Le Dimanche de l’Aveugle-né est le sixième dimanche de Pâques. Ce jour est consacré dans les Églises d’Orient – Églises orthodoxes et Églises catholiques de rite byzantin – à la commémoration de la guérison de l’Aveugle-né par Jésus.
Cette icône fait référence au texte de l’évangile de Jean 9 (1-3) : En passant, il vit un homme aveugle de naissance. Ses disciples lui demandèrent : “Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ?” Jésus répondit : “Ni lui, ni ses parents n’ont péché, mais c’est afin que soient manifestées en lui les œuvres de Dieu.”
Il se pose la même question dans le livre de Job. Pourquoi le juste est-il frappé ? Ce qui est sûr c’est que les vues de Dieu sont bien au-delà de celles de l’homme qui ne peut sonder ses volontés divines et demander des comptes. La maladie peut être une épreuve providentielle pour faire grandir l’âme : même dans un sentiment d’abandon, le juste sera sauvé. Par la souffrance endurée et offerte, le Serviteur de Dieu prend sur lui les maladies et expie leurs fautes à l’image du Christ qui a porté nos souffrances et péchés jusqu’à son humiliation sur la croix, transpercé pour nous sauver.
SIXIÈME DIMANCHE DE PÂQUES
Dimanche de l’Aveugle-né
À LA LITURGIE
Lecture de l’Évangile selon saint Jean
(9, 1-38)
34
En ce temps-là, Jésus vit en passant un homme qui était aveugle de naissance. Ses disciples lui demandèrent : Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’aveugle il soit né ? Jésus répondit : Ni lui ni ses parents, mais c’est pour qu’en lui se manifestent les œuvres de Dieu. Tant qu’il fait jour, il me faut faire les oeuvres de celui qui m’a envoyé ; la nuit vient où nul ne peut travailler ; tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde ! Cela dit, il cracha à terre, fit de la boue avec sa salive, en enduisit les yeux de l’aveugle et lui dit : Va te laver à la piscine de Siloé, c’est-à-dire à la piscine de l’Envoyé. L’aveugle s’en alla, se lava, et il revint, voyant clair. Les voisins et les gens habitués à le voir mendier auparavant dirent alors : N’est-ce pas celui qui se tenait toujours là à mendier ? Les uns disaient : C’est lui. Les autres disaient : Non, mais il lui ressemble. Mais lui, il affirmait : C’est bien moi ! Ils lui dirent alors : Comment donc tes yeux se sont-ils ouverts ? Il répondit : Celui qu’on appelle Jésus a fait de la boue, m’en a enduit les yeux et m’a dit : Va te laver à Siloé ! Alors je suis parti, je me suis lavé et j’ai vu clair. Ils lui dirent : Où est-il ? Il répondit : Je ne sais !
On amène aux Pharisiens l’ancien aveugle. Or c’était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux. Les Pharisiens lui demandèrent donc à leur tour comment il avait recouvré la vue. Il leur dit : Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé et je vois. Certains des Pharisiens disaient : Cet homme ne vient pas de Dieu, puisqu’il n’observe pas le sabbat ; d’autres répliquaient : Comment un pécheur pourrait-il faire des miracles pareils ? Ils étaient divisés. Alors ils s’adressèrent encore une fois à l’aveugle : Et toi, que dis-tu de lui, de ce qu’il t’a ouvert les yeux ? L’homme répondit : C’est un prophète !
Cependant les Juifs ne voulurent pas croire que cet homme eût été aveugle et qu’il eût recouvré la vue, avant d’avoir convoqué ses parents ; ils leur demandèrent : Cet homme est-il bien votre fils, dont vous dites qu’il est né aveugle ? Comment se fait-il qu’il voit maintenant ? Ses parents répondirent : Nous savons que c’est notre fils et qu’il est né aveugle ; mais comment il y voit maintenant et qui lui a ouvert les yeux, nous n’en savons rien ; interrogez-le: il est assez grand pour s’expliquer ! C’est par crainte des Juifs que ses parents parlèrent ainsi ; car les Juifs s’étaient déjà mis d’accord pour exclure de la synagogue quiconque reconnaîtrait Jésus pour le Christ. C’est pour cette raison que ses parents avaient dit : Il est assez grand, interrogez-le !
Les Juifs le convoquèrent donc une seconde fois et lui dirent : Rends gloire à Dieu ! Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur. Il répondit : Si c’est un pécheur, je ne sais ; ce que je sais, c’est que j’étais aveugle et qu’à présent j’y vois ! Ils lui dirent alors : Comment a-t-il fait pour t’ouvrir les yeux ? Il leur répondit : Je vous l’ai déjà dit, et vous ne m’avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous l’entendre une seconde fois ? Auriez-vous envie de devenir ses disciples, vous aussi ? Ils l’accablèrent d’injures, disant : Toi, tu es disciple de cet homme ; nous, c’est de Moïse que nous sommes les disciples. Moïse, nous savons que Dieu lui a parlé ; mais lui, nous ne savons pas d’où il est. L’homme leur répondit : C’est là justement la chose étonnante, que vous ne sachiez pas d’où il est, alors qu’il m’a ouvert les yeux. Nous savons bien que Dieu n’exauce pas les pécheurs, mais que, si un homme l’honore et accomplit sa volonté, celui-là, il l’exauce. Jamais on n’a ouï dire que quelqu’un ait ouvert les yeux à un aveugle de naissance. Si cet homme-là ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire ! Ils lui répondirent : De naissance tu n’es que péché et tu nous fais la leçon ! Et ils le chassèrent au-dehors.
Jésus apprit qu’ils l’avaient chassé. Le rencontrant, il lui dit : Crois-tu au Fils de Dieu ? Il lui répondit : Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? Jésus lui dit : Tu le vois, c’est lui qui te parle. Alors il dit : Je crois, Seigneur, et il se prosterna devant lui.
Interprétation
Pour saint Ambroise, Jésus est la lumière du monde. Il amène cette lumière au sein de la boue avec laquelle il guérit l’aveugle, cette même boue dont se sert son Père afin de créer l’Homme dans le livre de la Genèse. Le Christ envoie l’aveugle se laver car c’est le signe du baptême, cérémonie par laquelle Dieu donne sa lumière à l’humain qui l’a demandée1. Comme Jésus a dit “Lève-toi et marche” au paralytique, comme il a ressuscité Lazare, il donne la vue aux aveugles.
Selon le docteur de l’Église Jean Chrysostome, ce miracle reflète bel et bien que Jésus est le Fils de Dieu, mais aussi son égal. L’archevêque dit aussi qu’il faut suivre les voies de Dieu pour construire sa vie, en fait les vertus cardinales et théologales.
Le sens de ce dimanche dans le Pentecostaire
Le thème de l’eau baptismale est partout présent dans le Pentecostaire. Il est présent aussi dans la symbolique de cette fête : Jésus envoie l’homme laver la boue qu’il a déposé sur ses yeux au bassin de Siloam. (Le terme siloam est souvent compris comme « envoyé », d’où l’on interprète que la guérison de l’aveugle serait la récompense de son obéissance à Jésus.)
Le miracle de l’Aveugle-né (traditionnellement appelé Celidonius) est remarquable d’un double point de vue : tout d’abord, bien qu’il y ait de nombreux aveugles guéris tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament, cet épisode est le seul où un aveugle-né voit pour la première fois ; bien que rien ne l’indique dans le texte biblique, le Pentecostaire suit la tradition selon laquelle l’homme était né aveugle et sans yeux. Lorsque Jésus fait de la boue avec sa salive et de la terre pour donner des yeux à l’aveugle, il réitère l’acte de création de l’homme, moulé par Dieu dans l’argile (Genèse 2:7). Selon l’interprétation chrétienne traditionnelle, le Salut accordé par Jésus à ses disciples est une nouvelle création (Paul, Cor. 5:17).
Le second aspect remarquable du miracle est que, non seulement, Jésus donne à l’homme la vue physiquement, mais aussi spirituellement. Dans la controverse théologique de l’Aveugle avec les Pharisiens qui suit le miracle, l’aveugle défend son opinion comme s’il avait étudié et reçu l’enseignement de la foi.
Les trois dimanches du Paralytique, de la Samaritaine et de l’Aveugle-né renvoient au baptême, chacun illustrant de façon différente un aspect de ce sacrement.