LES SAINTS PÈRES DU MONACHISME EN ORIENT ET OCCIDENT
De gauche à droite :
- Saint VINCENT de LÉRINS + 445 (24 mai)
- Saint JEAN CASSIEN de MARSEILLE + 433 (23 juillet)
- Saint ANTOINE le GRAND d’ÉGYPTE + 356 (17 janvier)
- Saint BENOÎT de NURSIE d’Italie + 550 (11 juillet)
- Saint GUILHÈM de GELLONE du Languedoc + 812 (28 mai)
Profession monastique
Au regard de la terminologie byzantine, ce titre de « Profession monastique » n’est peut-être pas le plus adéquat pour désigner l’ensemble des offices de l’initiation monastique, mais c’est quand même celui qui aura le plus de chance d’être compris en Occident. Les offices accompagnant les diverses étapes de l’initiation monastique byzantine portent en réalité des titres qui mettent l’accent sur la vêture : office du rasophorat, du petit habit ou mandias, du grand habit angélique. Selon leur degré d’initiation les moines sont dits rasophores (porteurs du rason), microschèmes (moines du petit habit) ou mégaloschèmes (moines du grand habit). Le livre contenant les offices d’initiation s’appelle en grec le «Schématologion» ou rituel de la vêture. Le livre slave correspondant porte par contre le nom de « Postrizenie », ce qui signifie : rituel de la tonsure monastique. De fait chaque degré d’initiation comporte une tonsure des cheveux. Même si elle est réduite actuellement à la taille symbolique de quelques mèches, elle demeure le plus haut signe du renoncement au monde, en sorte que le candidat, qui présente lui-même les ciseaux, est invité par trois fois à bien réfléchir avant de s’y soumettre de plein gré, chose qui n’est pas requise pour les autres tonsures, celles du baptême et du lectorat. Si la tonsure et la vêture sont des éléments essentiels aux trois degrés d’initiation, et pratiquement les seuls en ce qui concerne le rasophorat, elles sont précédées, pour les candidats au petit et grand habit, d’une explicite profession qui s’exprime non par la lecture d’une charte et sa signature, mais par une série de questions et de réponses, de catéchèses et de prières. Les promesses portent sur la permanence dans le monastère et dans l’ascèse, sur la virginité ou chasteté, littéralement la «sagesse totale », sur l’obéissance au supérieur et à la fraternité, sur la patience, la pauvreté, l’humilité. Le candidat doit en outre donner son assentiment au programme de vie ascétique proposé dans la catéchèse qui lui est lue. Sa profession, au lieu d’être conservée dans les archives du monastère, est « enregistrée par les Anges » et il devra « en répondre lors de la seconde venue du Christ ». Certains voudront trouver une correspondance entre les trois degrés d’initiation du monachisme byzantin et ceux des ordres monastiques et religieux d’Occident : entrée au noviciat, profession simple ou triennale, profession solennelle ou perpétuelle : il faut résister à la tentation de les assimiler entièrement les uns aux autres. Le rasophore n’est pas un novice, mais déjà un moine, bien qu’imparfaitement, un « débutant » dans la vie monastique. Beaucoup de moines restent rasopbores toute leur vie. Fréquemment les évêques sont choisis parmi les rasopbores, rarement parmi les mégaloschèmes. Le rasophore peut même devenir chef de monastère ou higoumène.
En ce qui concerne les deux autres degrés, on peut dire que le microschème est un moine en voie de perfection et le mégaloschème un moine parfait. Les promesses sont les mêmes, à ceci près que le candidat au grand habit désire mener une vie ascétique plus parfaite. La différence n’est pas dans la durée, mais dans l’intensité. Les promesses du candidat au petit habit l’engagent non pour un temps, mais déjà «jusqu’à la mort», «jusqu’à son dernier souffle». Le texte grec du Schématologion ne possède même pas ces minimes variantes par lesquelles le rituel slave de la Postrizenie : fait de l’office du grand habit une seconde profession, une seconde vêture (« Promets-tu pour la seconde fois… », « Notre frère revêt pour la seconde fois… »). Le Schématologion laisse donc la possibilité de passer directement du rasophorat au grand habit, tandis que dans le monachisme russe le candidat au grand habit doit être passé auparavant par l’état de microschème. Le texte slave conserve d’ailleurs une trace maladroite du remaniement là où il est dit que le mégaloschème est tonsuré pour la seconde fois, alors qu’on attendrait plutôt : «pour la troisième fois». On trouvera en appendice la traduction du formulaire grec dans toute sa simplicité ; nous avons donné ici la préférence au formulaire slave parce qu’il est plus développé, plus riche d’enseignement sur la vie monastique. C’est aussi à l’imitation des éditions slaves que nous divisons ce rituel de l’initiation monastique en deux parties : la vêture des moines et la vêture des moniales. Il n’y a pas de différence essentielle entre l’une et l’autre, mais l’abondance des variantes selon les genres masculin et féminin rendait nécessaire cette division pour la clarté de l’impression et la commodité des usagers. En ce qui concerne la vêture des moniales, nous laissons le choix entre deux péricopes d’évangile pour ménager la tradition grecque, qui propose la parabole des Dix Vierges, et la tradition slave, où l’évangile est le même pour les moines et les moniales.
Une autre différence, qui apparaît seulement dans les rubriques, vient du fait que, l’higoumène d’une communauté de moines étant généralement revêtu de la dignité sacerdotale, c’est à lui que revient le rôle qui, chez les moniales, échoit au prêtre desservant le monastère : celui de consacrer les candidats dans l’état monastique. Il va de soi que, si l’higoumène n’était pas revêtu du sacerdoce, il devrait se faire assister d’un prêtre, non seulement pour les prières proprement sacerdotales, mais aussi pour la profession, la tonsure et la vêture, du fait que ces rites ne signifient pas seulement l’offrande de soi-même et l’acceptation dans la communauté fraternelle, mais constituent, dans l’esprit du monachisme byzantin, une réelle consécration du candidat. On sait que la profession monastique a été souvent décrite par les Pères comme un second baptême ayant le pouvoir de remettre les péchés, et qu’avant leur réduction nombre de sept certains d’entre eux l’ont comptée parmi les sacrements ou mystères, avec d’autres rites sacrés tels que les funérailles, le sacre des rois, la consécration de l’église, de l’autel et du saint chrême. Dans ce contexte on comprend mieux la nécessaire présence du prêtre pour présider à ce que saint Théodore Studite, citant Denys l’Aréopagite, appelle le mystère, c’est-à-dire le sacrement, de la perfection monastique.
P. DENIS GUILLAUME
MONASTÈRES RATTACHÉS À L’ÉGLISE ORTHODOXE SERBE EN FRANCE
CATHÉDRALE SAINT SAVA
23, RUE DU SIMPLON
75018 PARIS
Évêque S.E Mgr LUKA
+ MOINES
Monastère Sts Clair et Maurin
Route de Fleurance, BP 65 32700 LECTOURE
Tel : 05-62-68-52-94
+ MONIALES
– Monastère de la Nativité de la Mère de Dieu
BOIS SALAIR 53100 FONTAINE DANIEL
Tel : 02-43-04-68-35
– Monastère Saint Hilaire – Saint Jean Damascène
71190 UCHON
Tel : 03-85-54-47-75
St Gildas de Rhuys 29/01 | St Yrieix d’Atane 25/08 | St Wandrille de Fontenelle 22/07 | St Philibert de Jumièges 20/08 | St Gilles de Camargues 01/09 | St Fiacre de Breuil 30/08 |
S.Colomban de Luxueil 23/11 | S. Guilhèm de Gellone 28/05 | St Guénolé de Bretagne 03/03 | St Aigulphe de Provence 03/09 | St Odon de Cluny 11/05 | S.Léonard de Noblat 06/11 |
St Léonien de Vienne 06/11 | St Isarn de Marseille 14/09 | St Clair de Vienne 01/01 | St Benoît d’Aniane 11/02 | St Jean-Cassien de Marseille 23/07 |
Le mouvement vers l’Être
La définition de saint Jean Damascène est classique : « La prière est la demande faite à Dieu de tout ce qui convient ».
Il faut aller au fond de ces mots, en extraire la riche substance, en distinguer les éléments et après les avoir distingués, les réintégrer dans la vie de cette substance qui les supporte et les vivifie.
Il y a donc dans cette définition deux parties qui en sont comme la matière et la forme : la prière est une demande, mais une demande faite à Dieu et caractérisée par Celui auquel on la fait.
À Dieu, nous pouvons demander uniquement ce qu’Il veut nous entendre demander, et Il ne peut vouloir que ce qui convient. Parce que Dieu est l’un des termes de la prière et parce qu’Il est l’Ordre infini, la prière est une demande essentiellement ordonnée, faite selon l’ordre même de Dieu. Quel est cet ordre ? Dieu est l’Être même, l’Être de qui et par qui et pour qui tout est. Il est notre Principe, Il est notre Fin, Il est la Lumière de notre esprit, la Force de notre volonté. II est la Vérité, le Bien, le Beau sans mélange, Il est la Source de toute joie et l’Océan de toute vie.
Ce qu’il convient de demander, c’est Lui, c’est de Lui être uni, c’est d’être transformé en Lui, c’est de Le posséder et d’en être possédé, c’est d’être avec Lui par la grâce dans les rapports d’intimité l’unissant à Lui-même, c’est de devenir ses fils par une communication aussi complète que possible de son Esprit d’Amour, c’est de participer à la joie et à la vie qui sont sa Joie et sa Vie, la Joie même et la Vie même. L’Écriture est toute pleine de cette prière. Celle-ci en jaillit à chaque pas comme les sources des hautes montagnes : «Ma part d’héritage ; c’est le Seigneur » (Ps. XV, 5 -Vulgate). « Qu’y-a-t’il pour moi qui compte dans le «ciel ? Et qu’ai-je voulu de Toi, ô mon Dieu, sur la terre ? Tu es le seul désir de mon cœur et mon unique bien à jamais » (Ps. LXXII, 25 – 26). Pour un être intelligent, posséder c’est voir ce que l’on aime et en jouir sans réserve. Ce que l’on voit est en nous par l’image qui le rend présent. De là ce beau mot de «représenter». La présence permet de contempler, la contemplation grave des traits ; une fois gravés, les traits sont comme une présence continue renouvelant sans fin la jouissance. Il y a une connaissance et une présence qui ne sont ni possession ni jouissance : l’objet est en nous, …/…
01 St SAVIN de LAVEDAN 09/10
02 St GENY de LECTOURE 03/05
03 St BENOIT d’ANIANE 11/02
04 St VINCENT de LERINS 24/05
O5 St CASSIEN de MARSEILLE 23/07
06 St PORCAIRE de LÉRINS 12/08
07 St AVENTIN des PYRÉNÉES 07/06
08 St GILLES de NÎMES 01/09
09 St ANTOINE de LIAROLES 02/09
10 St MAYEUL d’AVIGNON 11/05
11 St GUILHÈM de GELLONE 28/05
12 St SOUR du PÉRIGORD 01/02
13 St AIGULPHE de LÉRINS 03/09
14 St CAPRAIS de LÉRINS 01/06
1S St ISARN de MARSEILLE 24/09
16 St MARTORY
17 St LUPERCULE d’EAUZE 05 /03
18 St CYRAN de LONREY 05/12
19 St ALAIN de LAVAUR 2S/11
20 St GIRONS d’AIRE 06/05
21 St CHILIANUS 08/07
22 St FLORENTIN d’ARLES 12/04
23 St ANTOINE de LÉRINS 28/12
24 St MOMMELIN de BORDEAUX 16/10
2S St ABBON de LA RÉOLE 13/11
26 St MARTIN de LÉRINS 01/01
27 St MAIXENT d’AGDE 26/06
28 St DElCOLE de LURE 18/01
29 St THEUDÈRE de VIENNE 29/10
…/… mais il n’est pas à nous ; nous n’en disposons pas, et nous ne tenons pas à en disposer ; son image nous suffit, le contact immédiat, direct ne nous est pas nécessaire. Nous ne l’aimons pas ; il n’est pas notre bien ; nous ne cherchons pas à nous unir à lui, à nous transformer en lui, nous voulons seulement savoir ce qu’il est, le connaître ; sa connaissance n’a pas soulevé en nous le désir d’union plus intime et de don réciproque. On n’aime que le bien, et cet objet ne nous apparaît pas comme notre bien. Dieu nous apparaît comme notre bien souverain. Avec Lui, nous désirons les plus étroites relations, la plus complète possession et, par suite, la vision claire, directe, la vision donnant de jouir, la vision intuitive, le contact immédiat de son Être qui se donne et de notre être qui répond par le total don de soi à ce total don divin. Voilà ce que nous demandons en premier lieu. Toute autre demande est ordonnée à celle-là et ne peut pas ne pas l’être. Celle-là vise la fin, les autres les moyens. On ne marche que pour arriver. Deux sortes de moyens conduisent à l’union désirée : ceux qui écartent les obstacles de la route, ceux qui mettent en contact avec l’objet aimé. La prière demande à Dieu de nous garder de ce qui sépare ou retarde, elle demande non moins de nous donner ce qui unit. Les vices et les fautes séparent ; les tentations peuvent retarder. C’est un premier objet de nos demandes. Il ne faut pas en faire fi. Les âmes orgueilleuses, ou seulement – et c’est le plus souvent – naïves, sans expérience, se contentent de demander l’union ; plus d’une, même, s’efforce de la vivre. Pour elles, le danger n’existe pas, leur semble-t-il, les coups de l’ennemi ne peuvent pas les atteindre, elles se croient immunisées, elles sont seulement ignorantes et aveuglées. Sont-elles en danger de se perdre ? Ce serait trop dire. Mais elles sont très exposées à piétiner et à se momifier. Le premier acte de la Lumière est de se distinguer des ténèbres et de leur arracher tout ce qu’elle atteint. Elle ne brille, ne se montre et n’illumine la route et le terme que si elle se sépare et sépare les êtres de la nuit. Quand elle s’est dégagée de l’abîme et lui a arraché une âme, la Lumière révèle à celle-ci l’Amour qui l’engendre et la fait agir. Alors le Saint-Esprit entre en jeu. Il attire l’âme à lui, Il provoque des mouvements d’union, Il fait lever en elle la floraison des vertus, Il lui communique ses tendances, ll devient l’agent secret de toute son activité. Il demande en elle, Il adore en elle, Il éclate en cris d’amour, Il se répand en délicieux colloques et en inénarrables gémissements,
ll répète sans cesse : « Père ! Père ! » (Rom. VIII, 15 et Gal. IV, 6). La définition de saint Augustin se rattache à cette idée : « C’est le pieux mouvement de l’âme vers Dieu », dit- il en traduisant ce qui certainement devait être sa prière. Dans un mouvement on peut envisager deux termes : celui dont on s’éloigne et celui dont on se rapproche. Ici, l’un des termes n’est pas, c’est le «néant», ou c’est un être qui est seulement par Celui vers lequel on tend. Arrêter son regard sur ce néant, comme sur un but, n’est donc pas permis. À cette condition, on se meut sans cesse vers le terme divin et la prière est continuelle, la recommandation du divin Maître est réalisée : on « prie toujours » (Luc. XXI, 36; 1 Thess. V, 17 et Eph. XI, 18).
Devoir de tous les instants
La prière est le devoir de tous les instants : « Il faut toujours prier », a dit Jésus (Luc XVIII, 1). Et ce qu’Il a dit, Il l’a fait. Car chez Lui c’est sa grande force : les actes accompagnent toujours les paroles et les égalent. Il faut sans cesse prier pour nous garder, La vie est en nous comme une fleur fragile, la vie du corps et celle de l’âme, la vie naturelle et la vie surnaturelle. Nous vivons environnés d’ennemis : tout pour nous est devenu obstacle et danger depuis que nous avons rejeté la Lumière illuminant le chemin. Nous sommes dans «l’ombre de la mort» (Ps. CVI; Luc I, 79). Au lieu de nous montrer le Créateur et de nous conduire à Lui, les choses se montrent elles-mêmes et nous arrêtent à elles. Le démon, auquel nous les avons follement livrées en nous livrant à lui, nous parle par toutes leurs voix ; son ombre obscurcit leur transparence ; à travers leurs formes charmantes, nous ne cherchons plus la Beauté qu’elles reflètent, mais le plaisir et la satisfaction qu’elles ne peuvent nous offrir. L’ennemi est en nous plus encore qu’à nos portes. Il est à nos portes parce qu’il est en nous. C’est nous qui l’avons introduit. En nous tournant vers lui nous avons détourné de Dieu le monde entier. Voilà pourquoi le monde est contre nous, il nous en veut, il nous est devenu hostile, et non sans raison. Avec lui et par lui nous avons déchaîné en nous et en tout la guerre. Ce qui s’est produit à ce moment est effrayant mais normal.
Oh ! Quelle profonde définition de la paix dans saint Augustin ! À cette heure surtout où le monde entier est secoué jusqu’aux entrailles, où les hommes et les choses – les choses par les hommes – ne servent qu’à tuer et à détruire, comme il faudrait méditer ces mots dans la sonorité desquels s’est empreint le calme qu’ils expriment : « La paix est la tranquillité de l’ordre ». L’ordre, ce sont les êtres à la place qui leur convient. Le Principe qui les a faits au-dessus de tous, et tous tournés vers lui pour recevoir à chaque instant cet être qu’il leur communique, l’en remercier et l’en bénir. Voilà ce qu’il avait fait, voilà l’ordre et voilà la paix ; voilà ce qu’était, en sa réalité profonde, le paradis terrestre. Voilà ce que sera un jour, pour ceux qui auront compris et repris cette attitude, le paradis céleste. J’ai vu une bête égarée, poursuivie et effarée, franchissant la porte, laissée ouverte, d’un parterre en fleurs. Quel désastre après son passage ! C’est l’image – réduction sur un plan très inférieur – de l’âme s’ouvrant à la bête du monde, après que nos premiers parents se détournèrent de Dieu pour écouter le démon. Depuis lors, nous sommes en pays envahi ; il faut nous libérer, jeter l’ennemi dehors, nous détourner de lui, nous retourner vers Dieu. Il faut le faire sans armée, sans force organisée, avec des facultés dissociées, une vie diminuée et des ennemis ou des indifférents de toutes parts. Notre impuissance est la plus complète qui se puisse imaginer, sans Dieu. De là la nécessité de la prière et la recommandation si pressante du Sauveur : « Il faut prier et prier toujours». De là, sa déclaration pouvant paraître accablante : « Sans moi vous ne pouvez rien ». (Jean XV, 5). De là, son invitation qui console et réconforte : « Venez à moi » (Math. XI, 28). La prière est la réponse de l’âme qui vient, dit sa misère, demande secours, ordre et paix, lumière pour l’esprit, force pour la volonté, soumission des passions à l’âme supérieure, de celle-ci à Dieu. Dieu dit : « Je suis et reste Père, je vous aime, je vous attends, venez ». L’âme répond : « Mon Dieu je n’en puis plus, venez vous- même ».
Raisons de prier
Les raisons que nous avons de prier sont innombrables autant que pressantes. Elles correspondent à nos besoins sans bornes et de toutes les heures. Elles correspondent aux droits de Dieu sur sa créature.
La parole du divin Maître a tout exploré et illuminé : le monde humain comme le monde de Dieu. Du monde humain, il a révélé le fond quand il a dit : « Sans moi vous ne pouvez rien ». Nous lisons cela sans le pénétrer. Le « rien » nous échappe autant que le «tout». Ce que nous avons d’être nous le masque. Nous ne voyons pas cette parcelle d’être en face et dans la lumière du Tout ; nous ne comparons pas nos heures de vie si brève et passagère à son immuable éternité ; nous ne voyons pas la place occupée par nous dans l’univers, en face de son immensité qui déborde celui-ci à l’infini, et qui déborderait des milliards de mondes plus grands que le nôtre.
Nous oublions surtout que cet être ne nous appartient pas. Nous en recevons à chaque seconde la petite gouttelette que Dieu veut bien nous donner ; nous l’avons uniquement parce qu’Il nous la donne ; à peine reçue, elle se dérobe, nous glisse entre les doigts, est remplacée par une autre qui nous échappe avec la même rapidité. Elles viennent de Lui, elles rentrent en Lui, elles ne dépendent que de Lui. Nous sommes comme des vases où Il les verse un instant pour créer avec Lui un rapport de dépendance, où son être se manifeste, est connu, accueilli avec amour et glorifié. La prière est le vase intelligent, qui connaît, aime, remercie, glorifie. La prière dit essentiellement : « Mon Dieu, cette seconde est de Toi ; la lumière qui me montre cela est de Toi ; l’intelligence qui le voit est de Toi ; l’élan de cœur qui reconnaît cela et remercie est de Toi ; la relation vivante qui s’établit par cette seconde est de Toi. Tout est de Toi : tout ce qui est en moi, tout ce qui est en dehors de Toi, tous les êtres et leurs mouvements, tout mon être et son activité ; sans Toi, rien ; en dehors de Toi il n’y a que le rien ; en dehors de l’Être il n’y a que ce qui n’est pas ». Comme ce rapport, profondément et souvent médité, m’impressionnerait ! Je sens qu’il me met dans la réalité profonde, dans la vérité. Cependant, il ne l’exprime pas toute.
Ce rien s’est dressé un jour contre Celui qui est. Il a voulu se passer de Lui ; il s’est préféré à Lui, il a refusé de Lui obéir, il s’est séparé de Lui, il s’est mis en état de guerre avec Lui, il est devenu son ennemi, il a détruit l’image de « Celui qui est » dans la cité du cœur où Il régnait et il a pris place sur son trône. Ces images ne disent pas toute l’horreur de la situation créée par le péché. Nous devons nous en contenter
parce que nous n’en avons pas d’autres ; nous devons nous rappeler aussi qu’elles sont insuffisantes à l’excès.
Nous ajoutons chaque jour à cette situation déjà si grave. Toute faute personnelle nous la fait accepter, choisir, aimer, préférer à l’union à Dieu.
Nous buvons ces fautes comme l’eau, nous nous y plongeons comme à plaisir ; le flot s’en élève sans cesse, nous enveloppe, nous emporte, nous roule comme une paille, nous submerge : pensées, sentiments, paroles, actes positifs mauvais et omissions innombrables remplissent nos jours et nos nuits, se mêlent plus ou moins consciemment à toutes nos heures, à tous nos mouvements, se glissent dans notre manger et notre boire, dans notre repos et dans notre activité interne et externe ; tout, par suite de notre corruption, devient matière et occasion de nous enfoncer dans le mal.
LIMINAIRE
À toi seule, âme bienheureuse que le Seigneur attire au désert pour te parler au cœur ; à toi seule qui L’a choisi comme Unique ; mieux : qu’Il a choisie comme sacrifice de louange à jamais ! Veux-tu brûler devant sa Face adorable comme une cire très pure ? Veux-tu, comme les Chérubins, comme les Séraphins, être irradiée de Sa clarté ; embrasée de Son amour, n’être pour Lui, à ton tour, que Lumière et Charité ? Consent à oublier le monde, l’univers et… toi-même. Si tu hésites à perdre en Lui et pour Lui ta vie, ne va pas outre. Ce qui suit ne t’éclairera pas. Si l’abîme te tente, supplie le Seigneur de t’envelopper de solitude ; de te jeter dans le silence qu’Il habite, remplit, où Il se manifeste. Pour toi, efforce-toi de vivre ainsi. Autant qu’il te sera possible, dans l’obéissance exacte et une parfaite charité, tu éviteras ces quatre choses, obstacles majeurs au silence intérieur, et qui rendent impossible la contemplation habituelle : le bruit intérieur ; les discussions intérieures ; les obsessions ; le souci de toi-même. Cela fait, tu auras franchi les portes d’or du silence !
ÉTOUFFEZ LE BRUIT INTÉRIEUR
Dieu créa votre âme silencieuse : au baptême dans un silence inviolé. Il la remplit de Lui-même ; rien que de Lui. C’est plus tard, peu à peu, que le monde y fit irruption. Le bruit l’envahit, couvrant la douce voix de Dieu. Depuis, le vacarme s’amplifie. Revenez au silence baptismal, mon Frère !
Le bruit a trois générateurs : les souvenirs la curiosité, les soucis. Paralysez leur action.
1. Faites taire le bruit des souvenirs.
Ne rappelez, ne ravivez aucun souvenir mauvais. Le mal regretté est pardonné. La générosité de l’amour présent répare le passé. Oubliez-en les données concrètes. Il suffit de vous tenir devant Dieu, pécheur bénéficiaire de son infinie miséricorde. Le mal est un « néant » : à quoi bon s’en souvenir ? Pensez seulement à la grâce qui vous a sauvé ; à ses rejaillissements éternels. Dieu a tout détruit. Il ne collectionne pas les néants. Gardez pour Lui un cœur filialement contrit, paisible et tendre : c’est cela, la componction. Ne rappelez, ne ravivez aucun souvenir profane : ni de ce que vous avez été, ni de ce que vous avez fait, ni de ce que vous avez laissé dans le monde. Confiez à Dieu tout ce que vous y avez de cher, parents ou amis. Ne sont-ils pas aussi des fils et des filles chers à Dieu ? Les oubliera-t-il, parce que, pour Son amour, vous vous êtes exilé de leurs bras ? Toutes les pensées et imaginations que vous leur consacrez ne leur servent à rien, mais détournant de Dieu votre esprit, souvent troublent votre cœur, votre confiance en la Providence, et votre foi en la bonté de Dieu. Votre imagination ne doit jamais, de sang froid, franchir la clôture. La grâce seule aide efficacement ceux que nous aimons ; nous l’obtiendrons proportionnelle à notre intimité avec Dieu. Voyez Marie à Cana. Elle ne quitte pas sa place.
2. Réprimez la curiosité.
Ne vous renseignez sur rien pour la simple satisfaction de « savoir ». Bannissez toute recherche de science qui n’a pas Dieu pour fin. Rien n’est plus opposé à la virginité de l’âme que la curiosité. Le but de notre vie contemplative et les nécessités de notre existence terrestre déterminent ce dont il nous faut nous enquérir. Laissez tout le reste aux profanes. Connaitre, adorer, aimer, louer Dieu : pour nous solitaires et silencieux, c’est le tout de la vie, l’unique nécessaire. Notre pèlerinage est court ; notre esprit, borné ; nos loisirs, chiches. Jetez par dessus bord l’accessoire. Vous êtes des anges de l’Apocalypse dont la seule fonction est de chanter, en se prosternant devant le trône de Dieu : « La louange, la gloire, la sagesse, l’action de grâce, l’honneur, la puissance et la force soient à notre Dieu, pour les siècles ! »
Frères des séraphins d’Isaïe, qui se criaient l’un à l’autre : « Saint, saint, saint est le Seigneur des armées ; toute la terre est remplie de sa gloire. » Vous le contemplerez en Lui-même, dans l’oraison ; non dans les livres savants. Réprimez surtout trois curiosités : celle des « nouvelles » ; celle de la conduite des autres ; la curiosité intellectuelle enfin, la plus pernicieuse peut-être, parce qu’elle s’affuble de prétextes spécieux, et nous durcit dans l’orgueil. Ignorez de bon cœur ce qui se passe dans le monde : priez pour lui, « sans vous retourner». Si vous avez un profond esprit d’adoration, si vous aimez la transcendance de Dieu, la connaissance détaillée des besoins concrets des hommes ne donnera aucun élan nouveau à votre prière, à la générosité de votre sacrifice. L’amour de Dieu (qui comprend celui du prochain) est plus puissant que tout pour entraîner dans le sillage de Jésus, vous et le monde entier avec vous. La pensée que vous auriez de lui, n’ajouterait rien à cette action efficace. Peu d’âmes sont capables de comprendre cela. Si vous le pouvez, ne vous enquérez de rien de ce qui se passe dans le monde, à aucun point de vue. Fixez en Dieu seul toutes les forces vives de votre âme ; ne demandez des « nouvelles » que par charité : pour faire plaisir quand c’est opportun, ou faire du bien ; non pour vous contenter, vous. Tout ce qu’on vous dit de celui-ci, de celui-là, de ses allées et venues, éveille des images, des réflexions, des discussions, des critiques intérieures ; bref, c’est le bruit que Dieu hait.
CRYPTE SAINT BABYLAS
Évêque martyr d’Antioche (+250) vénéré par Saint GÉNY (fête le 24 janvier) et dont St JEAN CHRYSOSTOME prononça deux homélies en son honneur.
Sous le Maître-Autel de la Basilique elle sert d’Ossuaire à tous les moines du Monastère du IVème au XVIIIème siècles. A droite les crânes et à gauche tous les ossements.
Le Chef de Saint Gény est lui conservé et vénéré dans la Basilique.
Saint Gény (Vème siècle) Archange Michel
Aperçu des crânes Autel & Iconostase
MONASTÈRE DE LA TRANSFIGURATION
en ATTIQUE (Grèce)
(MOINES)
3. Fermez la porte aux soucis.
Le « souci » pèse sur l’esprit, le cœur, toute l’âme. Il empoisonne l’existence. Quoi que vous ayez à faire, quelles que soient vos responsabilités matérielles et spirituelles, n’y engagez pas votre âme, et ne permettez jamais à l’inquiétude de la troubler. C’est manque de foi et de confiance en Dieu. Tout ce que vous avez à faire en religion, c’est Son œuvre à Lui. Faites généreusement ce que vous pouvez, sachant que le succès ne dépend que de Lui, non de vos habiletés. Si vous ne cherchez en rien votre propre gloire, vous vivrez dans une paix inaltérable, encore que vous ayez beaucoup à faire. Une seule chose est à craindre : le péché. Les voies de Dieu ne sont pas les nôtres. Jésus triomphe par l’échec. Rien de changé depuis vingt siècles. Soyez diligent, et corsez vos moyens : c’est la volonté de Dieu. Mais restez persuadé que rien n’aboutira que par Lui. S’Il ne le veut pas, acceptez l’insuccès ainsi que toutes ses conséquences humiliantes et désagréables. Alors, vous serez libre. Faire ce que Dieu veut : voilà ce qui importe. Non pas de réussir. C’est si apaisant de songer que le Père tient dans sa main, le monde et le cœur de tous les hommes. Tout arrive de ce qu’Il veut ; rien ne se fait qu’Il ne permette pas. Pourquoi vous agiter en de vaines appréhensions ? Mettez en oeuvre vos moyens, uniquement dans le temps utile. Refusez-vous d’y réfléchir dans le moment qui appartient à Dieu : prière, lecture, grand silence de Complies à Prime. Sinon, c’en est fait de la sérénité de votre âme.
SAINTS MOINES DE PALESTINE
Disciple de Saint Jean le Roumain
1913-1960
Contemplez le calme admirable de Jésus devant une tâche aux dimensions de la terre et de tout le genre humain. Il éclaire en peu de mots. Il sauve par l’immobilité et le silence de la Croix. Toute la prudence humaine n’infirmera pas Sa parole : « Quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tout à Moi. » Les Apôtres, les grands convertisseurs, les saints n’ont jamais sacrifié à l’empressement leur colloque avec Dieu. Ils confiaient tout à Sa Providence, et jamais ne doutaient de Lui. Les réalisations même temporelles des vrais contemplatifs sont étonnantes, autant que la stérile agitation des affaires. Le pur amour de Dieu est un filtre. Il expulsera de votre âme tout ce qui, non seulement lui est contraire, mais ce qui ne la nourrit pas. Il s’opposera à tout bruit capable de couvrir ou d’altérer Sa voix : « Dum medium silentium tenerent omnia, et nox in suo cursu medium iter haberet omnipotens sermo tuus, Domine de cœlis a regalibus sedibus venit » : « Tandis qu’un profond silence enveloppait toutes choses et que la nuit parvenait au milieu de sa course, Ta parole toute-puissante s’élança des cieux, du trône royal. » Dieu vient quand tout dort sur la terre, de ce qui est de la terre. Ne parlez pas de vous-même à vous-même. Les moments d’examen sont rares et brefs : quelques minutes à midi et le soir. Hors de là, ne pensez à vous, ni en bien, ni en mal, pour ne pas éveiller l’amour-propre, ni vous décourager. Quand vous songez à vous, votre image si grossière se substitue, dans le miroir de votre âme, à la très pure Beauté de Dieu. Trois choses en troublent la limpidité : évitez-les.
Archimandrite Séraphin abbé de la Laure de Mar Sabba (1909-2003) Archimandrite Théodosios, Père spirituel du Monastère de Moniales de Béthanie (1913-1991)
SAINT JEAN MAXIMOVITCH
1896-1966
(Père Antoine était dans le clergé)
Sainte Julienne de Pavilly 11/10 | Sainte Bertoaire de Savoie 04/12 | Sainte Rusticule d’Arles 11/08 | Sainte Mafflée de Remiremont 13/03 | Sainte Gertrude 07/11 | Sainte Théodechilde de Meaux 28/06 |
Sainte Hildemarque de Fécamp 25/10 | Sainte Vitalène de Riom 13/08 | Sainte Monegonde de Tours 02/07 | Sainte Aurée de Paris 04/10 | Sainte Opportune de Montreuil 22/05 | Sainte Césarie d’Arles 12/01 |
Sainte Sigolène de Troclar 24/07 | Sainte Fare d’Évoriacum 07/12 | Sainte Odile de Hohenberg 13/12 | Sainte Radegonde de Poitiers 13/08 | Sainte Geneviève de Paris 03/01 |
MONASTÈRE DE LA PRÉSENTATION DE MARIE AU TEMPLE à KÉRATÉA
(ATTIQUE, GRÈCE)
(MONIALES)