Mère de Dieu vénérées dans le monde entier sous des vocables différents.

Voilà la couronne que la main de la France a déposé sur le front de la Vierge des vierges. Les sceptres faits de main d’homme se brisent, mais le sien est immortel, les hommes politiques disparaitront, laissant aucun souvenir de leur passage si ce n’est un esprit laïc destructeur et un échec cuisant de leur politique, des révolutions violentes et sanglantes voudront supprimer la Foi de notre terre mais la France immortelle est impérissable parce qu’elle est le Royaume de Marie restera comme un phare.

Reine de France, Marie en a exercé tous les privilèges, tous les droits. Sans vouloir établir de comparaison entre les divers peuples qui envient l’honneur de sa protection et de son amour, je puis dire qu’elle a toujours eu pour nous et qu’elle nous garde une bienveillance marquée, comme pour la sainte Russie qui s’est relevée après des décennies de tyrannies et des dizaines de millions de néo-martyrs.

Pour une Nation, le premier bienfait est celui de la Foi. La religion et la foi lui sont aussi nécessaires que le pain est nécessaire à la vie : car elles forment l’appui naturel de l’ordre, et, par le fait, de la société même. Or, de toutes les faveurs dont Marie a comblé la France, la Russie et tous les pays orthodoxes de l’Est dans la suite des siècles en retour de leur piété filiale, la plus grande est de les avoir protégés contre l’hérésie. Le néo-paganisme, le laicisme, l’abomination de la désolation… pourront profaner nos sanctuaires, abattre les Croix aux croisées de nos chemins et routes, mutiler ou saccager des icônes, jeter au vent les reliques des Saints ; ce qu’elle n’a pu déraciner dans l’âme de l’humble peuple placé sous l’égide de Marie c’est son attachement à Jésus-Christ, même si la Foi a bien diminuée en certaines contrées.

Au surplus, le culte de Marie sera chez nous l’emblème du culte de la patrie et de la foi combattante. Notre nationalité se formait à peine que ce cri retentissait de toutes parts : Regnum Galliae, regnum Mariae ! Royaume de France, royaume de Marie ! Comment dire l’amour de la Sainte Vierge pour la France ? Si aucune nation n’a élevé à sa gloire autant de sanctuaires, à aucune autre la Sainte Vierge n’a donné d’aussi multiples témoignages de sa bonté et de sa puissance maternelles. C’est entre Marie et la France un échange perpétuel de bienfaits et d’hommages. Son doux nom est associé à tous nos malheurs comme à tous nos triomphes. Mille marques de reconnaissance : épées dee chevaliers, cœurs d’argent, ex-votos avec lettres gravées, témoignent des grâces reçues et des miracles accomplis par Marie.

Notre Dame Reine de France ! Quel sens profond est attaché à ce vocable. Quels touchants souvenirs il perpétue ! Quelles gloires et quelle bonté il nous rappelle !…

Daigne Marie continuer à bénir nos destinées dans un monde qui a perdu ses repères et ses valeurs, en France même. Qu’elle bénisse et protège la France de tous ceux qui veulent la détruire, de l’intérieur comme de l’extérieur, dans ses représentants, en écartant de leurs conseils l’esprit de vertige et d’erreur. Qu’Elle bénisse et protège la France dans son humble peuple, souvent écrasé par des forces occultes ou des lavages de cerveau. Et puisse la France, de son côté, garder toujours à son immortelle Patronne et à sa Protectrice séculaire un filial amour et une inaltérable confiance contre tous ceux qui en veulent à sa Foi millénaire de l’Eglise indivise. Amen